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56% des personnes perçues comme ayant trop d'autorité pensent en avoir insuffisamment ou pas assez.
56% des personnes perçues comme ayant trop d'autorité pensent en avoir insuffisamment ou pas assez.
©Reuters

Miroir, mon beau miroir

Selon une récente étude de la Columbia Business School, la plupart des gens autoritaires n'ont pas conscience de l'image qu'ils renvoient aux autres. A contrario, ceux qui pensent être de fortes têtes sont parfois vus comme des bonnes poires.

En mai dernier, Jill Abramson a été renvoyée de son poste de directrice de la direction du New York Times. Et pourquoi ça ? Car elle était trop "poussive", trop "brusque", trop "autoritaire" murmurait-on dans le petit monde journalistique. Mais si le caractère tyrannique d'Abramson était connu de tous ses confrères, il y a peu de chances que la principale intéressée en ait été elle-même consciente.

Selon une récente étude de la Columbia Business School, aux Etats-Unis : "Trouver le juste milieu entre "être autoritaire" et "être malléable" est un challenge de base dans la vie sociale et dans le monde du travail". Par ailleurs, "nous avons découvert que ce challenge est compliqué par le fait que les gens n'ont pas conscience de la façon dont leur autorité est perçue par les autres", explique Daniel Ames, professeur de management à la Columbia Business School et co-auteur de cette étude. "Beaucoup pensent que leur autorité est appropriée quand elle est trop faible ou trop poussée pour les autres. Et à notre plus grande surprise, nous avons également découvert qu'il arrive parfois que l'autorité de certains soit parfaitement acceptée par les autres et que les principaux intéressés pensent à tort qu'ils sont tyranniques".

Basé en partie sur les précédentes recherches d'Ames et du professeur Frank Flynn, ancien de la Columbia Business School, la nouvelle étude sera publiée dans le Personality and Social Psychology Bulletin au cours du mois. Avec l'aide d'un de ses étudiants, Abbie Wazlawek, Ames a mené quatre études pour tester ses hypothèses sur l'autorité et la conscience qu'on en a. Dans trois des quatres études, les sujets étaient des étudiants en négociation à la Columbia Business School. La dernière étude était un sondage en ligne réalisé sur 500 Américains adultes.

Les études sur les étudiants simulaient des négociations sur des problèmes tels que les droits de licence. Une fois les négociations achevées, chacun répondait à des questions sur sa propre autorité et sur celle de ses confrères. Les négociateurs devaient ensuite deviner ce que les autres avaient dit d'eux.  

Globalement, la plupart des étudiants étaient à côté de la plaque. En effet, 57% des personnes qui sont vues par les autres comme manquant d'autorité pensent en avoir suffisamment ou même trop.

A contrario, 56% des personnes perçues comme ayant trop d'autorité pensent en avoir insuffisamment ou pas assez. Ainsi donc "la plupart des gens pensent qu'un de leur collègues est un tyran sans avoir aucune idée de ce qu'on pense d'eux ", déclare Ames. "Tristement, nos résultats suggèrent qu'assez souvent, le tyran n'est autre que nous-mêmes".

A leur plus grand étonnement, Ames et Wazlawek ont également découvert que beaucoup de personnes qui pensaient être trop autoritaires dégageaient une autorité "parfaite" pour leurs pairs. Ces personnes pensent qu'elles ont franchi les bornes durant les négociations alors qu'en fait, leurs confrères les ont trouvé mesurées.

Si cette tendance peut sembler inoffensive, voire positive, pour Ames et Wazlawek elle peut se révéler dangereuse. Car, comme le font remarquer les scientifiques, ceux qui ont pensé à tord être trop autoritaires sont plus susceptibles d'essayer de réparer leurs relations avec leurs partenaires, acceptant parfois des choses peu intéressantes pour eux juste pour tenter d'arrondir les angles. Ces négociateurs essaient de se justifier d'une erreur qu'ils n'ont pas commise. A la fin, chaque partie y perd.

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