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Kurdes : et comme dans Le Train sifflera trois fois, le shérif fatigué jeta son étoile...
©Capture d'écran /// Première

Game over

L'Amérique est un grand pays. Il lui arrive d'être petite.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Un jour en 1972, sous la présidence de Richard Nixon, les États-Unis abandonnèrent les Sud-Vietnamiens. Pendant des années, les GIs s'étaient battus contre le Nord Viêt Nam et le Việt Cộng communistes. Ils avaient entraîné et armé les armées sud-vietnamiennes et des officiers américains encadraient des supplétifs dévoués.

Il fallut jeter l'éponge. Cette guerre était devenue impopulaire dans l'opinion américaine. Par dizaines de milliers, des étudiants manifestaient contre cette sale guerre : Hồ Chí Minh était grand, Nixon un assassin. Les Américains prirent le large, laissant leurs supplétifs se faire massacrer comme nous le fîmes avec les harkis en quittant l'Algérie.

En 2019, l'histoire bégaye. Les Américains abandonnent les Kurdes de Syrie face aux Turcs. L'Amérique d'aujourd'hui ne veut pas que ses GIs meurent. Rien à voir pourtant avec 1972. Aucun mouvement de solidarité en faveur des Kurdes n’enflamme les universités américaines.

Tout est dit dans Le Train sifflera trois fois. Le shérif, Gary Cooper, est las de faire régner l'ordre dans sa ville avec son Colt. Il rêve d'ouvrir un magasin. Pourtant, dans un sursaut d'orgueil, il se battra seul – aucun de ses concitoyens ne voulant l'aider - contre quatre hommes venus pour le tuer.

Il aura raison d'eux. La ville, lâche et couarde, viendra l'acclamer. Dégoûté, il arrachera son étoile et la jettera au sol. L'Amérique de Trump connaît des heures boutiquières. Gendarme du monde c'est coûteux en vies et en dollars. La tentation isolationniste ne l'a jamais quittée. Trump, toute honte bue, est, hélas, en phase avec son opinion publique.

Les Européens couinent un peu contre les Turcs. Un peu seulement. Et ne ménagent pas Trump. Mais où étaient-ils quand il s'agissait de risquer la vie de leurs soldats aux côtés des Kurdes contre Daesh ?

L'aveu de cette impuissance, de cette lâcheté, qui rivalise bien avec la lâcheté américaine, est sorti de la bouche de Sibeth Ndiaye.

La porte-parole du gouvernement a suggéré à Erdoğan de « terminer » au plus vite son opération militaire. Elle a dit « terminer », pas « arrêter » ou « stopper ». Cette phrase est affligeante. Erdoğan « terminera » son opération dès qu'il aura massacré un nombre suffisant de Kurdes..

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