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Accord EELV/PS : la lourde erreur stratégique de François Hollande
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Girouette

EELV doit valider ce samedi l'accord sur le nucléaire avec le PS. "L'imbroglio Mox" pourrait bien faire perdre des voix au candidat socialiste.

Jean-Bernard Pinatel

Jean-Bernard Pinatel

Général (2S) et dirigeant d'entreprise, Jean-Bernard Pinatel est un expert reconnu des questions géopolitiques et d'intelligence économique.

Il est l'auteur de Carnet de Guerres et de crises, paru aux éditions Lavauzelle en 2014. En mai 2017, il a publié le livre Histoire de l'Islam radical et de ceux qui s'en servent, (éditions Lavauzelle). 

Il anime aussi le blog : www.geopolitique-géostratégie.fr

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François Hollande vient de commettre sur le nucléaire une erreur stratégique majeure. A tel point que tous les combats tactiques dans lesquels il excelle ne seront pas assez décisifs pour lui permettre de gagner la présidentielle.

Quels sont, d’un point de vue stratégique, toutes les conséquences politiques de l’accord avec les écologistes sur le nucléaire ? Comment expliquer qu’un homme aussi brillant que François Hollande se soit privé d’une telle carte maîtresse et en fournisse autant à son adversaire principal, Nicolas Sarkozy ?

Stratégique, l’erreur l’est sur tous les plans. En effet, toute décision ou prise de position sur un dossier politique doit passer par un examen sous trois angles : le fond, la forme et l’opportunité. Sous ces trois angles, François Hollande s’est trompé.

Sur le fond du dossier, ou bien le nucléaire constitue un risque inacceptable pour les français et alors l’objectif est de sortir totalement du nucléaire au plus vite, ou bien ce n’est qu’un positionnement idéologique, politicien et démagogique des écologistes qui jouent avec la peur, ce qui est visiblement le cas puisqu’ils sont prêts à le repousser aux calendes grecques en échange de sièges de députés. Mais fermer 25 centrales nucléaires pour obtenir un accord électoral, hypothéquer ainsi l’indépendance énergétique de la France et envoyer au monde entier un signal que l’on ne croit plus à cette énergie tout en conservant les deux tiers est une erreur politique impardonnable.

Sur la forme, François Hollande déclarait en mars dernier « abandonner une industrie où on est sans doute les meilleurs, ne se serait ni économiquement sérieux, ni écologiquement protecteur, ni socialement rassurant »[1]. Accepter 8 mois plus tard d’envoyer un tiers des centrales nucléaires à la ferraille pour un accord électoral avec les Verts c’est, en termes de communication politique, se positionner en chef de parti qui prépare les prochaines législatives, non en candidat à la Présidence de la République.

Sur l’opportunité : en décidant ce marchandage avant l’élection présidentielle, c’était fournir des bâtons à son adversaire pour se faire battre. Un candidat à la présidentielle doit être porteur d’une vision de la France et de l’avenir des français, non d’un projet construit à coups de compromis à l’intérieur du parti socialiste et avec les autres forces de gauche, ce qui lui fait perdre toute cohérence et force de proposition. Comment désormais François Hollande peut-il continuer à critiquer le peu de résultats obtenus par Nicolas Sarkozy au G20 face à la puissante Allemagne d'Angela Merkel après s’être renié en une semaine sous la pression d’un micro-parti ? Jean-Luc Mélenchon aura beau jeu de le présenter comme un capitaine qui guide son pédalo avec une girouette.

Lorsque l’on connait l’intelligence de François Hollande, une seule hypothèse permet  d’expliquer une erreur stratégique de cette importance.

Il se croit déjà élu et se comporte comme s’il préparait déjà les législatives qui se tiendront après l’élection présidentielle. Cette capacité des responsables politiques à disjoncter ne m’étonne pas.  J’en ai eu la preuve à plusieurs reprises lorsque  je dirigeais le SIRPA[2].



[1] AFP 18 mars 2011.

[2] Service d’Information et de Relations Publiques des Armées, rattaché au cabinet du Ministre de la défense.

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