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Interdire le survol de la Libye ?
Politiquement et militairement délicat
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Edito

Empêcher les avions de Kadhafi de bombarder sa population est une idée séduisante sur le papier mais difficile sinon impossible à mettre en oeuvre.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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Face à la crise libyenne, les gouvernements occidentaux sont dans l'impasse. Leur ancien inquiétant et turbulent allié est redevenu incontrôlable et bombarde ses opposants. Mais à part des sanctions morales et financières gelant les avoirs extérieurs de Kadhafi, les Occidentaux semblent condamnés à l'impuissance sous le regard choqué de leur opinion publique informée heure par heure par les nombreux envoyés spéciaux qui ont réussi à entrer dans un pays fermé aux journalistes au début de la crise.

Ayant compris qu'une intervention terrestre serait aussi mal reçue dans le monde arabe qu'en Libye, certains considèrent qu'interdire le survol du territoire Libye serait une bonne option, une mesure à minima empêchant les forces aériennes libyennes aux ordres de Kadhafi de bombarder les zones rebelles et/ou sa population.

Aux USA, cette « No Fly Zone », quelques fois présentée comme peu risquée et facile à mettre en oeuvre est soutenue par des démocrates comme John Kerry,  et des républicains comme John McCain. En France, on a entendu l'ancien ministre de la Défense PS, Paul Quiles, en Grande Bretagne, le Premier ministre David Cameron est aussi pour. Politiquement risquée face au monde arabe, échaudé par l'invasion de l'Irak, une telle intervention nécessiterait d’abord un accord du Congrès américain. Sans oublier celui du conseil de sécurité des Nations Unies : la Russie s’y opposera, et l’Inde membre provisoire a déjà dit non.

De plus, contrôler l'espace aérien libyen serait techniquement une opération délicate.  Les moyens navals américains actuellement déployés à proximité (force amphibie) ne sont pas adaptés à cette mission, il faudrait la participation des pays européens membres de l'Otan. La Turquie en fait partie, elle a dit non. C’est un acte de guerre, qui commencerait par des bombardements pour éliminer la majeure partie des défenses aériennes libyennes, avec risques de bavures, et de sursaut nationaliste venant renforcer Kadhafi. De plus, la Libye n'est pas un petit pays avec ses 1,7 million de km2, même si c'est principalement la zone côtière qui est le véritable enjeu, avec les grandes villes qui s'y trouvent. Et enfin le système de défense sol-air fourni par les Russes pourrait faire des dégâts sur les avions alliés.

Sauf unanimité improbable, les Occidentaux semblent réduits à apporter une assistance humanitaire aux frontières libyennes pour rapatrier ceux qui fuient le pays. Tout en surveillant avec inquiétude la hausse des prix du pétrole qui menace leurs économies, et le chaos qui peut permettre à des groupes terroristes d’accéder à des dépôts d’armes mal protégés alors que les affrontements actuels à l’issue improbable risquent de durer, l’opposition libyenne étant morcelée et non coordonnée. Seul espoir : que Kadhafi quitte le pouvoir aussi vite que Ben Ali ou Moubarak, un cadeau qu’il ne semble pas prêt à faire.

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