"L'Echange" : Permanence et modernité de Claudel<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"L'Echange" : Permanence et modernité de Claudel
©La-tempete.fr

Atlanti-culture

Françoise Boursin pour Culture-Tops

Françoise Boursin pour Culture-Tops

Françoise Boursin  est chroniqueuse pour le site Culture-Tops.

 
Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
Voir la bio »
THEATRE
  "L'Echange" 
de Paul Claudel 
Mise en scène: Joseph Briaud
avec Léa Borenfreund, Joseph Briaud, Jean Dubarry, Laurène Renaut.
INFORMATIONS
Théâtre Le Guichet Montparnasse
15 rue du Maine, 75014 Paris
Métro: Montparnasse
Jusqu'au 28 décembre, jeudi à 19h
Durée: 1h15
Réservation: 0143278861.
                   ou sur place.
RECOMMANDATION : EXCELLENT
THEME
Deux couples face à face sur la plage, côte Est des Etats-Unis: l'un est français, l'autre américain.
Marthe et son mari Louis Laine, arrivés de France, vivent dans une cabane. Louis Laine travaille pour le couple américain; elle représente la rigueur, l'honnêteté, l'amour, la soumission, tandis que lui, vingt ans, qui a "du sang indien dans les veines", est à la recherche permanente d'un ailleurs; il est gardien de la maison du couple américain.
Côté américain, lui, Thomas Pollock Nageoire, est un businessman qui aime l'argent et à qui tout réussit, tandis que sa femme, Lechy Elbernon, actrice un peu vieillissante, alcoolique, recherche une nouvelle jeunesse qu'elle croit trouver auprès de Louis Laine.
Sans argent et sans avenir, Louis Laine vend sa femme à Thomas Pollock Nageoire qui apprécie les qualités de Marthe.  Mais Lechy Elbernon sent le jeune homme lui échapper: elle le tue et met le feu à la maison de Thomas Pollock Nageoire.
La situation ambigüe a tourné au drame.
POINTS FORTS
1) C'est un extraordinaire face à face de deux couples que tout oppose: leur jeu remarquable les rend crédibles.
2) Même si les quatre personnages ont  parfois l'air de marionnettes, on s'attache à eux et on finit par comprende leurs aspirations et leurs incompréhensions. 
3) On comprend aussi que les personnages représentent quatre faces de Claudel: la rigueur, la fougue, l'éclat et la virtuosité.
4) Le découpage du texte est une grande réussite: il est réduit à 1h15, donc une durée acceptable pour le spectateur, sans que le sens et la magie poétique de la parole aient disparu.
5) La mise en scène, avec les sièges en forme de cubes, la présence constante des quatre personnages même quand ils ne sont pas concernés, et la séparation visuelle entre les actes, donnent une très forte intensité dramatique au texte.
POINTS FAIBLES
Bien peu nombreux dans cette belle pièce:
1) Les deux acteurs qui jouent les rôles des Américains semblent bien jeunes pour les personnages. Ainsi Lechy Elbernon ne ressemble nullement à une actrice vieillissante. Ce décalage ne concerne en rien la qualité de leur jeu.
2) Le retour de Louis Laine mort sur un cheval était sûrement plus évocateur que son arrivée dans les bras de Thomas Pollock Nageoire.
3) Les caresses appuyées de Lechy Elbernon à Mathilde à la fin de la pièce m'ont semblé déplacées; et elles n'apportent rien à la psychologie des deux femmes.
EN DEUX MOTS
Une adaptation et une interprétation exceptionnelles d'une pièce difficile: elle est rendue ainsi abordable et émouvante pour de multiples spectateurs.
UN EXTRAIT
Mathilde à Louis Laine: "Donne-moi tes mains! Donne-moi tes deux mains!
Ô main droite! Ô  main gauche!
Ô main! Je te tenais dans la nuit et, le coeur plein de joie, je comptais tes doigts l'un après l'autre.
Ô mains! Pourquoi avez-vous été si promptes à prendre et à lâcher!"
L'AUTEUR
Paul Claudel (1868-1955) fut à la fois diplomate et écrivain. 
Il écrit "L'Echange" en 1894, au moment où il obtient son premier poste aux Etats-Unis, à New York puis Boston et où il est fasciné et gêné par toutes les différences entre les deux continents. 
Ses principales pièces sont ensuite: "Le Partage de Midi " en 1906", "L'Annonce faite à Marie" en 1910", "Le Soulier de Satin" en 1924.
Pendant ce temps, sa carrière le mène à travers le monde, en Chine, au Brésil, comme ministre plénipotentiaire; puis il est ambassadeur au Japon, à Washington et pour finir à Bruxelles. 
Il a su concilier ses talents d'homme de théâtre et de poète  et son goût pour la diplomatie.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !