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Technologies numériques : le grand bond en avant des Européens par rapport au reste du monde
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Bonnes feuilles

Le numérique bouleverse nos sociétés de façon rapide. Sommes-nous enfin en train de vivre la mutation attendue vers un monde meilleur, une civilisation de la culture et des loisirs où les robots assureront les travaux pénibles ? Rien n'est moins sûr. L'homme semble hypnotisé par les nouvelles technologies, à portée de main via les écrans, les smartphones, les objets connectés … qui sont censés lui faciliter la vie, professionnelle ou privée. Pourtant, entre les promesses et les réalités, entre les mirages que véhicule la Silicon Valley et les pratiques sociales qui se mettent effectivement en place, les écarts se creusent. Extrait de "Un monde meilleur ?" de Thierry Venin, publié aux éditions Desclée de Brouwer (1/2).

Thierry Venin

Thierry Venin

Thierry Venin est docteur en sociologie. Après un parcours atypique (musicien de rue, instituteur, chauffeur-livreur), il dirige aujourd'hui une agence d'ingénierie informatique et il est chercheur associé au laboratoire SET.

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Le site de données publiques de la Commission européenne permet de compléter les chiffres. En 2012, le pourcentage des ménages ayant un accès internet à domicile est de 80 % en France et de 76 % dans l’Union à 27 avec des courbes d’évolution très similaires entre la France et la moyenne des pays de l’Union. Non seulement la masse critique est dès lors franchie mais bien plus encore, les ménages dont le foyer n’est pas connecté deviennent marginaux par rapport à la marche de la société dans son ensemble. Cela amène l’Union à poser une question statistique résiduelle: quelle est la proportion de ceux qui n’ont jamais utilisé Internet? En 2012, elle est de 15 % (population âgée de 16 à 74 ans). On ne trouve plus ce type d’enquêtes pour les entreprises: on peut en conclure que si l’Union ne s’y intéresse plus, c’est qu’elles sont supposées être toutes informatisées et donc connectées d’une façon ou d’une autre (DSL, RNIS, modem, fibre ou autre).

Les indicateurs se transforment en analyses statistiques des usages: pourcentage du chiffre d’affaires réalisé par le commerce électronique (14  % en France), échange électronique d’informations de vente et d’achat avec le logiciel de gestion interne (42  %), échange automatique de données avec les fournisseurs ou les clients (42  %), émission de factures électroniques (36  %), RFID (2 %), processus commerciaux automatiquement liés à ceux de leurs fournisseurs et/ou de leurs clients (13  %), utilisation des logiciels comme la gestion de la relation client (GRC) dédiés à l’analyse des informations sur les clients à des fins de commercialisation (19  %). L’Union s’intéresse aussi aux entreprises employant des salariés passant régulièrement une partie de leur temps de travail (demi-journée par semaine ou plus) à leur domicile d’où ils accèdent au système informatique professionnel. Hélas, le dernier indicateur remonte à 2006 et la France n’a pas fourni de chiffres; cependant la moyenne de l’Union est déjà de 13 % pour les entreprises de 10 à 49 salariés, 30 % pour celles de 50 à 249 salariés, 55 % pour celles de plus de 249 salariés.

Sur le plan des télécommunications, l’Union relève en 2009 en moyenne un taux de 125 abonnements pour 100 habitants, ce qui signifie toujours en moyenne que chaque habitant de l’Union a plus d’un abonnement. La France est un peu plus modérée, avec un taux de 95, donc un peu moins d’un abonnement par individu. Ces chiffres recoupent ceux de la CIA ou de l’Union internationale des Télécommunications (UIT), agence de l’ONU dédiée aux TIC. Le téléphone mobile couvre plus de 85  % de la population mondiale et a donc dépassé le seuil des 6 milliards de souscriptions. Les pays dits en voie de développement compensent la faiblesse des infrastructures fixes (lourdes) par un accès massif via la téléphonie mobile précédant en cela la tendance à la mobilité qui s’accentue aussi dans les pays développés. D’ailleurs, le seul indicateur en baisse concerne les abonnements aux lignes de téléphone fixes.

En Afrique sub-saharienne par exemple, le taux de pénétration de la téléphonie mobile est de 50 % alors que celui des lignes fixes est de 1 %. La Chine à elle seule dépasse le milliard de souscriptions à la téléphonie mobile. On retrouve cette même tendance au nivellement par le haut déjà observée entre zones rurales et zones urbaines ou entre petites et grosses entreprises en France. Fin 2011, ce sont plus de 2 milliards d’hommes qui ont utilisé Internet (une augmentation de 100 % en 5 ans). La conjonction des smartphones et de la diffusion massive de la téléphonie mobile devrait encore amplifier cette diffusion des TIC dans les pays dits en voie de développement, où la croissance annuelle des souscriptions est de 76 %. La proportion des internautes des pays dits en voie de développement est passée en cinq ans de 44 % à 62 %, sachant que la Chine compte aujourd’hui un quart des internautes mondiaux.

C’est ce que démontre le ICT Development Index (IDI) qui combine 11 indicateurs pour suivre les progrès dans l’accès, l’utilisation et les compétences TIC dans 155 pays. Le rapport 2012 souligne que l’omniprésence des téléphones mobiles, la mise en place de la téléphonie mobile à haut débit dans la plupart des pays du monde, associée à la disponibilité des smartphones et « ordinateurs tablettes», a suscité une forte augmentation des abonnements mobiles à haut débit, qui ont connu en moyenne une croissance annuelle de 41 % depuis 2007. Plus de 90  % de la population mondiale est «couverte» en réseau mobile 2G et presque la moitié en 3G.

127 des 144 pays dits en voie de développement ont un plan national haut débit. En 2014, il y aurait plus de souscriptions à la téléphonie mobile que d’hommes sur la planète. Pendant que l’ONU poursuit son programme One Laptop per Child(«Un ordinateur par enfant») lancé en 2005, qui a permis la distribution de 2,5 millions d’ordinateurs portables dans les pays dits en développement, la société congolaise VMK lance la première série de smartphones et de tablettes conçus par des Africains. Fort de leur marché intérieur et d’un savoir-faire acquis notamment en sous-traitance d’Apple, les entreprises chinoises se lancent aussi dans la course mondiale à la fourniture de smartphones. «Notre objectif est d’être parmi les cinq plus grandes marques en 2014 et dans le top 3 en 2016 », déclare Shao Yang, directeur du marketing de la société Huawei. En 2012, les ventes de smartphones ont augmenté  de 137 % en Chine pour atteindre 189 millions d’appareils.

Quatre firmes chinoises se classent dans le top 5 des fabricants derrière le Coréen Samsung.

Extrait de "Un monde meilleur" de Thierry Venin aux Editions Desclée de Brouwer. Pour acheter ce livre,cliquez ici.

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