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Théâtre : Naufragé[s]
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THEATRE

Naufragé[s]

De Gabriel F.

Mis en scène par Gabriel F.

Avec Gabriel F. et Gaspard Liberelle

INFORMATIONS :

Théâtre du Rond-Point

Jusqu'au 3 février 

(20h30), dim. à 15h30

RÉSERVATIONS : 01 44 95 98 21 / www.theatredurondpoint.fr

RECOMMANDATION : EXCELLENT

THÈME

• Gabriel F. est un metteur en scène d’une curieuse espèce : enfermé dans sa solitude, il se méfie des acteurs, préfère le cinéma au théâtre, et s’échine à créer une pièce autour d’une rencontre et d’une séparation amoureuses inoubliables, mais dont on ne sait trop si elle a vraiment eu lieu, du moins dans les circonstances qu’il relate...

• Pour ce faire, il engage Gaspard, un prostitué, pour faire de la figuration muette, et se fixe un contrat assez retors : le choix du monologue lui évitera de « rien demander à personne », commencer son récit par la fin permettra de « mieux revenir à la joie du début », et tout à l’avenant.

• Vite engagé dans une impasse, Gabriel F. voit le déroulement de son projet lui échapper à peu près totalement : le mutique Gaspard se rebiffe, la réalité se rappelle à son bon souvenir. Gabriel perd tout à la fois le contrôle des événements et le peu de contenance qui lui restait…

POINTS FORTS

• Le point de départ est convenu – affres de la création et solitude du créateur, rencontre amoureuse menant d’un karaoké à un hôtel avec vue sur la mer entre deux hommes vite appelés à prendre des directions différentes – mais c’est à dessein, car Gabriel F. nous emmène, autant qu’il donne le sentiment d’être lui-même conduit, dans un parcours assez vertigineux. Au fil de la pièce, toutes sortes de questions sont posées sur les rapports entre le théâtre et la réalité : impasses auxquelles peut conduire le contrat de « l’histoire vraie », adéquation de l’amour avec la perfection, circulation incessante entre les temporalités (le passé de la rencontre amoureuse, le présent de la représentation, celui de la vie quotidienne), artifice ou profondeur de la musique dans l’expression théâtrale.

• Tout cela est traité sans didactisme pesant, et la pièce est à la fois poignante et drôle. En effet, par ses échanges avec une voix off (qui n’est autre que la sienne), avec l’éclairagiste, par sa capacité d’autodérision, Gabriel F. n’hésite pas à se malmener. Ce faisant, il brocarde tous ces dramaturges narcissiques et autocentrés obstinément convaincus que leur nombril est le centre du monde, voire de l’univers, et que les mignardises inspirées des épisodes vécus par eux ont valeur d’absolu.

POINTS FAIBLES

Je n’en vois guère.

EN DEUX MOTS 

Sous des dehors inoffensifs et sentimentaux, une réflexion originale et stimulante sur les rapports entre théâtre et réalité.

UN EXTRAIT 

Gaspard : « Mon amour, il est presque l’heure… Allons faire un plongeon !

Gabriel : Je ne sais pas nager… »

L’AUTEUR 

Gabriel F. est tout à la fois metteur en scène, dramaturge et comédien d’origine brésilienne (la représentation de Naufragé[s] le 31 janvier sera en Portugais non surtitré). Cofondateur de la compagnie Teatro de Açucar, il a créé depuis 2008 (Alèm do que se vê) divers spectacles dans ce cadre, participé à des coproductions espagnoles (d’Insomnio en 2011 à Carnaval en 2013). Adaptaçào (2013) est l’une de ses œuvres les plus remarquées, et Cleopatra (2018) est son dernier spectacle.

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