Ben Carson : l’homme qui résiste à Donald Trump dans les sondages<!-- --> | Atlantico.fr
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Le point commun central de Ben Carson avec Donald Trump réside dans son inexpérience et donc dans son atypisme dans la sphère politique américaine.
Le point commun central de Ben Carson avec Donald Trump réside dans son inexpérience et donc dans son atypisme dans la sphère politique américaine.
©Reuters

Survivor

Celui que l'on surnomme "l'anti-Trump des Républicains" se rapproche du milliardaire, en tête dans les enquêtes d'opinion. Les électeurs sondés de l'Iowa semblent d'ailleurs préférer Ben Carson à Donald Trump (81% contre 52%), mais le médecin a aussi quelques handicaps.

François Clemenceau

François Clemenceau

François Clemenceau est rédacteur en chef International au Journal du Dimanche. Il était précédemment rédacteur en chef de la matinale d’Europe 1 après avoir été correspondant de la radio à Washington pendant sept ans. Son blog USA 2008 sur la campagne présidentielle américaine a reçu la Coupe de l’Info 2009 du meilleur blog politique et économique.Son quatrième livre sur la politique américaine, Hillary Clinton de A à Z vient d'être republié dans une édition augmentée (éditions Du Rocher). 

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Atlantico : Ben Carson, dans certains sondages, est au coude-à-coude avec Donald Trump, en particulier depuis le débat du 6 août. Cet aspirant politicien est inconnu en dehors des Etats-Unis. Que sait-on de lui, quel est son profil ?

François Clemenceau : Ben Carson est un neurochirurgien de 64 ans qui s’est fait mondialement connaitre en 1987, lorsqu’il a réalisé avec succès la séparation de deux frères jumeaux siamois. C’est un africain-américain né à Détroit dans une famille très modeste. Son père était un pasteur adventiste. Carson est donc un exemple de réussite remarquable dans la communauté noire américaine. Il a pris sa retraite il y a trois ans et ne s’est intéressé à la politique que très récemment. Il n’a aucune expérience d’élu ni sur le plan local ni au niveau national. C’est vrai que les sondages le donnent en deuxième place en ce moment dans cette phase de pré-primaires mais cette tendance qui se dessine est largement due à la médiatisation dont il fait l’objet, précisément parce que c’est un homme neuf dans le paysage politique. Une campagne présidentielle américaine comporte toujours son lot de surprises, mais ceux qui sont parmi les premiers dans les sondages de septembre sont rarement ceux qui sortent en tête du Super Tuesday début mars pour décrocher la nomination l’été suivant. Attendons de voir le deuxième débat télévisé des Républicains de mardi prochain à Los Angeles, pour voir s’il est capable d’affronter le reste du peloton qui n’a pas dit son dernier mot, loin de là. 

Dans quelle mesure se distingue-t-il de Donald Trump ? Sur quel(s) terrain(s) peut-il lui voler des voix ?

Son point commun central avec Donald Trump réside dans son inexpérience et donc dans son atypisme dans la sphère politique américaine. Mais contrairement à Donald Trump, il est plus conservateur sur le plan des idées et des valeurs tout en étant moins agressif et clownesque. A l’évidence aussi, Carson peut bénéficier de davantage d’écoute au sein de l’électorat noir républicain, bien que ce dernier soit très faible dans les deux premiers Etats (Iowa et New Hampshire) qui auront à s’exprimer lors des primaires. S’ils sont tous les deux, à ce stade, premiers dans les sondages réalisés dans l’Iowa, c’est parce que cet Etat rural, traditionnellement, aime miser sur les outsiders, que ce soit chez les Républicains (ce fut le cas en 2012 avec Rick Santorum ou en 2008 avec l’ancien pasteur Mike Huckabee) ou chez les Démocrates (en 2004 avec Howard Dean et en 2008, évidemment avec Barack Obama). Les scrutins suivants démontrent généralement que les candidats plus classiques et rassembleurs (McCain en 2008 et Romney en 2012) finissent par l’emporter.

L’autre handicap au départ de cette compétition, c’est l’argent puisque Carson ne peut pas compter sur des sommes à la hauteur de celles de ses adversaires comme Bush ou Trump. Est-ce que cela peut lui être fatal ou est-il un candidat suffisamment solide pour peser dans ces élections ?

Pour l’instant, Ben Carson a déjà dépensé la moitié des 10 millions de dollars qu’il a réussi à récolter sous formes de dons. Mais il est intéressant de voir que plus de 90% de ces dons sont d’une valeur inférieure à 200 dollars, ce qui laisse supposer que les « petits » donateurs pourront être amenés à remettre la main à la poche le moment venu. On note également des dons beaucoup plus importants en provenance du secteur médical au sens large, l’un des plus prospères dans le pays. Il n’y a pas de secret dans le domaine du fundraising électoral dans les campagnes américaines : les électeurs financent généralement celui ou celle qui mérite de gagner ou dont ils sont persuadés de la victoire. Toute la difficulté dans le camp républicain tient au nombre de candidats sur la ligne de départ. Ils sont plus de quinze aujourd’hui contre cinq dans le camp démocrate. Clairement, la dispersion des dons d’ici le mois de janvier sera un handicap pour chacun des candidats. Surtout pour ceux qui payent très cher les salariés de leur état-major de campagne et c’est le cas de Ben Carson.

Au fil des derniers mois, de nouveaux candidats se sont imposés dans la course à l’investiture républicaine. Que représentent-ils et peuvent-ils bouleverser le jeu ?

C’est vrai qu’il n’y avait jamais eu autant de candidats républicains à une primaire présidentielle. Mais c’est aussi parce que le camp républicain sent qu’il a plus de chances cette fois-ci de gagner qu’en 2012 et donc, chacun veut tenter sa chance pour finir sur le ticket final pour la présidence ou la vice-présidence. D’où des candidatures atypiques comme celles de Trump ou Carson sans oublier celle de Carly Fiorina, l’ex-PDG de Hewlett Packard, seule femme dans la course côté républicain. S’il y a peu de chances que ces perturbateurs, au langage moins politiquement correct que leurs concurrents classiques, changent la donne, une fois passées les premières primaires de février 2016, leur simple présence oblige les autres candidats à se positionner sur des terrains délicats où les tabous peuvent sauter. C’est le cas sur la question de l’immigration, du planning familial, du mariage gay ou de la question raciale. De ce point de vue, Carson dénote. Qu’il s’agisse de ses déclarations sur « la bestialité » des homosexuels ou pour estimer que les défenseurs de la communauté noire, choquée par les violences policières, se trompent de cibles et feraient mieux de mettre l’accent sur l’éducation des jeunes noirs au respect des lois.

Propos recueillis par Rachel Binhas

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