Vincent Roger : "L'Île-de-France représente la quintessence de l'arrogance du Parti socialiste"<!-- --> | Atlantico.fr
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10 000 logements ont été attribués sans aucune transparence en Ile-de-France.
10 000 logements ont été attribués sans aucune transparence en Ile-de-France.
©Reuters

Subterfuge

La gauche se revendique d'une morale publique et se vautre dans un rôle de donneuse de leçons. Ses pratiques, sur le terrain, ne la confortent pas du tout dans cette ligne.

Vincent Roger

Vincent Roger

Né en 1969, élu de Paris de 2008 à 2020, conseiller de plusieurs ministres, Vincent Roger a été délégué spécial de la région Île-de-France aux Jeux olympiques et paralympiques de 2017 à 2021.

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Atlantico : Vous dénonciez lors des dernières élections municipales une gauche "donneuse de leçon" qui se considère "dépositaire de la morale publique". Ce constat a t-il changé ? Est-ce exacerbé en région Île-De-France ? 

Vincent Roger : Avec Valérie Pécresse, nous voulons que l'Ile-de-France rompe avec une gauche qui se considère propriétaire de l'éthique en politique, mais qui est en vérité une gauche sans gêne, qui se revendique dépositaire de la morale publique mais qui s'en amuse en permanence. Avec Valérie, nous avons proposé une charte pour redonner confiance aux citoyens, qui malheureusement ne croient plus en la politique. A notre grand étonnement, la gauche s'est refusée à signer cette charte. Nous proposons pourtant des choses simples, mais en rupture avec ce qui se passe au Conseil Régional depuis 17 ans (recrutements familiaux, logements dépendant de la région attribués de manière opaque, etc). Nous voulons une rupture complète avec cette gauche qui observe la paille coincée dans l'oeil du voisin quand une poutre se trouve dans le sien... 

Le bilan de la gauche francilienne représente la quintessence de l'arrogance du Parti socialiste qui considère que la morale, c'est pour les autres. Je vous donne des exemples très concrets : 10.000 logements sont attribués sans aucune transparence ; des systèmes de véritable machine à piston, où l'on case les "fils ou ami de", existent dans cette région, comme avec le Comité du Tourisme ; et enfin, parmi les dix villes les plus subventionnées par la région en 2012, neuf étaient à gauche. Ces éléments sont la preuve d'un copinage et d'un clientélisme exacerbé, et d'un certain sectarisme. 

Les élections régionales auront lieu les 6 et 13 décembre 2015. La gauche est-elle condamnée à perdre ces élections ? 

Une élection n'est jamais ni gagnée ni perdue. La région Île-de-France est structurellement à gauche. Les municipales puis les départementales ont ouvert la voie de l'alternance pour la région. Après 17 ans de mandat, il est urgent que les équipes et la politique changent, avec à la tête de la région une présidence qui se veut proche du quotidien des franciliens, et offre des solutions en matière de lycées, de transports, d'emplois, de qualité de vie, de développement économique... C'est le projet de Valérie Pécresse. Sa volonté est aussi de remettre la morale publique et l'honnêteté intellectuelle au centre de la gouvernance régionale. 

Quelles combinaisons la gauche initie t-elle ? 

Vous savez en Île-de-France, tout est possible à gauche. Tous les moyens sont bons. Les preuves en sont multiples. A commencer par les élections départementales de mars dernier dans le Val-de-Marne où la droite avait 30.000 voix d'avance. Dans ce département, grâce à un découpage électoral sur mesure, la gauche a pourtant réussi à se maintenir au pouvoir, en maintenant un bastion communiste.

En 2014, au soir de sa victoire, Madame Hidalgo expliquait, sans modestie, qu'avec elle les valeurs de la République l'avaient emportées. Aujourd'hui, elle a tout entrepris via  un amendement anti-NKM, pour interdire au leader de l'opposition municipale parisienne de siéger au Conseil de la Métropole du Grand Paris. La Commission des Lois de l'Assemblée, et c'est tout à son honneur, a refusé cette proposition émanant de la Mairie de Paris. 

La candidature du président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, à la présidence de la région Île-de-France, est-elle une illustration de vos propos ? Que vous inspire cette candidature ? 

Cette candidature symbolise cette gauche que je dénonce. Au regard de l'esprit des institutions, la candidature de Monsieur Bartolone est une forfaiture institutionnelle. Le président de l'Assemblée nationale est, dans notre pays, le médiateur du débat parlementaire. Il est par fonction le garant du débat démocratique en France. En se portant candidat à la région, il passe de maître de l'impartialité à candidat partisan. J'invite tous les lecteurs d'Atlantico à relire son discours d'accession au Perchoir, en 2012. J'avais été sensible à ce texte qui se référait notamment à Philippe Séguin. A l'époque, Claude Bartolone souhaitait faire de l'Assemblée "une Maison de verre" et un symbole de transparence. Il en fait, qu'il le veuille ou non, aujourd’hui son QG de campagne ! A l'époque, il voulait faire respecter les droits de l'opposition, il rentre aujourd'hui en campagne contre elle. A l'époque, il voulait que sa présidence incarne l'intérêt général, aujourd'hui il défend des intérêts partisans. Au lieu de donner des leçons sur la République, Monsieur Bartolone devrait comprendre qu'en République, on ne peut pas être juge et parti. 

Depuis les élections départementales de fin mars, les élus franciliens se divisent autour de la présidence du SIAAP (le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne). Pourquoi ce syndicat est-il le théâtre d'affrontements ? Quels sont les enjeux autour de cet établissement qui n'a plus de gouvernance ? 

J'observe, dans ce dossier aussi, un déni de démocratie. C'est l'absence de respect et de morale, doublé d'une tentative de hold-up, sous l'impulsion de Madame Hidalgo et de Monsieur Bartolone. Le SIAAP est extrêmement important au niveau interdépartemental, car il s'articule autour de quatre départements que sont la Seine-Saint-Denis, Paris, le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine, pour la gestion et le traitement de l'eau. C'est un budget d'un milliard trois-cent millions, avec la gestion de 1700 agents. Depuis 40 ans, la désignation du président de ce syndicat se fait selon des règles immuables. Au regard des résultats de mars dernier, la droite devrait avoir un siège d'avance et le président du SIAAP devrait être Jean-Didier Berthault (Les Républicains), un élu remarquable dont les compétences sont reconnues à droite comme à gauche, et actuellement vice-président du syndicat. La gauche, au lendemain des départementales, a décidé de bafouer les règles en vigueur depuis 40 ans, en biaisant complètement le système proportionnel pour la désignation des élus au conseil d'administration du SIAAP. On se retrouve dans des situations aberrantes : dans le Val-de-Marne, la droite a moins de représentants au SIAAP alors qu'elle a plus d'élus au département. 

Cet exemple illustre très concrètement une gauche qui donne des leçons mais qui se vautre dans un déni de démocratie inédit. Cette affaire du SIAAP est proprement scandaleuse. 

Pour toutes ces raisons, les élections régionales des 6 et 13 décembre prochains doivent être un moment de mobilisation pour dire non à cette gauche qui se considère comme dépositaire de la morale publique mais qui la bafoue en permanence. 

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