Colt, Remington, Mohammed et Kalachnikov peuvent-ils cohabiter ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Colt, Remington, Mohammed et Kalachnikov peuvent-ils cohabiter ?
©REUTERS/Lucas Jackson

Ça c'est du calibre !

Les statistiques américaines sur les prénoms nous en apprennent de belles. Il y en a aussi d'autres, pas mal non plus.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

Le Monde est un journal éclectique qui s’intéresse à tout. C’est donc là que nous avons appris que les prénoms Colt, Remington et Ruger (célèbres marques de revolvers et de carabines) avaient, ces dernières années, connu un succès vertigineux. Des hausses de 500 ou 600% ! C’est, bien sûr, à relativiser. Il n’y a pas aux Etats-Unis des millions et des millions de petits Colt ou Remington (mais en libre circulation oui !).

La vogue de ces prénoms, qu’en France on trouverait très lourds à porter, en dit beaucoup sur les passions qui traversent la société américaine. Les tentatives, avortées, d’Obama pour restreindre la liberté accordée par la Constitution à chaque Américain ou Américaine de détenir une arme à feu ne sont pas pour rien dans l’éclosion des petits Colt. Comme le dit l’universitaire qui a étudié le phénomène : « Les prénoms sont comme des fossiles qui en disent long sur une époque et sur les obsessions et les rêves des parents. »

C’est bien vu. Et finement observé. Sur Internet, chacun le sait, vous trouvez une information et aussitôt des liens vous transportent vers d’autres informations voisines ou supposées telles. Ainsi, en partant de Colt et de Remington est apparu très vite Mohammed. Très en forme lui aussi mais évidemment pour d’autres raisons. C’est, découvre-t-on, le prénom le plus donné aux petits Londoniens. Pendant plusieurs années, il a fait la course en tête à Bruxelles, avant d’être, de justesse, et récemment, détrôné par Adam. En France, il se contente modestement de triompher dans le 93 et à Marseille. Ce n’est pas le Grand Remplacement cher à Renaud Camus qui exagère toujours un peu. Et ça vous a quand même un air de petit remplacement…

Les Etats-Unis sont un pays d’une très grande liberté. Souvent folle. Vous pouvez appeler votre enfant Colt mais aussi Facebook, Hitler, Staline ou Ben Laden. Tel n’est pas le cas en France où l’officier d’état civil peut refuser d’enregistrer un prénom s’il le juge « contraire à l’intérêt de l’enfant ». Non, nul chez nous ne pourra appeler son petit garçon Kalachnikov, ce qui est au moins aussi chic que Colt et bien de chez nous. Mais on peut l’appeler Mohammed, qui n’est pas jugé « contraire à l’intérêt de l’enfant ». Ça dit bien des choses sur le racisme imputé aux Français.

Les prénoms, n’en doutons pas, ont effectivement un sens sociologique. Tout comme l’endroit où l’on est né. Sur un CV, pour un entretien d’embauche, il y a en effet de fortes chances que Neuilly comme lieu de naissance donne des atouts supplémentaires que n’aura pas le candidat né à la Courneuve. Mais pour autant, ça ne garantit rien.

Il y a cela plusieurs années, quand ma compagne fut sur le point d’accoucher du garçon que nous attendions, nous habitions à Courbevoie. Dans le 92 donc. Issue d’une famille plutôt pauvre, elle pensait qu’une telle localisation constituerait un handicap certain pour l’avenir du petit. Je n’y croyais guère. Mais je fis quand même des pieds et des mains pour que l’enfant ne naisse pas dans le 92. Une maternité coûteuse (et par ailleurs pourrie) fut donc trouvée dans le XVIe arrondissement. Vu les résultats scolaires, très modestes (euphémisme), de notre rejeton, il n’est pas prouvé que son lieu de naissance ait beaucoup contribué à sa réussite. Comme quoi…

PS. Et puisque nous en sommes aux prénoms, en voici un très intéressant : Mathilde. Mathilde a 17 ans. Et est partie en Syrie rejoindre son mari pour le djihad, écrit Libération. A côté de son prénom un petit * avec cette mention : « Le prénom a été changé. » C’est normal car elle est mineure. Mais n’aurait-on pas pu trouver un prénom un peu plus en phase avec le djihad ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !