Quand le temps chevauche le tigre et quand chaque minute tinte : c’est l’actualité octobriste des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Un feu d’artifices mécanique pour les vingt ans de B.R.M.
Un feu d’artifices mécanique pour les vingt ans de B.R.M.
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Atlantic-Tac

Mais aussi les raisons du cœur en mode joaillier, les marées lunaires tricolores, les vingt bougies des hautes mécaniques, le culte du design iconique, le frisson aux enchères et les élans d’un octobre rose…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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LOUIS VUITTON x AKRIVIA : Un tambour qui sonne…

En découvrant le lettrage d’Akrivia sur le cadran, avec son V en LV du monogramme de Louis Vuitton, on comprend tout de suite que cette montre, dotée d’un boîtier (vaguement) Tambour de nouvelle génération, est un hybride horloger des plus prometteurs. La jeune horlogerie Louis Vuitton [même si la marque Louis Vuitton a un siècle et demi, son horlogère n’a guère que vingt ans] a ainsi choisi de s’allier avec un des jeunes horlogers les plus prometteurs de la scène suisse, Rexhep Rexhepi, qu’on peut déjà considérer comme lke successeur d’aînés aussi prestigieux que François-Paul Journe [Akrivia est le nom de marque choisi par Rexhep Rexhepi]. D’où les initiales LVRR-01 pour désigner cet étonnant chronographe à sonnerie, qui associe de façon inédite un tourbillon (dispositif mécanique qui règle la précision de la montre : on distingue sa rotation sous le cadran en verre fumé), mais aussi un chronographe pour le décompte des temps courts (rouge pour les minutes et bleu pour les secondes, sur un cadran en émail grand feu blanc très lisible au dos de la montre) et une sonnerie qui tinte à chaque minute décomptée par le chronographe. En prime, un superbe coffret Louis Vuitton en toile monogrammée repeinte à la main dans l’esprit du cadran chronographique au dos de la montre. Techniquement, ce mouvement est une prouesse mécanique, mais nous manquons de place pour en détailler chaque subtilité et chaque micro-innovation destinée à en optimiser l’isochronie et la fiabilité. Esthétiquement, ce boîtier en platine de 40 mm reste (vaguement) dans le cousinage des boîtiers Tambour, mais il s’en distingue par son double cadran (double face) et, surtout, par une certaine virilité plus musclée, le monopoussoir ajoutant encore à la radicalité horlogère de l’ensemble. Stratégiquement, pour Louis Vuitton, c’est un arraisonnement très bien pensé d’un de ces jeunes horlogers qu’on sent appelés à « casser la baraque » dans les années à venir : c’est, pour Louis Vuitton, une manière de prendre une option sur cet avenir des montres de haut lignage mécanique…

BACKES & STRAUSS : Le cœur a ses raisons…

Allez, pour changer de l’horlogerie testostéronée, un peu de douceur dans la douce lumière des péridots de cette Queen of Hearts signée Backes & Strauss, le joaillier londonien qui a repris la tradition de la plus ancienne maison diamantaire du monde, créée en 1789. En plus des 36 péridots en forme de cœur disposés autour du cadran et des quatre péridots en cœur du cadran, près de 250 diamants décorent le boîtier en or blanc et le centre du cadran en nacre (soit un total de 290 pierres, qui pèsent dans les 5,97 carats). Il existe également une version en or rose. Si vous vous posez des questions sur le prix de ce chef-d’œuvre d’horlogerie dédié à ces passions que le cœur suscite, c’est probablement que vous n’avez pas les moyens d’imposer raison à ces passions – mais comptez tout de même sur une addition à six chiffres en euros plus ou moins taxés : que voulez-vous, cette année, es péridots les plus purs, ceux des lointaines mines chinoises des monts Changbai, sont hors de prix…

LOUIS MOINET : Un puzzle tigré pour passer le temps…

Le tigre qui vous guette sur ce cadran est en fait un puzzle de peinture miniature, qui compte 81 pièces différentes disposées sur quatre niveaux différents. La performance artistique souligne la performance esthétique, elle-même mise en valeur par la performance mécanique d’un tourbillon qui ronronne majestueusement sous les moustaches de ce tigre au regard grave – vous aurez 96 heures, soit quatre jours de réserve de marche, pour profiter des rotations de ce tourbillon avant que ne cesse de battre le cœur de cette montre. Sous le dôme en verre saphir de ce boîtier en or rose de 41 mm, on peut admirer chaque détail de ce puzzle en veillant à ne pas trop regarder dans les yeux ce tigre attentif au moindre de vos mouvements. Avec son cadran puzzle, cette pièce unique Louis Moinet Savanna Tourbillon Tigre est un chef-d’œuvre du naturalisme horloger, en piste pour le Grand prix d’horlogerie de Genève 2023…

YEMA : La marée qui monte, qui monte…

Après quatre décennies de dépression profonde, l’horlogerie française a relevé le défi : les jeunes marques explosent de créativité et les maisons traditionnelles qui ont survécu se cherchent de nouvelles raisons de vivre dans des gammes supérieures. Tombée en de meilleures mains, la marque Yema fait ainsi son retour à l’orée du luxe horloger, sur un segment de marché déserté par les marques suisses. Tant mieux pour les amateurs, qui trouvent chez Yema d’excellentes raisons de porter de belles montres classiques à des prix décents. Ce qui n’empêche pas la néo-manufacture Yema – qui sait aussi réaliser ses propres mouvements – de pousser le souci de bien faire jusqu’à proposer, pour son 75e anniversaire, un tourbillon mécanique de toute beauté, logé dans un boîtier en bronze non moins superbe. Une réalisation horlogère de grande classe, signée Olivier Mory pour le tourbillon proposé ici dans une originale association à un maréographe (indicateur de marée selon l’heure lunaire : c’est le petit compteur bicolore à midi, avec la marée basse dans le rouge), le tout conçu, réalisé, assemblé et contrôlé dans un rayon de 72 km autour de Morteau, dans le berceau historique de l’horlogerie tricolore. Avec une étanchéité à 100 m et une résistance hors nomes (antimagnétisme jusqu’à 2 000 Gauss, antichoc jusqu’à 5000 G, etc.), ces tourbillons ne seront disponibles qu’en 75 exemplaires – normal pour souffler 75 bougies ! – mais le succès prévisible de cette série, proposée à moins de 10 000 euros, est une des meilleures nouvelles qui soient pour l’horlogerie française, remusclée esthétiquement et mécaniquement par une jeune génération bien décidée à ne plus se laisser marcher sur les pieds par nos amis suisses…

B.R.M. Chronographes : On n’a pas tous les jours vingt ans…

Déjà deux décennies ! Les « jeunes » marques indépendantes de la nouvelle génération française ne sont plus si « jeunes ». Avec les années, B.R.M. (Bernard Richards Manufacture), la seule vraie manufacture horlogère de la région parisienne, n’a pas trouvé le temps de s’assagir : l’esthétique est toujours aussi radicale, dans un style démonstratif tenté par le brutalisme mais tempéré par les codes automobiles qui l’inspirent. Ce n’est pas pour rien que Bernard Richards est devenu le fournisseur officieux – presque officiel – de tout ce que la planète France peut compter de coureurs automobiles et de champions du motoracing. Non content d’équiper les poignets de tous ces as du volant, B.R.M. leur donne aussi quelques leçons d’horlogerie mécanique, puisque la manufacture a su produire son propre mouvement automatique et même son tourbillon. Pour les vingt ans de la marque, cette équipe d’horlogers du Vexin français s’est contentée de se faire plaisir avec une montre anniversaire qui récapitule les petits bonheurs de ces montres et tous ces détails que les amateurs adorent : des « cornes » réglables taillées comme des pièces automobiles pour rattacher le bracelet au boîtier de 44 mm, qui est lui-même gravé avec un damier noir-gris qui rappelle les drapeaux des courses, des poussoirs et une couronne de remontage surdimensionnés mais repercés comme des cylindres et des pistons, un mouvement automatique apparent (un bon vieux Valjoux d’origine suisse comme on n’en fait plus) qui rappelle les moteurs de compétition, des grands chiffres inspirés par les marquages des voitures de course, des aiguilles au design « allégé » qui ressemblent à des pédales de frein ou d’accélérateur. Quoi encore ? Une série limitée à vingt exemplaires : normal, on n’a pas tous les jours vingt ans ! Bref, vous l’avez compris, cette V12-44-SQ est une grande vraie montre de luxe à la française – avec un tarif bien français qui fera honte à beaucoup de marques suisses qui auraient bien fait payer ce condensé d’art horlo-automobile deux ou trois fois ce prix (un peu plus de 13 000 euros, qu’on peut payer en trente-six mois si les temps sont durs). B.R.M. a même pensé à vous offrir l’écrin de remontage automatique qui maintient l’heure et la date même quand vous ne portez pas la montre…

BON À SAVOIR : En bref, en vrac et en toute liberté

•••• IKEPOD : intéressante reprise en main de son marché de la seconde main [les Ikepod de collection, désormais très recherchées] par une marque qui est redevenue française, après avoir connu deux défaillances en un peu mois de trente ans (2006 et 2012), mais qui a produit, au cours de la même période, moins de montres que certaines marques de luxe contemporaines en un mois ! D’où la valorisation de ces montres, parfois encore quasiment neuves parce que peu portées, ou carrément rééditées à l’identique sur la base des composants et des pièces détachées conservées dans les stocks. Un détour par le site de la marque s’impose pour mieux comprendre cette offre. Témoins d’une production restées artisanale, certaines pèces sont des « trésors » de l’histoire du design horloger, mais elles s’avèrent néanmoins abordables par rapport à bien des « stars » industrielles produites à des milliers d’exemplaires [comme les petits malins de la Silicon Valley en Californie, misez par exemple sur le chronographe Megapode ou sur l’épatante Solaris]•••• ENCHÈRES HORLOGÈRES : avis de tempête sur le marché des enchères pour les montres de collection. Après dix-huit mois de baisse lente mais régulière du prix des icônes (les montres les plus recherchées), qui ne valent plus, en moyenne, que la moitié dee ce qu’elles coûtaient début 2022, et après quelques coups de semonce comme les remous autour d’une Speedmaster d’Omega rachetée à prix d’or (trois bons millions) par Omega alors qu’elle avait été bidouillée par ce même musée Omega (!), des rumeurs désagréables et inquiétantes se manifestent autour de la vente charitable Only Watch de novembre [sur le thème « Où est passé l’argent ? », c’est-à-dire les 100 millions d’euros des ventes précédentes, qui devaient profiter à la recherche contre les myopathies]. De même, on voit simultanément apparaître sur le marché trop de pièces uniques et de montres qu’on nous disait rarissimes pour que les amateurs et les investisseurs, mais aussi les spéculateurs, n’en soient pas effrayés ! N’y aurait-il pas quelque chose de pourri au royaume des enchères horlogères ? •••• OCTOBRE ROSE : les horlogers ont du cœur et ils le font remarquer à l’occasion du Pïnk October (« Octobre rose »), ce mois dédié au combat contre le cancer du sein. La maison indépendante française Herbelin s’est ainsi engagée à reverser 10 % de la valeur des achats réalisés dans la boutique parisienne de la marque et des ventes en ligne à la Ligue contre le cancer (ci-dessous, un best-seller maison : la montre Antarès). La manufacture suisse Zenith a également dédié une série limitée Chronomaster Sport « Pink » à cette lutte contre un des cancers les plus meurtriers, en France (13 000 victimes par an) comme en Europe (plus de 100 000 décès par an) : 20 % du produit des ventes de cette montre seront reversés à une association spécialisée. Mentionnons aussi la L3 Cherry Blossom de Maurice de Mauriac, dont la marque reversera 20 % des ventes à une fondation de lutte contre le cancer. D’autres marques ont également saisi l’occasion de ce Pink October pour rhabiller de rose leurs modèles ou leurs présentoirs en vitrine. Tant que c’est pour la bonne cause…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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