“Citizenfour” : froid dans le dos<!-- --> | Atlantico.fr
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Le documentaire Citizenfour
Le documentaire Citizenfour
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"Citizenfour", le documentaire réalisé par Laura Poitras sur l'affaire Snowden, pose de manière spectaculaire et profonde la question de la survie de nos libertés. A voir absolument.

Philippe Moisand pour Culture-Tops

Philippe Moisand pour Culture-Tops

Philippe Moisand est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

 

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LA REALISATRICE
Laura Poitras est américaine. Elle n'a jusqu'ici réalisé que des documentaires : après "My country, my country", sur la guerre américaine en Irak, elle a tourné "The Oath", sur la prison de Guantanamo. C'est sa réputation de spécialiste de la surveillance généralisée qui a conduit Edward Snowden à la solliciter secrètement, sous le pseudonyme de Citizenfour, pour qu'elle l'aide à dévoiler les informations ultra secrètes qu'il détient sur le fonctionnement de la National Security Agency (NSA), organisme étatique américain interceptant sans vergogne les conversations et courriels privés. Le documentaire qu'elle en a tiré a obtenu le prix du meilleur film documentaire 2015, tant aux BAFTA britanniques qu'aux Oscars américains.
THEME
C'est dans une chambre d'hôtel de Hong Kong, à l'abri des regards indiscrets que se déroule ce huis clos palpitant. Au fil des jours, Edward Snowden livre ses informations aux deux journalistes du Guardian (quotidien britannique) qu'il a également conviés et se confie sur ses intentions profondes, ses craintes pour ses proches qu'il n'a pas tenus au courant de sa démarche pour ne pas  les exposer, sa détermination d'aller jusqu'au bout quoiqu'il puisse lui en coûter. Là est  le véritable cœur du film, même si quelques escapades rapides nous montrent les installations américaines et britanniques de collecte du renseignement, les développements politiques de ce qui devient une véritable affaire mondiale d'espionnage embarrassant visiblement le président américain, l'intervention de Julian Assange (un autre donneur d'alerte) et de Wikileaks pour organiser son exfiltration vers l'Equateur (inopinément interrompue à l'escale de Moscou).
POINTS FORTS
  • La dénonciationtrès calme dans la forme, mais virulente sur le fond, de ce dont les Etats sont capables pour s'introduire subrepticement dans la vie privée des gens sous le prétexte d'assurer leur sécurité.
  • La personnalité de Snowden qui n'apparaît à aucun moment sous les traits d'un révolutionnaire hostile à son propre pays, mais plutôt comme un homme réfléchi et déterminé qui n'accepte pas ces atteintes massives et organisées à la vie privée des gens, dès lors qu'elles conduisent inéluctablement à la mort de la liberté d'expression.
  • Une réalisation impeccable, en dépit des difficultés évidentes qu'a dû rencontrer Laura Poitras pour le tournage.
  • Plus fort qu'une fiction: les acteurs jouent leur propre rôle en temps réel.
POINTS FAIBLES
On en voit peu, si ce n'est qu'on aimerait en savoir plus sur l'exfiltration de Snowden, sur l'accusation d'espionnage dont il est victime, sur sa vie d'aujourd'hui, sur la relative discrétion des Etats à propos de l'utilisation réelle qu'il font des autorisations parlementaires de déroger au principe du respect de la vie privée. Mais chut! c'est un secret d'Etat. Un film danois, diffusé jeudi 5 mars sur Planète + CI ("Snowden, ennemi d'Etat"), et commenté par Le Monde, apporte un utile complément d'information sur les circonstances de l'exfiltration et sur le peu d'empressement des pays européens à accorder le droit d'asile à Snowden.
EN DEUX MOTS
Vous aviez entendu parler de Big Brother et vous vous demandiez peut-être si la croyance en son existence ne relevait pas du fantasme. Pas de doute; il est là et bien là, doté d'une puissance démultipliée par les progrès incessants de la technologie. On ne peut pas rester insensible à cette démonstration convaincante des risques encourus par les démocraties occidentales, bien peu regardantes sur les moyens utilisés certes pour combattre le terrorisme mais aussi pour d'autres fins beaucoup moins avouables. La force de la démonstration tient à la fois au courage de Snowden et des deux journalistes du Guardian et au fait que leur histoire s'écrit au jour le jour devant la caméra. Bref, on ne s'ennuie pas une seconde pendant les deux heures que dure la projection et on en retire un véritable sujet de réflexion sur l'avenir de nos démocraties.
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