Craintes de migration en chaîne après que le Bundestag a réduit les critères de regroupement familial<!-- --> | Atlantico.fr
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Bâtiment du Reichstag, siège de la chambre basse du parlement allemand, le Bundestag.
Bâtiment du Reichstag, siège de la chambre basse du parlement allemand, le Bundestag.
©TOBIAS SCHWARZ / AFP

Crise migratoire

Les réformes visent ostensiblement à attirer des travailleurs des Balkans occidentaux, mais elles pourraient entraîner un nouveau cycle de migration en chaîne à partir de pays non membres de l'UE.

Thomas O'Reilly

Thomas O'Reilly

Thomas O'Reilly est un journaliste irlandais travaillant pour The European Conservative à Bruxelles.

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Les populistes allemands ont tiré la sonnette d'alarme ce week-end après que le Bundestag a voté, vendredi 23 juin, par 388 voix contre 234, en faveur de projets visant à réduire radicalement les critères d'entrée des nouveaux migrants dans l'espoir de résoudre les prétendues pénuries de main-d'œuvre du pays. 

La réforme la plus inquiétante libéralise le processus de regroupement familial qui est souvent considéré comme un facteur d'augmentation du nombre de migrants en provenance du tiers-monde.

Ce nouveau système, inspiré du modèle migratoire canadien, créera un système de classement basé sur les compétences et la capacité à parler allemand, qui permettra aux migrants de travailler en Allemagne pendant une période initiale de douze mois. 

La nouvelle loi répond à une promesse de campagne de la coalition au pouvoir à Berlin, composée des Verts, des Libéraux et des sociaux-démocrates, d'assouplir les restrictions à l'immigration ; elle a été adoptée malgré les pressions exercées par les représentants de la CDU et de l'AfD.

La loi facilite la venue en Allemagne de la famille élargie d'un travailleur migrant et s'étend aux parents non consanguins. Après avoir été adoptée par le Bundestag, la nouvelle loi sur l'immigration sera débattue et votée par le Bundesrat, l'organe législatif fédéral des 16 États allemands.

L'Allemagne connaît déjà une forte augmentation des chiffres de l'immigration en raison de la guerre en Ukraine et des demandeurs d'asile non ressortissants de l'UE. Les chiffres officiels indiquent que 180 000 étrangers ont demandé le regroupement familial rien que l'année dernière. 

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Jusqu'à présent, le gouvernement allemand a pris le contre-pied des tendances européennes en faveur de politiques d'immigration plus restrictives, du moins sur le plan rhétorique, puisqu'il a fait pression en faveur d'une immigration supplémentaire en provenance d'Afrique au début de l'année.

Les réformes adoptées vendredi visent ostensiblement à attirer de nouveaux travailleurs des pays des Balkans occidentaux, tels que l'Albanie et le Monténégro, qui devraient tous deux être intégrés à l'UE au cours des prochaines années. 

Malgré cela, les députés de l'opposition de la CDU (centre-droit) ont fait part de leur inquiétude quant à l'incertitude concernant l'origine des nouveaux migrants lors du débat parlementaire de la semaine dernière sur la loi, alors que l'AfD a dénoncé la loi comme un moyen de transformer l'Allemagne en un "pays de pacotille".

Ces réformes interviennent en dépit d'une augmentation du soutien à l'AfD, parti populiste de droite, qui a remporté sa première élection de district à Sonneberg le week-end dernier, ce que les experts considèrent comme une étape importante pour le parti.

La décision d'ouvrir davantage la porte à l'immigration en Allemagne a été critiquée par l'eurodéputé de l'AfD, Markus Buchheit, dans une déclaration au Conservateur européen, affirmant que les schémas migratoires devaient non seulement être stoppés, mais aussi inversés pour protéger la cohésion nationale. Le dramaturge irlandais Samuel Beckett a dit un jour à un acteur : "Essayez encore. Échouer encore, échouer encore plus, échouer encore mieux'. C'est clairement ce que fait le gouvernement allemand", a remarqué M. Buchheit, en faisant référence aux cycles de dépendance à l'égard de l'aide sociale que l'immigration entraîne.

Lors des récents débats européens sur l'immigration et la perspective de quotas de réfugiés à l'échelle de l'UE pour les États membres, nombreux sont ceux qui ont remarqué que le gouvernement allemand est celui qui mène les politiques d'ouverture des frontières les plus ardentes, en dépit de la montée du populisme dans son pays et à l'étranger.

Le 28 juillet, The European Conservative accueillera l'eurodéputé Charlie Weimers, Ben Habib de Reform UK, et Pierre-Marie Sève, directeur de l'Institut pour la Justice, pour discuter des politiques migratoires et proposer des alternatives constructives aux "solutions" de l'UE. L'événement, intitulé "Migration : Au-delà des frontières idéologiques, aura lieu dans l'espace de travail Silversquare, de 12h00 à 14h30. Il est ouvert au public mais l'inscription est obligatoire.

Cet article a été publié initialement sur The European Conservative : cliquez ICI

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