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Effroi + amusement = l’équation parfaite pour rendre viral n’importe quel contenu sur le web
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Les contenus viraux sont émotifs

Les internautes partageraient plus les articles qui provoquent chez eux l'effroi, l'amusement, la joie et le rire. Les contenus qui comportent de la colère ou de la tristesse ont moins de succès.

Stéphane  Rusinek

Stéphane Rusinek

Stéphane Rusinek est professeur de la psychologie des émotions et thérapies cognitives et comportementales à l'université Lille 3

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Selon le site Buzzsumo qui a analysé les 10% de contenu les plus partagés, leur diffusion serait due aux sentiments qu'ils expriment. En effet parmi ces contenus, 25% expriment la crainte, 17% le rire, 15% l'amusement et 14 % la joie alors que la colère, l'empathie, la surprise, la tristesse et les autres émotions ne représentent que 29 % à eux tous. Comment expliquer que ce soit ces sentiments qui sont les plus viraux ?

On ne peut pas vraiment répondre à cette question, il faudra faire du cas par cas c'est-à-dire quel contenu, provenant de quel site, diffusé par qui... On sait cependant que ce sont toujours les émotions qui sont les plus diffusées car il s'agit là de communication primaire. Il n'est donc pas étonnant que les contenus contenant des émotions soient parmi les contenus les plus diffusés.

Est-ce un phénomène nouveau ?

Même si le web a quelques années, il n'est pas assez ancien pour que l'on puisse voir si ce phénomène est nouveau ou non, il nous faudrait des éléments de comparaison.

Comment expliquer que les contenus qui contiennent de la colère soit moins partagés quand on sait que le web est aussi un moyen pour les internautes de montrer leur colère et de provoquer une réaction des politiques ?

La colère est une émotion qui normalement, clôt le débat. Si quelqu'un se met en colère, il ne veut pas avoir d'interaction, il ne veut pas communiquer ou alors il va agresser son interlocuteur. La colère stoppe la communication.

Même question pour la tristesse ?

On sait grâce à plusieurs études que la tristesse a deux niveaux. D'un côté, une personne triste va montrer à un groupe de personnes qu'elle a besoin d'eux mais elle va dire à un second groupe qu'elle désire être seule, qu'elle souhaite que l'on la laisse tranquille. La tristesse a donc peu d'effets communicatifs. Et la réception de celle-ci est semblable. Notre société fait que la tristesse nous intéresse peu. Si nous étions encore des primates ou dans une autre société, nous aurions plus tendance à aller vers la personne triste.

Le partage de ces émotions est-il une spécificité du web ?  

Le web ne fait pas exception. Nous avons les mêmes réactions sur la toile que le reste du temps. Internet ne change rien au niveau émotionnel, il n'a pas développé d'émotion particulière et elles sont gérées de la même façon. Elles peuvent augmenter un peu en intensité mais cela reste faible.

Les contenus partagés sont-ils liés à l'humeur de l'internaute ?

Oui, mais c'est aussi le cas en dehors d'internet. Quand je suis triste, je m'intéresse aux choses tristes, c'est ce que nous appelons l'induction émotionnelle.

Les contenus sont-ils partagés par l'internaute pour servir l'image qu'il veut se forger ? Par exemple, si une personne veut donner une image de personne joyeuse, il partagera plus de contenus joyeux ?

Ca peut arriver mais on ne peut pas répondre de manière générale. Ca dépend des personnes ; beaucoup n'ont pas besoin de le faire, d'autres ont des problèmes de communication mais ils connaissent aussi ces problèmes hors du web. Seulement, le web leur permet de se créer des personnages.

Les médias, entreprises, organismes qui diffusent des contenus jouent-ils sur ce phénomène ? 

Evidemment, mais ça ne dépend pas d'internet. C'est quelque chose que l'on connait depuis toujours. Par exemple dans el domaine de la publicité : les pubs tristes ne sont pas diffusées, les pubs joyeuses le sont. Ce n'est pas lié à internet. Si un produit est associé à quelque chose de positif comme une égérie que j'apprécie par exemple, j'aurai une image positive du produit. On appelle cela le conditionnement évaluatif. 

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