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Sécurité sociale : la contraception des ados et l’étrange droit de mentir promu par l’Etat français
©Reuters

PLFSS 2016

L’accès des mineures à la contraception est un serpent de mer. Il est fascinant de voir que les pouvoirs publics, tout en marchant sur des oeufs sur la question des pratiques religieuses, favorisent des comportements de mensonge et de secret chez les adolescentes. On peut en comprendre les raisons, mais la méthode pose quand même question.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Dans la continuité d’une politique menée depuis plusieurs années, le PLFSS 2016 propose d’améliorer encore dont bénéficie les adolescentes qui souhaitent recourir à la contraception sans en parler à leurs parents. Voici les mesures proposées:

Ainsi, seront intégralement pris en charge dans la limite des tarifs de la sécurité sociale :

  • les frais d’examens de biologie médicale ordonnés en vue d’une prescription contraceptive,
  • la consultation médicale par un médecin ou une sage femme donnant lieu à la prescription d’un contraceptif ou d’examen de biologie médicale ordonné en vue d’une prescription contraceptive.

En parallèle, sera introduite la confidentialité de la réalisation de ces consultations et actes par les professionnels de santé ainsi que de leur prise en charge par l’assurance maladie.

Autrement dit, une adolescente qui souhaite prendre la pilule sans en informer ses parents bénéficiera d’une aide publique sous forme d’une consultation gratuite et d’une prescription dont le secret sera garanti.

La contraception et le droit de mentir

On comprend bien les raisons qui poussent les pouvoirs publics à endosser cette stratégie de désobéissance et de mensonge. Dans certaines familles, les règles morales sont rigoureuses et l’accès à la contraception avant la majorité n’est pas un sujet qui se discute.

La loi prévoit donc de contourner l’autorité parentale en permettant à des adolescents de s’y soustraire avec toutes les garanties pour que les parents ne le sachent. C’est donc un droit de mentir que la loi proclame et c’est quand même, pour les rationalistes, un sujet de fond. Dois-je rappeler ici l’opuscule de Kant qui montrait comment le mensonge était incompatible avec la raison?

Le fait que la République institutionnalise le mensonge, qui plus est le mensonge des adolescentes vis-à-vis de leurs parents sur la question de la sexualité, constitue ici une rupture majeure avec notre tradition. Jusqu’ici, en effet, le mensonge était banni de nos lois, et il devient désormais un principe admis.

On le sait tous, les régimes politiques qui ont mis en place des systèmes juridiques où le mineur pouvait accorder plus de confiance à l’Etat qu’à sa famille ont toujours sombré dans la tyrannie. Que l’Etat substitue son autorité à celle des parents en accordant un droit au mensonge sur cette substitution est un précédent terrible dont l’initiative interroge: de quel droit l’Etat autorise-t-il les mineurs à mentir à ceux qui exercent légalement une autorité sur eux?

La contraception est-elle une religion d’Etat?

A titre personnel, la contraception ne me gêne pas. En revanche, en tant que père, je peux imaginer que si ma fille vient me demander à 13 ans de prendre la pilule, je considérerai que mon devoir éducatif consiste quand même à la mettre en garde et à repousser de quelques années son recours à la contraception. Le problème ne se pose pas encore et je ne suis pas bien sûr de ma réponse ce jour-là. Mais supposons que sa demande relève d’une sorte de caprice ou d’imitation des autres, je jugerais quand même de mon devoir de lui dire non.

Et bien, avec les projets de Marisol Touraine, mon « non » sera facile à contourner, puisque la sécurité sociale lui permettra de rencontrer gratuitement et secrètement un médecin qui lui prescrira la pilule. Et c’est bien là que le bât blesse, parce que l’Etat a décidé de m’imposer unilatéralement une morale sexuelle qui n’a été discutée par personne. En réalité, c’est un(e) fonctionnaire du ministère de la Santé, cautionnée par une ministre dont la capacité éducative reste à démontrer, qui décide désormais des règles applicables dans les familles…

L’étatisation de la vie privée, la prise de possession des esprits par une République sectaire, telle est la réalité française aujourd’hui, singulièrement accélérée par la majorité au pouvoir depuis 2012.

La contraception et l’injonction paradoxale

Ainsi, l’Etat envoie un signal clair à nos enfants: désobéissez! mentez! quand vous êtes face à un refus, ne dialoguez pas, ne convainquez pas, trichez! Vos valeurs sont supérieures à celles de vos parents, et l’Etat vous aidera à les vivre unilatéralement!

Mais… ce même Etat viendra demain pleurnicher sur le dos de tous ces parents démissionnaires, qui n’assument pas leur devoir éducatif! ce même Etat se plaindra demain du manque de respect face aux règles! on continuera à voir des enseignants exercer leur droit de retrait pour protester contre la violence des élèves qui n’obéissent plus à personne. Ces mêmes enseignants conspueront ces parents qui leur demandent des comptes et passent tout à leurs gamins. Etc, etc.

Je hais cette morale de la contradiction et de l’hypocrisie, qui dénonce l’individualisme mais l’enseigne à nos enfants, qui protège les minorités mais leur impose des moeurs par le mensonge, qui prétend respecter la vie privée mais organise son viol systématique, qui fait l’éloge de la vertu, mais érige la dissimulation en principe de vie.

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