De nouveaux records de production de cocaïne, quelles répercussions pour l’Europe ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Cocaine
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©Raul Arboleda / AFP

Drogues

L’Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) publie le 20 octobre son état des lieux annuel sur les cultures de coca en Colombie, premier producteur au monde de cocaïne devant le Pérou et la Bolivie.

À plus de 200 000 ha cultivés, la production colombienne a quintuplé : les superficies augmentent en 2021 de 40 % sur 2021 et la production de cocaïne de 14 % à 1 400 tonnes, nouveau record historique. Par rapport à la fin des années 1990, quand les États-Unis suscitaient un "Plan Colombie" officiellement destiné à combattre le narcotrafic, la production de cocaïne a plus que doublé. 

Des experts expliquent cette explosion par la suspension (en 2015) de l’épandage aérien des champs de coca ; la hausse des rendements à l’ha par modernisation des techniques agricoles et les progrès dans l'élaboration du produit final. Aussi, par la lenteur des dispositifs (développement alternatif... accès à la propriété) voulus par l’État colombien après les accords de paix de 2016 avec la guérilla des FARC, pour détourner les paysans de la coca-culture. Enfin, des pans entiers de la Colombie échappent encore au contrôle de l'État, au profit de bandes criminalisées d'ex-paramilitaires ou guérillas (FARC). 

L’essentiel de la cocaïne arrivant en Europe vient de Colombie : en 2021, selon les données initiales de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, l’UE enregistre des niveaux sans précédent de saisies : près de 240 tonnes (213 t. en 2020). Déferlant au quotidien, ces énormes tonnages impactent fort la santé publique et le crime organisé. 

Stagnant aux États-Unis, le marché de la cocaïne dans l’Union européenne est sans doute le plus dynamique au monde : son chiffre d’affaires a plus que doublé de 2013 à 2020 ; selon l’OEDT et Europol, de 5 à 10,5 milliards d’euros (hors Royaume-Uni après le Brexit). Déjà juste derrière l’herbe et la résine de cannabis, ce marché nourrit en Europe un biotope allant des bandes néerlandaises, la Mocro Maffia, aux gangs des Balkans et aux mafias italiennes. 

Parmi les principaux producteurs de drogues de synthèse au monde, la Belgique et les Pays-Bas sont dans la pire situation criminelle, mais la France n’est pas épargnée. En 2021, les confiscations de cocaïne y ont été de 26,5 tonnes, plus haut historique. Des ports comme Le Havre vivent une criminalisation rampante similaire –mais moindre– que celle d'Anvers ou Rotterdam. En outre, la mainmise des bandes "de cités" s’accroît sur un marché de la cocaïne bien plus lucratif que celui du cannabis, renforçant leur emprise territoriale. 

Outre ces faits criminels, l’hyper-disponibilité de la cocaïne suscite des problèmes sanitaires graves ; la production accrue en Colombie signifie pour l'usager européen un accès plus aisé à la coke :  baisse des prix, teneurs en forte hausse, usage accru pour la population générale.  Dans son dernier rapport, l’OEDT s’inquiète ainsi de l'afflux récent des cocaïnomanes dans les structures de soins de toute l’Europe.

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