"Un léger doute" de Stéphane De Groodt : je joue, donc je ne suis pas…<!-- --> | Atlantico.fr
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"Un léger doute" de Stéphane de Groodt est à voir au Théâtre de la Renaissance à Paris.
"Un léger doute" de Stéphane de Groodt est à voir au Théâtre de la Renaissance à Paris.
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Atlanti-Culture

La pièce "Un léger doute" de Stéphane De Groodt est à voir au Théâtre de la Renaissance à Paris.

Jean Ruhlmann pour Culture-Tops

Jean Ruhlmann pour Culture-Tops

Jean Ruhlmann d’abord professeur d’histoire en collège, est actuellement enseignant-chercheur en histoire contemporaine à l’université de Lille – Charles de Gaulle. Le théâtre est une passion qui remonte à sa découverte du Festival d’Avignon ; il s’intéresse également aux séries télévisées. Il est, avec Charles Edouard Aubry, co-animateur de la rubrique théâtre et membre du Comité Editorial de Culture-Tops.

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"Un léger doute"

De Stéphane De Groodt

Mise en scène : Jérémie Lippmann

Avec Stéphane De Groodt, Constance Dollé, Eric Elmosnino, Bérangère Mc Neese

INFOS & RÉSERVATION

Théâtre de la Renaissance

10, Bd Saint Martin

75010 PARIS

01 42 08 18 50

http://www.theatredelarenaissance.com

Jusqu’au 7 janvier 2024. Du mardi au samedi à 21h, plus le samedi à 16h30 et le dimanche à 15h30

Notre recommandation : 4/5

THÈME

La pièce vient de s’achever, les comédien-ne-s viennent d’être salués par un public bon enfant, mais tout de même un peu étonné de devoir partir sitôt arrivé…

Du reste, la représentation est-elle vraiment terminée ? C’est l’avis de Jacques qui, redevenu Stéphane (de Groodt), se presse de récupérer les clefs de son scooter, qu’il enfourchera une fois qu’il aura appelé sa chère maman. Mais ce n’est pas l’avis de Constance, qui lui intime de revenir sur scène, d’autant que s’annoncent les deux invités de la pièce, qui eux aussi ont bien l’intention de poursuivre le spectacle.

C’est alors que Jacques-Stéphane, annonce à la cantonade consternée qu’il « est mort », et il se met à appliquer le doute cartésien tous azimuts, forçant ses petits camarades comédiens à sortir de leur rôle pour rentrer à ses côtés dans la vraie vie ...

POINTS FORTS

Le postulat de départ est intéressant, qui consiste à poser la mort de l’individu quand le comédien prend le dessus et n’a de cesse que la représentation ne s’arrête jamais. La “mort“ de Stéphane conditionne ainsi la survie de Jacques, idem pour Constance (Dollé), Eric (Elmosnino) ou Bérangère (McNeese) qui, eux, semblent très bien s’en accommoder.

Tout ceci suppose une construction très serrée, qui juxtapose voire intercale efficacement des scènes relevant de la pièce avec d’autres qui traitent des personnes en réalité. Ainsi la pièce est-elle jalonnée de multiples décrochages et téléscopages, procurant au spectateur, même le plus vigilant, un vertige délicieux

Cela suppose également des comédiens qui suivent parfaitement une partition décalée, aux frontières de l’absurde. Dans le cas présent, tous nous (et se) régalent de leur dédoublements délibérés ou involontaires, notamment Constance Dollé, survoltée et proprement étourdissante.

Mais c’est sur le ton de la comédie que ces graves questions sont abordées : les réparties, incessantes, pullulent et font mouche, les objections sont concrètes et souvent comiques, un « rap couche-cul » helvétique s’invite même en prévision des obsèques de Jacques-Stéphane, et ce morceau (de Beaufort) a des paroles épicées (« Viens ma pt’ite chatte / Broute, broute mon Pt-it Suisse… »)...

QUELQUES RÉSERVES

Les incessants décalages entre fiction théâtrale et vie réelle (elle-même mise en scène) peuvent donner le tournis au public. Au fond, qu’importe ! Il suffit de lâcher prise, et de se laisser porter par la petite musique entraînante d’un spectacle bien pensé.

ENCORE UN MOT...

Voici une pièce audacieuse, qui examine sur le mode de la comédie les constructions de la conscience, et propulse Stéphane de Groodt au rang de “Pape du non-existentialisme“ !

UNE PHRASE

Bérangère [nigaude] : « Des courgettes de quoi ?

Constance [exaspérée] : … Des courgettes de papa et maman courgette ! »

Bérangère [définitivement idiote] : « L’acuité, c’est quand on a trop bu ? »

L'AUTEUR

Né en 1966 à Bruxelles, ce fils d'un ingénieur et d'une femme au foyer connaît d’abord un parcours scolaire chaotique. Aussi le jeune Stéphane s’oriente-t-il d’abord vers la course automobile, non sans faire ses premiers pas dans la comédie et vivre de petits boulots.

C’est en autodidacte que De Groodt se forme à la scène ; il commence à se faire connaître en écrivant des sketchs et des chroniques (où l’absurde règne sans partage) qui lui ouvrent les portes du PAF. Nombre de ses productions furent écrites en étroite collaboration avec Odile d’Oultremont, laquelle eut une importance considérable dans son parcours artistique comme dans sa vie privée.

De Groodt se fait connaître comme interprète à partir de Barbecue (2014), où il côtoie Franck Dubosc et Florence Foresti. Il eut ensuite pour partenaires Isabelle Carré (Paris-Willouby), ou encore Louise Bourgoin (L’un dans l’autre).

Sur les planches, on le retrouve aux côtés de Bérénice Bejo dans Tout ce que vous voulez d’Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte. Un léger doute est la première comédie écrite par Stéphane de Groodt.

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