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Franck Riester : "Je ne suis pas sûr qu’il y ait tant de Français de droite que ça qui aient envie de rester chez LR"
©JOEL SAGET / AFP

Interview politique

Franck Riester, très critique de la ligne "identitaire, eurosceptique et protestataire" maintenue par son ancien parti Les Républicains sous la présidence de Laurent Wauquiez veut faire de son parti, Agir, qu'il a lancé avec 18 autres déçus, l'héritier plein et entier de l'UMP.

Atlantico : À votre avis, pourquoi y a-t-il autant de partis au centre-droit en France pour se partager un bassin d’électeurs qui n’est pas extensible à l’infini et déjà largement ratissé par LREM pour ce qui relève de la nouvelle politique ou par le Modem ou l'UDI pour les traditionnels enracinements dans les régions démocrates-chrétiennes ?

Franck Riester : Écoutez, il y a en ce moment une recomposition politique importante suite à l'élection d'Emmanuel Macron. Mais on voit bien que pour autant persiste un clivage gauche-droite. A droite, il y a un parti, Les Républicains, qui est de plus en plus dans une dérive droitière, tant il emploie de plus en plus et le vocabulaire et les idées de la droite extrême. C'est une droite identitaire, eurosceptique, ultraconservatrice. Pour autant, il y a des gens qui se sentent de droite, mais d'une droite héritière de l'UMP, héritière de ce qu'avait voulu créer les pères fondateurs de l'UMP : une droite libérale, sociale, européenne, réformiste, humaniste. Une droite qui a compris qu'en 2017, il s'était passé quelque chose de différent et qu'il fallait parfois, en conformité avec son héritage gaulliste, dépasser les clivages politiques et essayer de travailler à l'intérêt général du pays. Une droite qui a compris qu'il fallait faire en sorte que les Français voient la différence, pour que ce quinquennat soit une réussite pour la France.

C'est pour cela que nous sommes dans une démarche constructive. Nous ne sommes pas au centre, nous sommes à droite. Mais une droite fidèle à ses principes fondateurs proposés par les pères fondateurs de l'UMP en 2002.

Vous vous êtes largement expliqué sur les raisons qui vous ont poussé à créer Agir, beaucoup de considérations stratégiques y président mais comment expliquer que le centre droit soit incapable de s’unir ? On a l’impression qu’il y a des différences de sensibilité mais pas des différences de vision profonde. Est-ce qu’en creux cela montre que LREM est un peu vide de véritable contenu idéologique susceptible de rassembler largement au-delà de ce qu’incarne pour le coup très fortement le président de la République ? L’UDI ou le Modem sont-ils aussi des astres morts en matière de doctrine ?

Tout d'abord est-ce que LREM est vraiment un parti de centre-droit ? Il y a beaucoup de gens qui sont issus de la gauche. C'est un parti propre au Président, fait de ceux qui, dès le départ, ont voulu accompagner la candidature d'Emmanuel Macron. Dont acte. Mais pour autant tout le monde n'est pas obligé de se mélanger dans un seul parti. Nous considérons que nous avons le devoir, dans le paysage français de s'assurer que nos idées soient bien défendues.

Et encore une fois :  nous sommes au cœur de la droite historique et traditionnelle. Ce sont les LR qui dérivent vers la droite extrême. Nous sommes vraiment de droite, pas du centre, et ce même s'il y a, au sein d'Agir, des personnalités qui se définissent comme de centre-droit.

La période de recomposition que nous connaissons ne fait que commencer. Nous verrons bien comment les choses se passeront. Mais il me semble qu'il est très important, dans ces périodes de recomposition, d'avoir de la clarté politique ; de savoir quelles sont nos idées, quel est notre positionnement. Nous sommes clairs sur nos idées : libéral, réformiste, européen, social, humaniste. Notre parti est déterminé à présenter des candidats, à participer au débat public quand il y a de l'actualité, à contribuer au débat au Parlement quand des réformes sont proposées par le gouvernement. Et bien sur à préparer les élections, notamment européennes. Nous sommes différents sur ce point de mouvement d'idées tel que La Manufacture ou Libres ! car nous sommes un parti politique à part entière, au cœur de la ligne historique de ce qu'était l'UMP. Nous travaillons toujours avec nos partenaires du centre de l'UDI, notamment dans notre groupe à l'Assemblée. Et nous serons, pourquoi pas, prêts à travailler avec nos alliés du Modem ou de LREM qui font partie de la majorité dans le cadre des européennes. Mais nous sommes déterminés pour autant à accueillir tous celles et ceux qui se sentent de droite mais qui rejettent la dérive droitière de Laurent Wauquiez, son penchant à s'opposer systématiquement, à être toujours dans l'excès et l'indécence.

Nous sommes prêts à soutenir le gouvernement quand nécessaire dans ces réformes – il ne faut pas oublier qu'Edouard Philippe, le Premier ministre, vient de nos rangs. Mais pour autant nous avons notre liberté à nous opposer, à faire des propositions supplémentaires. Nous nous sommes déjà opposés à l'augmentation de la CSG. Nous pensons que la priorité actuelle pour la droite est de défendre aujourd'hui le régalien. Je sais que c'est une priorité du gouvernement. Mais je pense qu'on peut aller encore plus loin, notamment en matière de justice. Et nous sommes attachés à ce qu'en matière économique, la liberté d'entreprendre, l'amenuisement des contraintes sur les entreprises, sur les start-ups, soient défendus. Voilà ce que sera notre leitmotiv dans les semaines, les mois et les années qui viennent.  

Vous souhaitez une droite moderne et modérée, concrètement que signifient ces mots en 2018. Les conservateurs pourraient vous demander s’il s’agit d’être dans l’air du temps et d’accompagner toutes les évolutions de la société quelles qu’elles soient ? Quelles sont les valeurs que vous considérez comme modernes et celles anciennes qu’il faudrait malgré tout défendre ?

Nous regardons la société telle qu'elle est. Pas la société d'avant 1968 ou le monde d'avant la chute du Mur de Berlin. Il faut regarder le monde tel qu'il est : il a changé ! La société française d'aujourd'hui n'est pas la société française d'il y a 50 ans. Il faut donc faire en sorte d'apporter des réponses qui soient adaptées à ce nouveau monde.

Ce qui ne veut pas dire, en tant que droite, attaché à la responsabilité individuelle, au travail, à ce que l'autorité de l'État soit davantage rétablie, des valeurs de droite qui demeurent importantes et que nous comptons défendre dans un monde qui a changé. Nous n'avons pas un discours identitaire. Nous ne disons pas que "la France est un pays de race blanche", ce que Nadine Morano continue à faire. Pour nous, la France, c'est une idée. La France, c'est une histoire. La France c'est des valeurs. Et ce n'est certainement pas une race.  

Cela montre une vraie différence dans l'approche de ces valeurs de droite dans un monde nouveau.

Un sondage réalisé cette semaine montre que les Français considèrent qu’il serait possible de faire plus contre le terrorisme tout en pensant que personne ne ferait mieux que le gouvernement actuel. Comment lutter contre le sentiment de relative impuissance politique qu’ils expriment ainsi ?

D'abord en étant à la hauteur de la situation et en ne tombant pas dans l'indécence de Laurent Wauquiez qui accuse le Président de la République d'une naïveté coupable ou d'un Geoffroy Didier qui explique que l'attentat aurait pu être évité. Heureusement, au sein des Républicains, il y en a qui ont une conscience de la nécessité d'être responsable dans ces moments-là, une conscience beaucoup plus forte que quelques-uns qui sont à la tête de LR et qui se perdent dans des propositions de rétentions administratives préventives ou autres. Ces propositions jusqu'au-boutistes n'ont pas beaucoup de sens tout d'abord parce qu'elles ne sont pas opérationnelles politiquement et juridiquement. Il faut donc ne pas être dans le procès d'intention et faire des propositions concrètes qui ne se contentent pas de jouer sur les peurs.

Deuxièmement, il faut continuer d'accompagner et d'améliorer le dispositif de lutte contre ce terrorisme islamiste, qui, lui aussi, a des visages et des "concrétisations" différentes. Entre un commando organisé, comme on pu le voir lors de l'attaque du Bataclan, et une personne qui a été radicalisée mais ne donne plus de signaux forts d'un potentiel passage à l'acte et qui d'un seul coup prend en otage des gens dans un supermarché, évidemment la réponse tout comme la prévention ne peut pas être la même. Nous-mêmes, avons, à l'initiative de Pierre Morel-à-l'Huissier, député d'Agir, demandé pour le compte de notre groupe à l'Assemblée nationale une mission d'information sur la gestion des fichiers, sur le croisement des différents fichiers de suivi et de renseignement. Nous voulons savoir comment les différents acteurs accèdent à cette information. Demande acceptée par la Commission des Lois à l'Assemblée nationale. Nous allons donc pouvoir observer comment nous, parlementaires, pouvons améliorer à travers un certain nombre de propositions le fonctionnement des fichiers. C'est ce genre d'approche qui peut faire avancer les choses : une approche multi partisane, puisqu'évidemment dans ce genre d'enquête participent des membres de différentes mouvances politiques, afin de regarder concrètement comment améliorer le système. Il faut donc pas être dans l'unité nationale, mais en même temps ne pas faire de procès d'intention au pouvoir. Enfin, il faut travailler en responsabilité afin de faire des propositions qui soient opérationnelles et pas démagogiques.

L’unité nationale a beaucoup été évoquée cette semaine mais n’est-elle pas devenue une forme de fiction lorsqu’on voit certains habitants de la cité d’où était originaire le terroriste de Carcassonne insulter les gendarmes et crier leur soutien au tueur ? Lorsqu’un candidat de LFI se réjouit de la mort du Colonel Beltrame ou une militante végane de celle du boucher du Super U. Lorsque la marche blanche en mémoire de Mireille Knoll génère des polémiques ou que ce week-end au congrès de l’UOIF se tient un stand FreeTariqRamadan. Tous ces gens ne feraient donc pas partie de la France d’aujourd’hui ?

Si, mais ce dont a justement besoin, quand on a des responsabilités politiques, c'est de ne pas tomber là-dedans. Il faut lutter justement contre ces tentations de mettre de l'huile sur le feu, surtout qu'on voit bien que la situation peut dégénérer. Il y a évidemment des tensions. Le but des terroristes est justement de diviser les Français. Notre rôle doit être de lutter contre ça.

Le représentant de la France Insoumise est déféré devant la justice, tout comme l'est la militante végane. Il est normal qu'il y ait une réaction de l'État, de la justice, de la communauté, de l'opinion publique pour réagir à cette désunion. J'étais à la marche blanche pour Mireille Knoll à Paris. Et je crois qu'il faut dans ces moments-là ne pas rajouter de la tension à la tension. Il est dommage qu'un certain nombre de militants rajoutent de la tension pour protester contre la présence par exemple de la France Insoumise.  Il faut apaiser dans ces moments-là. Et tous ceux qui souhaitent participer à ces manifestations sont les bienvenus. Même si on sait que quand on a des propositions et des paroles provocatrices, on s'expose à des réactions.

J'en reviens à mon propos de départ : quand on a une responsabilité politique, il ne faut pas rajouter de l'huile sur le feu. Il ne faut pas provoquer. Il ne faut pas faire de procès d'intention. Car oui, il y a bien-sûr des tensions. Mais c'est en étant, nous, responsables politiques, déterminés à contribuer au débat d'idées, mais aussi apaisés, qu'on arrivera à apaiser la société et à faire en sorte que ce genre de situations ne se reproduisent pas.

Comment reconstruire le vivre ensemble dans une société de plus en plus atomisée ?

Il ne faut pas rajouter de tension à la société. Au contraire, il faut aider les gens. Je pense que cela passe par davantage d'efficacité dans la justice, par une amélioration des outils régaliens de notre pays. Cela passe aussi par davantage de reconnaissance des différences dans notre société. Nous ne sommes pas une société complètement une, il y a des différences, les gens ont des philosophies différentes, il y a des athées, il y a des croyants, il y en a qui ont une histoire personnelle parce qu'ils sont issus de telle ou telle immigration. C'est une multitude d'histoires, une multitude de différences qu'il nous faut reconnaitre. Et ce pour faire en sorte que chaque citoyen se reconnaisse comme un citoyen à part entière.

Notre République a aujourd'hui un problème avec la différence. Il faut absolument retisser les liens, redonner confiance à chaque citoyen dans la capacité de la République de le reconnaître comme tel et à part entière. Et en étant très clair sur les valeurs communes de notre République qui sont la liberté, l'égalité, la fraternité, la laïcité. Cet équilibre est très difficile à défendre, surtout quand on est attaqué par des terroristes.

Mais c'est là notre responsabilité d'élu.

Le mouvement de grève à la SNCF débute ce lundi soir. Anticipez-vous un mouvement dur ?

On verra bien. Ce qui est certain, c'est qu'il faut absolument réformer la SNCF. Le coût chaque année est exorbitant pour le pays. Et, pour beaucoup de nos compatriotes, il n'est pas à la hauteur de ce qu'on peut attendre, notamment dans nos transports au quotidien. Il est donc vraiment nécessaire de se donner des moyens, d'ouvrir à la concurrence comme cela nous ai demandé par la législation européenne.

Le but est d'avoir un dispositif qui permette d'offrir une meilleure qualité du service à coût beaucoup plus raisonnable pour la collectivité. C'est tout l'enjeu de la réforme. Et je pense que notre groupe a des propositions de travail complémentaires à ce que va proposer le gouvernement. Et je suis déterminé à accompagner le gouvernement dans cette réforme. On a besoin de la faire, c'est très important. Et l'approche du gouvernement qui consiste à dire que ce seront les nouveaux entrants qui auront uniquement un statut nouveau est à mon avis de nature à apaiser les tensions.

Serez-vous prêt à vous allier avec LREM pour les Européennes ? Le discours du président de la République sur l’Europe affiche une ambition à laquelle on peut souscrire mais cette vision vous semble-t-elle réaliste au regard de la situation politique européenne et des résultats électoraux dans différents États comme l’Italie ou l’Autriche par exemple. Après son discours de La Sorbonne, 8 pays d’Europe du Nord avaient déjà répondu qu’ils ne validaient pas la vision d’Emmanuel Macron…

Tout d'abord, il faut absolument moderniser le fonctionnement de l'Europe, et la rendre plus efficaces sur un certain nombre de secteurs d'intervention où nous serons plus forts s'ils sont gérés au niveau européen qu'à l'échelon national. Je pense par exemple à la gestion de l'immigration clandestine. On a besoin de renforce la politique de gestion de l'immigration aux frontières de l'Europe en se dotant de moyens nouveaux. A travers cet exemple, ma conviction est que de manière générale, sur un certain nombre de sujets, la France sera plus forte avec une Europe plus forte. La réponse n'est donc pas moins d'Europe mais plus d'Europe, plus d'intégration européenne.

Après on va travailler : nous sommes en train de bâtir notre projet et nous en parlerons avec d'éventuels partenaires, avec lesquels on pourrait se présenter à l'élection européenne. Pourquoi ? Parce qu'on pense qu'à partir du moment où on a la même philosophie, et ce même si on a des sensibilités différentes, se regrouper pour porter ce message de rénovation des institutions européennes, d'amélioration des politiques européennes existantes pour plus d'efficacité au service de nos compatriotes, les Français seront plus entendus au Parlement européen.

On participera à renforcer l'exécutif dans sa volonté de moderniser les institutions européennes. Nous discuterons avec les autres partis qui sont dans cette philosophie-là, l'UDI évidemment, LREM, le Modem, éventuellement le Parti Radical. Nous commençons à travailler avec eux à cette unité centrale dont Alain Juppé avait eu l'idée pour qu'en Europe, nous les députés français, nous puissions peser le plus possible.

On voit bien à côté de cela des partis eurosceptiques, qui ont des visions très différentes avec un marqueur commun qui est "moins d'Europe demain". C'est LR, c'est Les Patriotes, c'est Debout la France, le Front National, la France Insoumise, le Parti Communiste. Nous pensons que celles et ceux qui ont envie de davantage d'Europe en sachant que plus il y aura d'Union européenne, plus la France sera forte, doivent se rassembler lors des élections européennes.

Au regard de l’enlisement européen actuel, une vraie ambition européenne ne devrait-elle pas passer par un changement complet de stratégie ? Moins d’unification économique, plus d’unification politique par exemple ?

En matière économique, il y a pourtant des choses à faire : en matière de politique industrielle, en matière d'organisation de filières afin de bâtir des entreprises capables de concurrencer leurs équivalents chinois, américains, brésiliens, indiens etc. Donc au contraire, je pense qu'en matière économique, de convergence des fiscalités, en matière de convergence sociale, en matière de convergence environnementale, on serait plus fort demain, nous Européens, si on avait ces convergences réalisées.

Mais évidemment pour avoir toutes ces convergences, cela passe par une mobilisation politique de tous celles et ceux qui voudront – après l'élection européenne mais aussi dès maintenant – moderniser les institutions et les politiques publiques européennes.

Mais ce n'est pas en revenant en arrière à une simple communauté économique européenne restreinte comme le propose Laurent Wauquiez. Il ne s'agit pas d'intégrer n'importe qui, bien sûr. Mais envoyer des messages qui consisteraient à laisser de côté un certain nombre de partenaires européens par principe me parait être ravageur.

Vous critiquez comme beaucoup d’autres très durement Laurent Wauquiez et parlez de sa "dérive droitière, identitaire, eurosceptique et ultra conservatrice". Pensez-vous que tous les militants qui l’ont élu, les élus LR ou les électeurs de droite qui ont voté pour le parti aux législatives partielles par exemple correspondent aussi en masse à ses qualificatifs ?

Je ne sais pas. Je respecte les militants. Ils ont fait un choix. Je pense qu'ils sont favorables à cette ligne-là. Moi je souhaite, au sein d'Agir, accueillir tous celles et ceux qui sont de droite mais ne se retrouvent pas dans la façon de faire de la politique de Laurent Wauquiez ou dans ses idées. Qui veulent retrouver une droite qui, encore une fois, est celle issue de l'UMP. Je ne conteste pas le fait qu'il y ait des militants, des sympathisants ou des Français qui pensent la même chose que Laurent Wauquiez. C'est leur droit. Mais je pense aussi qu'il y en a beaucoup d'autres qui ne pensent pas la même chose, qui ne cautionnent pas sa façon de faire de la politique, et qui avec nous ont la possibilité de se retrouver dans un parti politique au sein duquel ils seront biens. Où leurs idées de droite seront bien défendues, où on fera de la politique un peu différemment qu'avant, en étant moins sectaire, en n'étant pas opposé systématiquement sous prétexte que la personne qui est à l'Élysée n'est pas exactement à notre place sur l'échiquier politique. Parce que c'est l'intérêt du pays, parce que nous avons des impératifs en matière d'emploi, de croissance, d'amélioration de notre politique éducative. Car à partir du moment où il y a des idées de réforme que nous avons toujours défendues à droite, qui font partie de nos idées, pourquoi s'opposer simplement par calcul électoral ou politicien ? Tous ces Français qui ont envie de changer de façon de faire de la politique à droite ont désormais un parti.

Ceux qui restent le font pour des raisons qui leur sont propres. Mais il faudra regarder comment cela se passe dans les semaines qui viennent. Je ne suis pas sûr qu'ils aient envie de rester. Jusqu'à maintenant, il n'y avait pas d'offre adéquate, c'était difficile de quitter le parti. Désormais, nous avons une offre, Agir, dans laquelle ils pourront se retrouver, ce que je les appelle à faire.

Regardez : l'attitude récente de Laurent Wauquiez envers Angela Merkel – quand il laissait entendre qu'il n'avait pas de charisme ou d'autorité naturelle - est très mal passée auprès des Allemands, et notamment de nos alliés allemands du PPE auquel nous avons appartenons, car nous nous sentons proches de leurs idées.  C'est un exemple : les gens de droite qui pensent qu'il faut conforter l'axe franco-allemand, qui sont admiratifs de ce qu'ont réussi à faire les Allemands ces dernières années en termes de croissance, de déficit, de chômage, peuvent nous rejoindre.

Que peut devenir un parti comme Agir s’il n’a pas de candidat à la présidentielle dans un système comme celui de la Ve République où l’élection centrale demeure celle du président ?

Écoutez-nous n'en sommes pas du tout là. C'est une période, encore une fois, de recomposition, donc c'est d'abord les idées, d'abord la clarté sur notre positionnement. Nous verrons au moment des élections quelles seront nos alliances, nos candidats. Pour l'instant nous allons préparer les européennes et nous verrons après.

Rappelez-vous de la situation politique il y a un an ou un an et demi : bien malin celui qui aurait pu imaginer la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui, dans laquelle est la France aujourd'hui. Ne tirons donc pas de plan sur la comète, restons concentrés. Aujourd'hui, c'est le moment de dire aux Français que nous sommes prêts dans les circonstances actuelles à les représenter et à travailler, à notre échelle, à la réussite du pays. 

Nous sommes 19 fondateurs, cela ne vous a pas échappé, nous montons en puissance. Nous avons de nouveaux locaux, près de l'Assemblée nationale. Ce sont des locaux de co-working, parce que nous sommes une sorte de start-up politique aujourd'hui. Et parce que nous voulions être dans des locaux adaptés à notre situation. Nous lançons une série de conventions notamment sur l'Europe, sur la lutte contre le terrorisme dans les semaines qui viennent, nous rencontrons Alain Juppé début avril dans le cadre d'un petit-déjeuner. Et on va rencontrer et rassembler ainsi de plus en plus de gens, avec le lancement de notre campagne d'adhésion à partir de la semaine prochaine.

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