En Arabie saoudite, des milliers de travailleurs indiens attendent toujours de pouvoir rejoindre leur pays, sans rien à se mettre sous la dent <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
En Arabie saoudite, des milliers de travailleurs indiens attendent toujours de pouvoir rejoindre leur pays, sans rien à se mettre sous la dent
©Reuters

Prendre son mal en patience

La récente crise pétrolière que traversent les pays du Golfe a poussé les entreprises de BTP à reporter les salaires de leurs employés, voire à les licencier. En Arabie saoudite, des milliers de travailleurs indiens sans le sou sont dans l'incapacité de rentrer au pays, pris à la gorge par une législation draconienne.

Dans le royaume saoudien, la situation est critique pour des milliers de travailleurs étrangers. Quelque 200 Français, mais surtout plusieurs milliers d'Indiens, sont en incapacité de rentrer dans leurs pays respectifs et commencent à trouver le temps long, rapporteThe Washington Post. Il faut dire qu'ils n'ont pas été payés depuis plusieurs mois, que leur ventre commence à crier famine et que la législation saoudienne ne leur facilite pas la tâche.

Crise pétrolière

À cause de la chute du prix du baril de pétrole, l'Arabie saoudite traverse une période de crise économique. Les entreprises de BTP, très affectées, ont dû licencier des milliers de travailleurs, dont les salaires avaient déjà été suspendus depuis plusieurs mois. Alors que les pays du Golfe ont fait face à de multiples accusations de mauvais traitements de salariés immigrés ces dernières années (notamment au Qatar sur les chantiers de stades qui accueilleront la Coupe du monde 2022), voilà qui devrait ne pas arranger leur réputation.

En février 2016 déjà, Le Parisientirait la sonnette d'alarme, alors que Saudi Oger, l'un des fleurons saoudiens du BTP, était en retard de paiement des salaires : près de 56 000 de ses employés attendaient leur paie depuis déjà cinq mois. Fin juin, le cas des Français bloqués en Arabie saoudite avait été évoqué à Paris lors de la visite du vice-prince héritier du royaume wahhabite, Mohammed ben Salman, qui s'était engagé à régulariser la situation des ressortissants français.

Situation humanitaire dramatique

Cependant, les choses continuent de traîner. L'Inde, dont la diaspora est la plus grande au monde, compte plusieurs milliers de travailleurs dans les pays du Golfe, notamment en Arabie saoudite. Pour eux aussi, le cauchemar continue. Ces quelque 10 000 Indiens, dont les salaires n'ont plus été versés depuis de très nombreuses semaines, n'ont même plus de quoi s'alimenter, indique RFI. Autant dire que pour s'acheter un billet d'avion pour rentrer au pays, il faudrait économiser durant plusieurs années. En attendant, ils occupent des camps de fortune près de Riyad et Djeddah.

"Nos travailleurs là-bas ont faim et ont soif", a déclaré la ministre indienne des affaires étrangère, Sushma Swaraj, devant le Parlement à New Delhi. Depuis, des colis d'aide alimentaire ont été envoyés sur place par les autorités indiennes, relateLe Figaro. Alors que l'Inde a l'habitude de ce genre d'opérations de secours, notamment dans les pays en guerre comme l'Irak, le Soudan du Sud ou le Yémen. En revanche, c'est bien la première fois qu'elle doit gérer une crise humanitaire de cette ampleur dans un pays en paix, préciseLe Monde.

Législation draconienne

Il faut dire que la législation saoudienne n'arrange vraiment pas les choses. En effet, les travailleurs étrangers sont soumis au système de la kafala, qui soumet leur décision de changer de travail au bon vouloir de leur employeur. Une loi particulièrement visée par de nombreuses ONG de défense des droits de l'homme. Sans certificat de "non-opposition", document nécessaire pour pouvoir obtenir un visa de sortie du territoire, l'évacuation des travailleurs étrangers  peut alors prendre beaucoup de temps. Une "violation du droit à la liberté de circulation", selon James Lynch, directeur d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, interrogé par RFI.

Mais c'est peut-être enfin la sortie du tunnel pour tous ces travailleurs lésés : sous la pression du gouvernement indien, les autorités saoudiennes ont débloqué un fonds de 25 millions d'euros afin de venir en aide à ces ressortissants indiens, français, pakistanais ou encore philippins. De plus, des mesures ont été prises à l'encontre de ces entreprises en défaut de paiement. Ces sociétés de BTP devront ainsi fournir de la nourriture et des billets d'avions à quiconque souhaite quitter le royaume, en plus des mois de salaires en retard. De leur côté, les autorités indiennes pourraient affréter des avions civils ou militaires, voire des navires, afin d'évacuer leurs ressortissants.

Les travailleurs français, quant à eux, sont toujours dans l'attente de pouvoir rejoindre leur pays.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !