Ce que la médecine commence tout juste à mieux comprendre sur les douleurs chroniques<!-- --> | Atlantico.fr
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Jeune femme s'entretenant avec un médecin. Corse, mai 2021.
Jeune femme s'entretenant avec un médecin. Corse, mai 2021.
©©Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP

Traitement de la douleur

Au Royaume-Uni, 25% de la population souffrirait de douleurs chroniques. Pourtant, le diagnostic et le traitement de ces douleurs sont toujours complexes

Ilan Darmon

Ilan Darmon

Le Dr Ilan Darmon est oncologue radiothérapeute. Ancien Praticien Assistant des Centres de Lutte Contre le Cancer à L’Institut Curie, Membre de la SFRO (Société Française de Radiothérapie Oncologique) , Membre du GFRU Groupe Francophone de Radiothérapie en Urologie et du GETUG (Groupe d’Etude des Tumeurs UroGénitales) et Président du CORP (Club des Onco-Radiothérapeutes Parisiens).

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Atlantico : Une étude sur 4000 adultes réalisée pour BBC News estime qu’au Royaume-Uni, ¼ de la population souffre de douleurs chroniques. Ces chiffres vous paraissent-ils cohérents ?

Ilan Darmon : De nombreuses personnes vivent avec une douleur chronique et il est compliqué pour eux de la verbaliser chez un praticien. La douleur vit dans notre quotidien et on n’imagine pas à quel point les douleurs chroniques sont présentes dans nos sociétés. Ce chiffre d’une personne sur 4 ne paraît pas si élevé. 

Comment expliquer que le diagnostic et le traitement des douleurs chroniques soit si complexe ?

Ce qui est difficile pour le patient est d’expliquer clairement la douleur car il y a plusieurs entités liées à celle-ci. Il y en a liés à des problème mécaniques comme l’arthrose, d’autres liés à une mauvaise position de manière chronique, mais aussi des pathologies inflammatoires ou à un cancer qui peut être générateur de douleur. On parle de chronicité dès lors que la douleur s’installe et dure plus de trois mois. 

En tant que thérapeute lorsque l’on demande au patient de parler de sa douleur, ce n’est pas simple pour lui de l’expliquer. Chez lui, elle peut se manifester comme une brûlure, un coup de poignard ou une sensation de fourmillement… Chaque douleur est différente et les façons de les traiter sont différentes. Dans une consultation de médecine de ville, qui peut être brève, le thérapeute n’a pas la capacité de les prendre en charge comme il le faut.

Y a-t-il un pan de la médecine spécialisé pour ces douleurs chroniques ? 

Aujourd’hui se développent des consultations spécifiques de médecins de la douleur. Ils prennent plus de temps pour caractériser ses paramètres que cela soit le caractère physique ou psychologique qui entretient la douleur. Le champ est vaste. 

En matière de traitement, il y a tout ce qu’apporte la médecine traditionnelle, mais aussi les spécialités paramédicales. La douleur est une entité globale, il s’agit de plusieurs signaux qui s’additionnent au niveau de l’organisme et du psychique du patient et il faut prendre en charge cela de manière globale. Il ne s’agit pas d’un traitement simple.

Aujourd’hui, la médecine est centrée sur les symptômes et non pas centrée sur l’individu et la douleur traduit un problème autre. Il peut s’agir d’un souci psychologique, d’environnement professionnel ou familial, la problématique est beaucoup plus large que ce que ne laisse entendre la douleur telle qu’on la ressent. On peut traiter la douleur avec de nombreux médicaments qui prennent en compte tous les signaux. Les spécialistes de la douleur peuvent administrer des traitements locaux pour résoudre ce problème. Pour tout ce qui est de la sphère digestive ou gynécologique on peut faire des blocs périduraux avec des analgésiques injectés qui auront un meilleur effet et plus efficace que tous les traitements que le patient pourra avaler. 

La médecine de la douleur est une spécialité en plein essor. Elle n’est pas encore assez valorisée à sa juste valeur alors que les consultations sont complexes. Pour un patient atteint de douleur chronique, l’objectif n’est pas de prescrire un médicament à prendre jusqu’à la fin de ses jours, mais de comprendre la douleur et de trouver une alternative non médicamenteuse parfois plus efficace. La sophrologie, l’hypnose, l'accuponcture, du neurofeedback... ou d’autres psychothérapies comportementales peuvent être associées.

La première étape est de comprendre le mécanisme de la douleur, la deuxième est de la cibler et enfin l’approche thérapeutique doit être personnalisée. Pour le cancer par exemple, c’est un enjeu majeur pour le bien-être et l’approche des médecins de la douleur aide dans ce combat.

Merci au Dr Ilan Darmon, radiothérapeute du Centre Hartmann Oncologie Radiotherapie Group

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