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Une étude de la NASA montre que le danger des débris sur orbite est plus élevé qu'on ne le pensait
©Reuters

Etrange...

La NASA vient de mettre au point un pistolet permettant de simuler les collisions dans l'espace. Son objectif est de pouvoir faire face à des cas de pollution cosmique et prédire les accidents éventuels.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico : En quoi consiste cette invention ? Est-ce une découverte majeure ?

Olivier Sanguy : Il ne s’agit pas d’une découverte majeure, mais d’un patient travail qui a abouti à de nouvelles données qui remettent en cause le risque habituellement attribué aux débris spatiaux. Tout d’abord, le pistolet est en fait un dispositif complexe et assez volumineux (il faut un hangar !) qui permet d’accélérer à de très hautes vitesses un projectile. On parle ici de 7 kilomètres par seconde ou 25 200 km/h. Le but est de reproduire ce qu’il se passe lorsqu’un satellite est heurté par un petit débris. Car à des vitesses de cet ordre, même quelque chose de l’ordre de quelques millimètres ou en dessous peut causer des dégâts. La NASA, comme les autres agences spatiales, dispose de modèles mathématiques pour évaluer le risque des collisions sur orbite et donc définir les protections. L’idée est que les plus gros débris, ceux de plusieurs centimètres, sont détectables par des radars au sol. Ceux de 10 cm et plus sont même catalogués. Pour les plus petits (ordre du millimètre), il faut concevoir les engins spatiaux de façon à ce qu’il puisse résister à des impacts. Avec le programme DebriSat initié il y a quelques années, la NASA travaille sur ce sujet avec plusieurs partenaires, dont l’université de Floride. Un test de collision réalisé au sol avec une maquette réaliste de satellite a semble-t-il donné beaucoup plus de débris potentiellement dangereux que ce qu’on estimait auparavant.

Dans quelle mesure cela est-il crucial pour le développement économique et spatial ?

S’il y a plus de risques liés aux collisions, à la fois parce qu’il y a plus de débris engendrés et parce que les dégâts potentiels sont plus importants, alors il faut en tenir compte dans l’architecture des satellites qu’on envoie là-haut. Ce qui peut éventuellement augmenter le coût de ces engins. Cela fait un moment que des spécialistes des débris spatiaux tirent la sonnette d’alarme, mais pas de façon catastrophique. C’est-à-dire qu’on n’envisage pas pour le moment que l’accès à l’espace devienne impossible. En revanche, on pourrait constater une augmentation des défaillances causées par les collisions, ce qui aura forcément un impact financier, à la fois par la perte partielle ou totale d’un satellite mais aussi par l’interruption de sa fonction. C’est pourquoi les agences spatiales et les industriels s’obligent de plus en plus à suivre un ensemble de bonnes pratiques qui doivent réduire significativement le nombre de débris. L’exemple le plus évident est de gérer la fin de vie d’un satellite en contrôlant sa rentrée dans l’atmosphère où il se consumera plutôt que de le laisser errer sur orbite où il deviendra éventuellement une source de débris lui-même. L’agence spatiale française CNES a, au passage, développé une compétence reconnue dans le domaine des débris.

Sommes-nous à l'aube d'une nouvelle guerre des étoiles ? 

Plusieurs pays ont déjà procédé à des tests d’arme anti-satellite. Pour le moment cela consiste à détruire une cible sur orbite pour démontrer qu’on sait le faire. Les États-Unis, l’URSS puis la Russie, la Chine et l’Inde l’ont fait. Le problème de tels tests est qu’ils produisent beaucoup de débris et les études récentes montrent qu’il y en a plus que ce que les modèles théoriques précédents laissaient penser. En cas de conflit, une possibilité serait donc de détruire les satellites de l’ennemi afin de le priver des moyens de renseignements ou de télécommunications fournis par son segment spatial. Le danger de telles attaques est le nombre de débris générés et leurs collisions éventuelles avec d’autres satellites civils.

Cependant, il existe aussi des moyens de neutraliser des satellites sans destruction physique par brouillage électronique par exemple. Il est clair que le climat géopolitique actuel a conduit à une militarisation plus poussée de l’espace. Mais n’imaginez pas des armes de destruction massive sur orbite (ce qui est interdit par les traités). Il s’agit plutôt pour les militaires de disposer de satellites de renseignement et de télécommunications sécurisées tout en veillant à les protéger.

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