Anonymous contre Daech : ces cyber-activistes qui veulent mettre à genoux l'Etat islamique <!-- --> | Atlantico.fr
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Des hackers "anymous" luttent sur le terrain virtuel contre la propagande djihadiste.
Des hackers "anymous" luttent sur le terrain virtuel contre la propagande djihadiste.
©Reuters

Guerre virtuelle

Répartis dans le monde entier, des hackers luttent sur le terrain virtuel contre la propagande djihadiste, même si leurs méthodes restent obscures.

Les bombes, vestiges d'une autre époque ? En 1999, les observateurs s'étonnaient des déferlements de bombes sur le Kosovo. Une guerre de la vieille industrie, alors qu'Internet et les réseaux se développaient à une vitesse exponentielle. Si les bombes n'ont toujours pas disparues, la guerre s'est bien scindée en deux : celle du terrain et des morts. Et celle du cloud et de la propagande. Contre cette dernière, les alliés peinent à trouver la bonne réponse, surtout face à des entités qui ne sont pas des Etats, comme Daesh. Une étude de la Brookings Institution estimait ainsi que l'Etat islamique utilisait environ 46 000 comptes sur Twitter fin 2014, sans que l'entreprise américaine ne réagisse. Sans compter les autres réseaux sociaux et les forums où les images travaillées du groupe terroriste fleurissent tous les jours pour mieux recruter à distance. Inutile de faire transiter les apprentis djihadistes par la Syrie, un lavage de cerveau à distance permet de les transformer en véritables soldats.



Face à cette menace, la réponse étatique est toujours attendue. Pourtant, le combat fait rage sur internet et face à l'Etat islamique, ce sont des hackers du monde entier, qui sont entrés en guerre. Ils sont désormais connus par leurs masques, symbole d'une résistance aussi réelle que fantasmée. Les Anonymous ne sont pas réellement structurés. Chacun peut s'en revendiquer et chacun peut arborer le masque blanc de Guy Fawkes, ce personnage britannique qui voulait faire sauter la Chambres des communes au début du XVIIème siècle et qui est devenu le héros d'un roman graphique (puis d'un film) : V pour Vendetta. Dans cette œuvre, un héros masqué et charismatique décide de se débarrasser du régime dictatorial qui prévaut au Royaume-Uni.

Dans cet esprit héroïque et cinématographique, les petits génies de l'informatique se sont donc lancés à l'assaut de Daesh sur internet. Evidemment, la réalité est moins grandiose, comme le raconte The Atlantic, dont le journaliste a pu rencontrer un activiste, ancien des Anonymous et qui gère désormais GhostSec, le réseau leader dans cette guerre virtuelle. "Mikro travaille seul, dans un salon bordélique, sur un vieil ordinateur usé." Mais Mikro peut se targuer d'un sacré boulot. Sur le compte Twitter de son réseau, il cherche et publie tous les comptes qu'il associe à l'Etat islamique. "Parfois, nous sommes obligés de hacker le même compte 2 ou 3 fois par jour pour le fermer. Nous les traquons sans répit" raconte-t-il à RT. Le groupe va plus loin et Mikro prétend avoir empêché une attaque sur un marché tunisien, en juillet 2015, en transmettant ses informations au FBI, via un passeur.  

Ils sont des centaines voire des milliers à lutter quotidiennement contre la propagande de Daesh même si leurs méthodes restent obscures. Aux journalistes, ils démentent utiliser des algorithmes informatiques et affirment vérifier les comptes "à la main." Si beaucoup de ces comptes affichent ostensiblement un soutien à l'Etat islamique, d'autres paraissent politiquement très marqués, sans pour autant faire l'apologie du djihad. Toujours difficile de trouver la juste ligne jaune à ne pas franchir.


Mikro et son équipe ne sont pas seuls. Les Anonymous, bien sûr mais aussi de nombreux "freelance" qui opèrent de leur côté. Comme le mystérieux Xrsone qui a publié en mars dernier un document présentant près de 9200 comptes twitter de soutiens à Daesh et qui refuse "de faire partie d'un collectif" comme il l'explique à Vice. Loin d'être un héros d'espionnage, il affirme seulement être "fatigué de voir les corps des soldats américains sur les réseaux sociaux." Ce qu'il veut dénoncer, c'est aussi l'inaction de Twitter dans cette guerre. "Ils n'ont pas changé grand-chose dans leur politique et c'est toujours aussi compliqué de signaler des terroristes," affirme le hacker.

Face à lui, des petits génies, adorateurs d'Allah. Paris Match avait ainsi pu joindre un des pirates du groupe MECA qui attaque régulièrement des sites français, (tout en se désolidarisant de Daesh). Un simple gamin de 19 ans, entouré de "collègues" du même âge. Dans son article, The Atlantic revient aussi sur la biographie du célèbre Mikro, pourfendeur de l'Etat islamique. Un jeune à l'histoire  difficile passé par plusieurs familles et par la prison. Car derrière cette "lutte" entre le bien et le mal sur internet, ce sont souvent des parcours fragiles qui s'affrontent. "On vient de la même merde" acquiesce Mikro, en des djihadistes.

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