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Ce que les gestes de Manuel Valls disent de ce qu'il pense vraiment
©Reuters

Bonnes feuilles

Coach en communication, Stephen Bunard intervient régulièrement dans les médias pour analyser les gestes de politiques, patrons ou sportifs. Il nous initie ici à l'art de cerner la vraie personnalité et les intentions véritables de ceux qui occupent la scène médiatique. Extrait de "Leurs gestes disent tout haut ce qu'ils pensent tout bas", chez First (1/2).

Stephen Bunard

Stephen Bunard

Stephen Bunard est coach pour dirigeant, synergologue (analyste du langage corporel) et conférencier. Il enseigne à l'ENA, à l'Université Paris-Dauphine et à l'INSEP. Il est conseiller à l'académie des Sciences du comportement, basée à Bruxelles. Il est régulièrement sollicité par les médias français et internationaux pour analyser les gestes de politiques, patrons et sportifs. Il est l'auteur du livre Leurs gestes disent tout haut ce qu'ils pensent tout bas aux Editions First. Toutes les informations le concernant sur son site : www.stephenbunard.com

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Le latin ne sourit guère. Et, en sanguin contenu, souvent s’indigne ou voit rouge sur les plateaux télé. Les émotions de toute nature bénéficient à qui les manifeste, parce qu’on est alors décodé comme spontané. En parlant, Valls regarde fixement dans les yeux, le sourcil froncé, et sa main droite s’anime souvent pour expliquer, convaincre, défendre, ou la gauche lorsqu’il parle de ses valeurs, de ses orientations personnelles. Cette main gauche, spontanée, reste toujours très en vue, et les deux le sont en situation d’écoute, autant de signes qu’il se met entier dans l’échange, sans dissimulation. Un de ses mentors fut Michel Rocard et « son parler vrai ». « Paraître vrai » est le souci de Valls.

Sa bouche sait se fermer en fin de propos car la parole est précieuse et le souci d’écoute réel. Mais elle sourit souvent de façon inversée, ce qui témoigne d’une dureté dans les convictions. Un trait que l’on retrouve aussi chez Martine Aubry. Reste à observer ses mains en bourse, le basculement vers sa main gauche, ses orientations d’axes de tête pour détecter chez le ministre de l’Intérieur les sujets ou les moments clés où il se radoucit. Par exemple, son basculement sur la main gauche quand il aborde le retour des Roms aux pays le dédouane de toute dureté (voir partie 2).

Ses sourcils, plutôt expressifs, rendent compte des moments les plus importants de la partition de son discours. Son corps est souvent porté vers l’avant pour mieux défendre ses opinions, c’est un signe de plaisir à la confrontation d’idées. Quand son corps est en avant sur la droite, on comprend que sa flexibilité à entendre les arguments d’en face est moins évidente. Et idem pour sa capacité à la remise en cause.

Quand il est agacé, sa tête montre du rejet en partant vers la droite, comme une façon de balayer les objections de l’autre. Le menton peut se monter pour relever le défi de la contradiction. La configuration de ses axes de tête est importante à observer car elle donne le ton le plus marquant de ses changements comportementaux. La tête de Valls penche en effet souvent à droite quand il se tend. Je n’ai pas particulièrement observé quelle partie de son visage il montre le plus (gauche/ lien ou droite/analyse) mais ses interlocuteurs devraient se poser la question.

Lorsqu’il fut choisi comme ministre de l’Intérieur, ses deux paupières clignaient symétriquement. Courant 2012, confronté à un certain nombre de soucis dans les banlieues parisiennes et à Marseille, on pouvait observer une paupière droite plus basse, pas à l’arrêt sur image lors des clignements, mais bien dans sa statue, c’est le signe d’un stress de performance (être à la hauteur sur des enjeux professionnels ou relationnels). Début 2013, les photos montrent un retour à la normale, et il semblerait fin 2013 avec l’affaire des Roms et l’exposition du ministre, grand favori des sondages d’opinions, que sa paupière droite s’affaisse un peu à nouveau. Le stress, rappelons-le, produit un impact sur la neurotonicité des muscles de l’oeil et des paupières (voir illustration).

Son propos enfin, très haché, encore plus que chez François Hollande, dénote son obsession de la précision, de la nuance, de la fiabilité.

Monsieur presque Parfait, Valls affiche une grande cohérence entre son propos et son corps. C’est ce qui fait sa force inconsciemment dans l’opinion et explique qu’il suscite l’adhésion. Pour garder cette bonne opinion générale, il faut absolument qu’il résiste à l’influence d’un entourage trop zélé qui se mêlerait de le « coacher ». Et qu’il résiste aussi à la dure réalité de la politique qui impose parfois de devoir faire des arrangements avec sa conscience et de manger son képi. Il y a en effet un tribut à payer à cette intégrité corps/mots : toute incohérence sauterait plus facilement aux yeux.

La paupière droite du Premier ministre Valls est plus « lourde ». Un stress de performance peut expliquer le relâchement des muscles releveurs de ce côté.

Extrait de "Leurs gestes disent tout haut ce qu'ils pensent tout bas", de Stephen Bunard, aux éditions First, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici

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