Ukraine : avant Izium, ils disaient<!-- --> | Atlantico.fr
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Des soldats ukrainiens montent à bord d'un véhicule blindé à l'extérieur de la ville de Debaltseve, dans l'est de l'Ukraine, dans la région de Donetsk, le 24 décembre 2014.
Des soldats ukrainiens montent à bord d'un véhicule blindé à l'extérieur de la ville de Debaltseve, dans l'est de l'Ukraine, dans la région de Donetsk, le 24 décembre 2014.
©©SERGEI SUPINSKY / AFP

Que diront-ils demain ?

Ils disaient : « Les Ukrainiens les provoquent ; l’Otan les menacent ; l’Union Européenne les entourent et les agressent ! Et puis, ces Révolutions de couleur, nous savons très bien qui est derrière. De vieilles promesses orales ne sont plus respectées. Mettez-vous à leur place. Ils ont essayé de nous le faire comprendre subtilement et raisonnablement, en 2008 en Géorgie, en 2014 avec la Crimée. Les Russes ont quand même de vrais motifs d’inquiétude, des circonstances atténuantes. »

Antoine Cibirski

Antoine Cibirski

Antoine Cibirski est Diplomate européen, auteur de « Paradoxes des populismes européens » et du « Traité du Toasteur ».
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Ils disaient : « les Russes s’amassent à la frontière ; en Bélarus aussi; mais c’est un exercice ; ils nous l’assurent. Nous n’avons aucun motif de mettre en doute leur parole. Et ce sont des Slaves, des frères, des cousins. Ils n’oseront pas, ils n’en ont pas besoin. Ils n’attaqueront  pas ; ils n’envahiront pas ; ils se contenteront d’intimider, avec les mêmes résultats. »

Ils disaient : « Ce n’est plus qu’une question d’heures, de jours ; le rapport de force leur est trop défavorable ; la deuxième armée du monde ! Le gouvernement ukrainien va s’effondrer, l’armée se débander. Les Russes ne vont en faire qu’une bouchée. Nous ne le souhaitons pas, mais c’est inéluctable. L’histoire est tragique. Tout au  plus pourra-t-on évacuer Zelensky, avant qu’un gouvernement fantoche soit installé. »

Ils disaient : « Les sanctions seront symboliques ; elles ne marcheront pas plus que les précédentes depuis 2014 ; et puis les Européens sont désunis, ils n’y arriveront jamais. Ces sanctions sont contre-productives ; elles nous affecteront bien plus que les Russes. C’est une question de semaines, mais l’Ukraine est perdue. »

Ils disaient : « Il ne faut pas ajouter la guerre à la guerre ; d’ailleurs nous ne sommes pas en guerre. Nous le serions si nous faisions des zones de sécurité ou des zones de non survol ; pas de provocation, pas de bottes sur le sol, un embargo sur les armes… »

Ils disaient : « Il faut que Kiev négocie, et sur nos bases : Finlandisez-vous, mais pas trop non plus ! Il est toujours hors de question que vous entriez dans l’OTAN. La solution, c’est la neutralité, comme la Belgique en 14. Et nous le garantirons, comme nous l’avons si bien fait en 1994 avec le mémorandum de Budapest ! »

Ils disaient : « Ils osent se défendre dans les villes, dans leurs villes, menaçant inconsidérément leurs propres populations civiles ; ils ne respectent pas le droit de la guerre ! »

Ils disaient : « La guerre s’installe dans la durée. C’est une question d’années. Or quels sont nos intérêts ? Ce ne sont pas les Ukrainiens qui décident mais les Américains, avec les Européens qui suivent. L’UE n’est pas là pour mener un combat séculaire visant à appauvrir la Russie. Soyons objectifs. La morale ne fait pas une politique. Ce n’est pas notre guerre. »

Ils disent : « La paix et l’électricité ! La paix et le gaz ! La paix et l’essence ! Arrière les canons ukrainiens, arrière les Césars et les Himars ! Décrétons maintenant la guerre hors la loi, mais pas les opérations spéciales  ! Avec nous, Jaurès et Francis Lalanne, Romain Rolland et Royal, Aristide Briand et Bardella! »

Ils disent, sur un ton narquois : « Ce sont des faux compatriotes, de mauvais Alliés ! Ce sont des excités, des Croisés, des va-t-ten guerre ! Ils oublient le nucléaire. Ils sous-estiment la réaction de la bête blessée. Ils veulent se battre jusqu’au dernier Ukrainien ! ». 

Ils oublient que ce sont les Russes qui agressent, que ce sont les Russes qui étaient prêts à battre jusqu’au dernier Ukrainien.

Diront-t-ils demain, après Izium, puis après demain peut-être après Kherson : « Nous voulons nous battre jusqu’au dernier bourreau russe ? »

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