Atlanti Culture
"Impénétrable est le monde" de Mario Andrea Rigoni : l’intelligence pétillante, la culture jaillissante, ça fait du bien, et en plus ça fleure bon l’Italie
Mario Andrea Rigoni a publié "Impénétrable est le monde" chez Arcadès Ambo Editeurs.
"Impénétrable est le monde" de Mario Andréa Rigoni
Préface de Paola Capriolo - Traduit par Louis-Charles Reynaldi - Arcadès Ambo Editeurs, 90 pages, 15€, paru le 25 mars 2021
Recommandation

Thème
« En apparence, écrit Paola Capriolo dans sa préface, rien de plus hétérogène que ce livre. » On y trouve en effet de tout : des aphorismes porteurs de réflexions métaphysiques et d’observations sur les mœurs, des divagations sur le diable, la Grèce et le Japon, une méditation sur les différences spirituelles entre Orient et Occident, un hommage à Cioran … Ce qui en fait l’unité, c’est l’intelligence et la beauté.
Points forts
Ce livre, publié en Italie en 2019 sous le titre « Fondi di cassetto », en français, « Fonds de tiroir », ne doit pas prêter à confusion. On y trouvera matière à penser, à rire, à s’interroger. Ces « fonds de tiroir » ont la valeur des découvertes soudaines, faites à l’occasion d’un déménagement. Que de bijoux oubliés dans un meuble !
On saluera également la qualité de l’édition proposée par Arcadès Amb
Points faibles
Nous sommes au regret de ne point en déceler.
En deux mots ...
Intelligence, profondeur et poésie. Un régal !
Un extrait
« L’image la plus juste de Cioran tient peut-être dans une boutade de Jean-François Revel : ‘’imaginez Pascal venant d’apprendre qu’il a perdu son pari et vous aurez Cioran’’ ».
« Nous ne pensons jamais aux millions de personnes qui, dans le monde, travaillent et meurent peut-être, juste pour nous assurer le privilège de nous ennuyer – et de nous en plaindre. »
« Quel sens peut avoir la manie universelle de se photographier sans cesse, de télécharger sur un site des vidéos personnelles, intimes et même porno, de s’exhiber dans des karaokés ? Apparaître – pour se convaincre d’exister, ou plutôt s’affirmer et se distinguer au moment même où l’on se soumet uniformément à la violence anonyme de la contrainte sociale. Il y a là quelque chose de pathétique, et même de dangereux. Jamais le moi n’a été aussi fragile, vain et grégaire, qu’aujourd’hui. »
« L’entrée d’Hitler dans l’histoire est marquée, avant même sa naissance, par l’officialisation du nom de son père, destinée à corriger l’obscure affaire de ses origines. (…) En 1876, Aloïs Schicklgruber changea son nom en Aloïs Hitler. On peut croire son fils quand il déclare que, de tout ce que fit son père, rien ne le rendit aussi heureux que de s’être débarrassé d’un nom aussi grossier. Nul doute que Heil Schicklgruber eût été un salut invraisemblable pour un héros national. »
« Épitaphe.
Il se détesta, se méprisa, mais il aima et fut aimé. Tel fut le paradoxe de sa destinée. »
L'auteur
Grand spécialiste de Leopardi, éditeur en Italie de Cioran (auquel il fut lié par une longue amitié), Mario Andrea Rigoni, né en 1948, a été professeur de littérature italienne à l’université de Padoue. Paola Capriolo est journaliste aux pages « culture » du Corriere della Sera.
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