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« Jeu du suicide » : Ce qu’il faut savoir sur le Momo challenge qui s’invite jusque dans des vidéos d’apparence inoffensive à destination des tout petits enfants
©© Capture d'écran Youtube

Attention please

Une fausse information a circulé cette semaine en Angleterre: une mère aurait surpris son fils de huit ans avec un couteau sur la gorge : le garçon aurait reçu ce "défi" relayé par le "Momo Challenge". Si l'information a été démentie, les rumeurs du Momo Challenge servent de base à une nouvelle forme de harcèlement.

Emmanuelle Piquet

Emmanuelle Piquet

Psychopraticienne, formatrice, et auteure, Emmanuelle Piquet est diplômée en thérapie systémique et stratégique. Elle consulte à Lyon et à Mâcon, notamment pour traiter les souffrances des enfants.
Elle a publié "À quoi ça sert de vivre si on meurt à la fin ?" et "Sous l'escalier". Le 1er octobre 2014 sort son nouveau livre à destination des parents d'enfants harcelés : "Te laisse pas faire".

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Atlantico : En quoi cette pratique du Momo Challenge serait-elle inquiétante ? Que dit-elle des nouvelles pressions qui pèsent sur les enfants et jeunes aujourd'hui ?

Emmanuelle Piquet : Il me semble d'abord qu'ici, le terme de harcèlement ne convient pas. 

Il s'agit plutôt d'une espèce d'attirance/répulsion liée à un contenu anxiogène. Pour parler aux générations précédentes, c'est un peu comme lorsqu'on disait "ne jamais dire trois fois dame blanche devant un miroir à minuit". Certains avaient trop peur pour le faire, d'autres le faisaient...La peur, (tout comme l'interdit d'ailleurs), peut parfois être excitante, c'est l'ingrédient majeur d'un grand nombre de parc d'attractions. 

Ce qui est inquiétant en revanche, c'est que certains risquent leur vie en raison de cette attirance, comme cela semblait être le cas pour ce garçonnet avant démenti. Même s'il n'y a aucun suicide lié à "Momo Challenge" pour l'instant, il est important de le rappeler, parce que l'emballement crée souvent l'envie à certains avides de frissons et d'impacts sur les réseaux,  de l'amplifier d'avantage.

Quelles solutions vous semblent appropriées pour lutter contre ce type de harcèlement ? Une législation plus dure ? Un contrôle plus important de l'accès aux réseaux sociaux ?

En la matière, celle des relations humaines, par essence mouvantes et difficilement contrôlables, on constate que le contrôle plus dur génère fréquemment une créativité accrue des enfants et adolescents pour s'y soustraire. Il est selon moi mille fois plus efficace de parler à ses enfants (et à ses élèves) en expliquant le phénomène et en montrant des photos de cet atroce personnage (plus on le cache, plus il est angoissant) en expliquant d'où il vient, comment il est apparu sur les réseaux, sur quelles émotions il joue et quelles peuvent en être les conséquences très négatives. Pour démystifier le mécanisme et le rendre moins magique dans l'esprit des enfants.

Souvent les cyber harceleurs sont en fait des adolescents, qui ne se rendent pas forcément compte des conséquences de leurs actes, la solution serait-elle plus de prévention dans les écoles ? 

Momo Challenge est rarement un média privilégié dans les situations de harcèlement entre pairs. La seule fois où nous y avons été confrontés (nous recevons plus de 500 enfants et adolescents harcelés par an chez Chagrin Scolaire), c'était dans le cas d'une situation où un élève de CM1 avait retrouvé une photo de Momo dans son cartable avec un numéro à appeler. Cela l'avait perturbé, il ne savait pas qui l'avait fait et il avait peur que ça recommence. C'était clairement une action malveillante. Nous avons accroché la photo sur son cartable avec inscrit :" je l'ai eu au téléphone, il devrait t'appeler bientôt."

En effet, notre hypothèse, étayée par 10 ans de pratique, c'est qu'il est toujours plus utile et apaisant à long terme d'outiller les enfants harcelés pour qu'ils puissent agir, que de faire de la prévention ou de la moralisation auprès des enfants/adolescents harceleurs. De nombreuses actions de prévention sont mises en place depuis près de 5 ans maintenant, sans effet sur les chiffres du harcèlement en milieu scolaire. Nous préférons donc une action plus résolutoire qui permet aux enfants en esouffrance d'aller puiser dans leurs propres ressources.

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