Les pays riches ne sont responsables que d’une petite partie du plastique jeté dans les océans<!-- --> | Atlantico.fr
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La pollution au plastique dans les pays pauvres, comme en Chine, suscite beaucoup de craintes dans le cadre de la protection de l'environnement.
La pollution au plastique dans les pays pauvres, comme en Chine, suscite beaucoup de craintes dans le cadre de la protection de l'environnement.
©FRED DUFOUR / AFP

Atlantico Green

La majeure partie du plastique dans les océans provient de pays pauvres en Asie, selon une nouvelle étude de Our World in Data.

François Galgani

François Galgani

François Galgani est responsable de projet à l'Ifremer et spécialiste d'écotoxicologie marine. Il est particulièrement concerné par les effets toxicologiques des pollutions à caractère industriel sur les organismes marins.

Il est par ailleurs  spécialisé dans le suivi des déchets en mer et sur le littoral, leur dégradation et leurs impacts  sur la faune marine. A ce titre, il coordonne un groupe européen en support à la mise en place de la directive Stratégie pour le milieu marin.

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Atlantico : L’Asie émet 80% du plastique qui se retrouve dans les océans, l’Afrique 8%, l’Amérique 10% et l’Europe seulement 0,6%, selon des données de Our World in Data. Comment expliquer de tels écarts ?

François Galgani : Il faut reconnaître que l’Asie possède presque la moitié de la population mondiale. Mais dans ces pays, les infrastructures de traitement manquent cruellement. Les pays industrialisés comme l’Europe ou les États-Unis, qui produisent beaucoup, traitent et recyclent mieux. En Asie du Sud-Est, il y a des grands fleuves, qui drainent énormément de plastique vers la mer. Notons que l’Indonésie, qui possède 250 millions d’habitants, est un des principaux pollueurs. Les politiques, mais aussi le G20 s’orientent vers ces régions et tentent de développer des infrastructures pour limiter cette pollution.  

Les plastiques expédiés par les pays européens vers l’étranger sont-ils également responsables de cette pollution ?

C’est une question de marché. En Europe, mais aussi aux États-Unis, le traitement du plastique coûte trop cher et il est bien plus rentable d’expédier nos déchets vers l’étranger. La convention de Bâle de 2019 a estimé que les plastiques étaient une matière dangereuse - ce qui n’est pas toujours vrai - raison pour laquelle les exportations ont baissé. Ce qui était expédié en Chine repartait parfois vers l’Asie du Sud-Est, ce qui déplaçait toujours le problème. Il y a désormais un risque que ce déplacement pénalise désormais les pays africains, qui acceptent quasiment systématiquement les cargaisons de plastique.  

In fine, quelle est la part réelle de la pollution au plastique des océans qui nous est imputable ?

Tout dépend où on situe la responsabilité. Nous sommes responsables de la production mais pas forcément de sa mauvaise utilisation. Après fabrication, la responsabilité des pays comme la France est assez limitée. Le plastique qu’on trouve en mer, hors engins de pêche, sont souvent des plastiques à usage unique. C’est la raison pour laquelle la Commission Européenne a lancé sa directive plastique, qui passe par une loi anti-gaspillage interdisant les plastiques à usage unique comme les sacs, la vaisselle jetable … Le but est de limiter l’utilisation et la quantité de plastique rejetée dans les océans, qui devrait donc baisser.  

Concrètement, quelles sont les conséquences de cette situation ? Est-il possible d’aller plus loin pour réduire les quantités de plastique dans les océans ?

Selon l’ONU, nous sommes plus de 8 milliards sur la planète. Chaque individu est une source de plastique. La complexité des sources est la mère des batailles. Les fleuves canalisent les apports à la mer et si les cours d’eau étaient mieux gérées, on aurait une chance de réduire la pollution. Il faudrait mettre en place des filières de recyclage poussées à l’extrême, ce qui générerait des emplois. Pourtant, tous les plastiques ne sont pas recyclables et le problème est donc la fin de vie. La solution est donc de donner de la valeur à la fin de vie, en utilisant des matériaux 100% recyclables. Cet enjeu est considérable. Si c’était le cas, il y aurait moins de plastiques dans la nature ou il serait possible de le ramasser, comme c’est déjà le cas pour les bouteilles dans de nombreux pays africains. Enfin, il faudrait aussi développer des stations d’épuration et différentes infrastructures. 

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