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Elève Darmanin, vous me recopierez cent fois les mots : "plus jamais je ne dirai séparatisme"
©CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Paroles vagabondes

Le malheureux est à la peine. Accompagnons-le un peu sur le chemin de son Golgotha.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le professeur - Emmanuel Macron - avait dit "séparatisme". Un joli mot feutré aux saveurs anodines qui évitait de dire "islamisme", une appellation parfaitement stigmatisante. L'élève Darmanin, obéissant mais un peu limité, répéta "séparatisme".

Mais même ça choqua les pieux imams de la Grande Mosquée de Paris où il s'était rendu. Sensible à leurs tourments, Darmanin rectifia en ajoutant un "s" à "séparatisme". Ce pluriel fut moqué. Y avait-il, ricanèrent certains, un "séparatisme" catholique, juif, orthodoxe ?

Couvert de quolibets, l'élève Darmanin se corrigea encore et évoqua deux séparatismes : le séparatisme traditionnel, celui du djihad, et le séparatisme dissimulé, celui de la taqîya. Ces mots enthousiasmèrent la fachosphère.

Prenant conscience de sa bévue, Darmanin tenta de la faire oublier en annonçant qu'il allait renforcer l'enseignement de l'arabe à l'école. On découvrit à cette occasion que Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Cultes, s'était aussi arrogé le portefeuille de l'Education !

Certains, très mal intentionnés, se gaussèrent. Enseigner l'arabe était-il la meilleure solution pour intégrer des jeunes issus de la diversité ? Et les plus méchants d'entre eux ironisèrent en déclarant qu'enseigner le français à des élèves, qui souvent parlaient le wesh wesh, serait plus conforme aux valeurs de la France.

L'élève Darmanin, ou plutôt le cancre Darmanin, sombra dans une profonde affliction. Ne sachant plus où il habitait, percé de flèches de toute part, il retira aussitôt le mot "séparatisme". Et il annonça que "charte de la laïcité" serait le nom du nouveau projet de loi. Et là il fut de nouveau étrillé. Hagard et désespéré face à une bronca grandissante il refit pour la énième fois sa copie.

Il bredouilla que le nom de la loi n'était pas encore arrêté. Ses fidèles, dûment instruits par lui, se répandirent dans un choeur unanime : "peu importe le nom ce qui est essentiel ce sont les actes". Compte-tenu des pathétiques cafouillages darmaninesques, il est possible d'avoir de sérieux doutes sur les actes...

Le dernier mot sur ces pitoyables palinodies revient à Tahar Ben Jelloun. L'écrivain a énoncé une évidence en récusant le mot "séparatisme". On se sépare, a-t-il écrit, d'un pays, d'un territoire, de gens avec lesquels on a quelque chose en commun. Or ceux qu'on qualifie de "séparatistes" n'ont rien de commun, a-t-il expliqué, avec les valeurs de la France et de la République. 

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