Grève des clubs de foot sur les 75% : ce qui se cache derrière leur stratégie<!-- --> | Atlantico.fr
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Les dirigeants des clubs de foot menacent de boycotter la 11ème journée du championnat de France.
Les dirigeants des clubs de foot menacent de boycotter la 11ème journée du championnat de France.
©Flickr

Coup de sifflet

Les dirigeants des clubs de foot menacent de boycotter la 11ème journée du championnat de France pour faire reculer le gouvernement sur la taxe à 75% qu'ils jugent "confiscatoire". Une stratégie dangereuse bien que justifiée qui pourrait ne pas trouver de soutien populaire.

Daniel Riolo

Daniel Riolo

Daniel Riolo est journaliste sportif et écrivain.

Il est chroniqueur dans l'After Foot sur RMC et blogueur sur le site internet de RMC Sport.

Il est notamment l'auteur de OM-PSG, PSG-OM les meilleurs ennemis : Enquête sur une rivalité  (Mango Sport 2005)

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Atlantico : Les clubs de foot menacent de boycotter la 11ème journée du championnat pour protester contre la taxe à 75%. Un calcul se cache-t-il derrière de telles annonces des dirigeants ? Qu’espèrent-ils vraiment ?

Daniel Riolo : Je ne suis pas sûr qu’il y ait derrière ces déclarations autre chose qu’un consensus parmi les présidents de clubs sur le fait que cette mesure n’a rien de bon, qu’il s’agit d’une fausse bonne idée qui va avoir de très lourdes conséquences pour certains clubs. Il s’agit donc avant tout d’une véritable menace qui pourrait être mise à exécution pour faire tomber cette mesure. C’est une vraie contestation qui selon moi ne relève pas tant du calcul que de la conviction d’une nécessité.

Je ne sais pas si les dirigeants des clubs iront jusqu’au bout mais puisqu’il y a déjà un plafond à 5% qui a été mis en place en fonction du chiffre d’affaires des clubs, peut-être espèrent-ils avoir totalement la peau de cette taxe. Ces menaces de grève sont donc le signe d’une logique un peu "jusqueboutiste" dans laquelle semble engagés avec ferveur les dirigeants de clubs.

Pour en savoir plus lire aussi : Les Français pris en otage par leurs élites sont-ils en train de relever la tête ?

Un soutien populaire à cette grève est-il envisageable ? Les Français vont-ils vraiment s’émouvoir d’une taxation sur des entreprises qui apparaissent, à juste titre ou pas, comme très riches ?

La question est de savoir si lorsque l’on fait une grève pour une raison à laquelle on croit, on se soucie de l’opinion de ce qui ne sont pas directement concernés, ou pas. Par ailleurs, les Français peuvent peut-être comprendre que cette mesure n’a aucun intérêt puisque son but initial qui consistait à faire payer les riches n’a plus vraiment de sens. Les plafonds mis en place vont même finalement faire économiser de l’argent aux clubs très riches comme le PSG. Il n’y a que les « petits » clubs que cette mesure va faire souffrir…

Pour les Français qui ne s’intéressent pas au foot, il est évident qu’aucun soutien populaire n’est à espérer au sens où la situation ne peut leur apparaître que comme celle de privilégiés qui se plaignent. Cependant, les clubs sont des entreprises qui génèrent de nombreux emplois et de l’activité économique et à n’en pas douter une telle mesure pourrait détruire des emplois, des partenariats commerciaux etc., ce qui dans une certaine mesure pourrait susciter de la colère.

Du côté des supporters, il n’est pas très probable non plus qu’une contestation organisée prenne forme, le stade a tendance à diluer les opinions politiques. Même un supporter de gauche « deviendra de droite » si la taxe à 75% empêche le club qu’il suit avec passion d’acheter un nouveau joueur qui lui aurait permis des victoires supplémentaires. Ils pourraient s’organiser en soutien aux présidents des clubs mais c’est une chose peu probable et peu courante que ces deux "parties" du club ne s’unissent. Il n’y a pour l’instant que peu, voire pas du tout de banderoles à ce propos ni trop de réactions sur Internet, aucun mouvement social de fond derrière.

Le foot est-il une cible idéale, notamment à cause de son image, pour que le gouvernement puisse ne pas abandonner complètement cette taxe phare de la campagne de François Hollande ?

Oui de toute évidence, s’il y a bien des gens qui peuvent apparaître comme ceux qui doivent payer ce sont les « footeux » au sens large du terme, clubs, joueurs, dirigeants. J’entends déjà les « c’est là qu’est l’argent, quoi de plus normal que de les faire payer ? ! ». L’image n’arrange évidemment rien.

Les grèves de ce type qui ont touché les ligues sportives américaines, notamment la NBA, se sont soldées par une baisse de la fréquentation des stades. Les cas sont-ils comparables ? Une telle conséquence est-elle imaginable si la grève prenait effet ?

Honnêtement, il me semble difficile de prévoir jusqu’où peuvent aller les choses et je crois que je ne suis pas le seul dans cette situation. Nous sommes un peu spectateurs d’un bras de fer dont personne ne sait jusqu’où il va durer. Les présidents de clubs pourraient aller très loin à la condition de se mettre d’accord, habituellement ils en sont incapables mais pour un sujet comme celui-là il me semble qu’ils peuvent y arriver ! Il n’y a pas de présidents de club de gauche ! Même Aulas qui est très proche de Gérard Collomb est un cas particulier tant Collomb est un socialiste particulier. Il n’y a pas de vrai motif politique, il n’y a que du business, ils sont des patrons et ils veulent se défendre jusqu’au bout.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Bonaventure

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