JMJ 2023 : qui sont les jeunes catholiques français partis à Lisbonne ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Antonio Costa devant la scène principale du site des Journées Mondiales de la Jeunesse où le Pape François célébrera la messe de clôture.
Antonio Costa devant la scène principale du site des Journées Mondiales de la Jeunesse où le Pape François célébrera la messe de clôture.
©PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP

Journées mondiales de la jeunesse

Et que nous disent-ils de l’état de l’Eglise en France ?

Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé, historien, spécialiste de l’histoire du christianisme. Il est rédacteur dans la revue de géopolitique Conflits. Dernier ouvrage paru Géopolitique du Vatican (PUF), où il analyse l'influence de la diplomatie pontificale et élabore une réflexion sur la notion de puissance.

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Atlantico : Du 1er au 6 août, un million de catholiques venus du monde entier se rassembleront dans la capitale portugaise autour du pape François pour les Journées mondiales de la jeunesse. Que sait-on du profil des jeunes catholiques français qui font le déplacement ?

Jean-Baptiste Noé : La spécificité des JMJ est de réunir toutes les familles spirituelles de l’Église en France. C’est un moment spirituel et festif qui transcende les courants et les divergences de l’Église. Cela tient à la variété des organisateurs : paroisses, aumôneries d’universités et de grandes écoles, associations, toutes les structures de jeunesse se mobilisent pour organiser les JMJ et y conduire des groupes de jeunes.

Cela témoigne du succès de ce format qui a été créé en 1984 et qui concerne désormais une troisième génération de catholiques. Le fait que ce soit un événement international compte beaucoup pour dénationaliser la rencontre et lui retirer les scories des querelles propres à chaque pays. Son espacement dans le temps, environ tous les 5 / 6 ans en Europe, contribue à en faire un événement exceptionnel. L’Église a réussi à créer un grand mouvement international de jeunes, qui associe moments de prière et moments de fête. Elle est la seule organisation à pouvoir réunir autant de jeunes Européens. Ils étaient 2 millions à Madrid (2011) et 3,5 millions à Cracovie (2016) et ils seront probablement au moins deux millions à Lisbonne, dont plus de 40 000 Français. 

Quelles sont les spécificités des Journées mondiales de la jeunesse par rapport à d’autres événements catholiques ?

Jean-Baptiste Noé : La dimension internationale. C’est un moment unique où se retrouvent toutes les nationalités de l’Église dans une ville donnée. Pour la France, c’est aussi le seul événement qui transcende les disparités sociales et géographiques. On y retrouve ainsi des jeunes catholiques issues des métropoles et d’autres de diocèses plus modestes et ruraux. La mobilisation est totale, même si certaines paroisses envoient très peu de monde. Mais l’effet de mobilisation est toujours présent, 40 ans après leur création. 

C’est également un événement qui dépasse les habituels clivages spirituels : on y retrouve tant des jeunes de sensibilité traditionnelle que charismatique. Ils ne vont pas forcément se côtoyer aux JMJ, mais ils seront présents. 

Sans oublier un nombre important de jeunes qui ne sont pas ou peu catholiques, mais qui viennent, invités par des amis ou portés par des groupes. Les JMJ sont aussi un puissant facteur de conversion.   

Dans quelle mesure les jeunes catholiques qui se rendent à Lisbonne se distinguent-ils d’autres catholiques d’une part et d’autres jeunes de manière générale d’autre part ? 

Jean-Baptiste Noé : Pour les catholiques, la différence est générationnelle : ce sont essentiellement des 18-28 ans qui s’y rendent puisque l’événement leur est consacré. Le fait que ce soit la troisième génération de catholiques permet désormais un véritable échange entre eux et leurs parents, voire leurs grands-parents. Les JMJ deviennent une expérience partagée entre les générations, chacune ayant eux « ses » JMJ, Rome en 1984 ou 2000, Paris en 1997, Saint-Jacques-de-Compostelle en 1989. 

Par rapport aux autres jeunes de leur âge, la question spirituelle est évidemment différenciante. Les JMJ sont certes des journées festives, mais ce sont avant tout des moments de foi et de prière. Pour ces jeunes, se retrouver avec autant de personnes de leur âge, dans une société que l’on dit en déclin et en perte de foi, est un puissant motif d’espérance et de consolidation. Les JMJ ayant lieu l’été, durant les grandes vacances, c’est aussi un sujet de discussion en amont et à la rentrée avec leurs camarades. 

Les JMJ deviennent un moment de fierté collective pour une jeunesse catholique qui est souvent passé sous les radars. 

Peut-on voir une évolution idéologique dans la foi de ces jeunes, par rapport à leurs aînés ?

Jean-Baptiste Noé : Du fait de leur universalisme sociologique, les JMJ ont moins de charges idéologiques que d’autres rencontres catholiques. Mais il est notable de constater que la dimension spirituelle demeure omniprésente alors que beaucoup de critiques pensaient, dans les années 1990, que l’aspect festif allait l’emporter sur l’aspect spirituel. Ces jeunes sont en demande de temps d’enseignement et de formation et d’accès aux sacrements, notamment la confession. L’événement central restant la messe avec le pape, qui clôture l’événement. 

Existe-t-il, parmi ces jeunes, une demande pour un certain renouveau, comme une demande de tradition plus que d’Église progressiste ? 

Jean-Baptiste Noé : Indubitablement. En France, les JMJ sont beaucoup moins critiquées aujourd'hui que sous Jean-Paul II, les progressistes reprochant à ces journées d’être trop spirituelles et pas assez sociales. Quelques critiques émanent encore de la génération progressiste, mais celle-ci est en train de passer. 



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