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Une photo prise depuis la ville de Sderot, dans le sud d'Israël, le 20 octobre 2023, montre de la fumée s'élevant au-dessus du nord de la bande de Gaza à la suite d'une frappe israélienne.
Une photo prise depuis la ville de Sderot, dans le sud d'Israël, le 20 octobre 2023, montre de la fumée s'élevant au-dessus du nord de la bande de Gaza à la suite d'une frappe israélienne.
©RONALDO SCHEMIDT / AFP

Conférence

Une importante conférence se tiendra le 30 novembre au Cnam Paris.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Réalité première : Dans un monde où l'État-nation doit toujours plus se défier du choc straté­gique inopiné (11 Septembre... Gaza...) ; monde où, moins que jamais, l'ennemi ne va de soi, nulle surprise n'est bonne. Et ça ne date pas d'hier : premier ministre à Londres (1957-1963) Harold Macmillan se voit demander ce qu'il craint le plus. Sa célèbre réponse : "Events, dear boy, events". Les évé­nements à venir, bien sûr.

D'où, la nécessité de prévoir, d'anticiper et plus encore dans l'actuel désordre mondial - mais est-ce simple ? Non : même une superpuissance risque l'aveuglement. En juillet, l'un des Think Tanks majeurs des États-Unis (As­pen Institute) organise, en mode What Next, la grande confé­rence stratégique de 2023. Sur quatre jours, le gratin politique, académique, militaire et mé­diatique des États-Unis (des mi­nistres et sénateurs, la CIA...) phos­phore sur la prospective, le high-tech, la diplomatie. Mais RIEN sur ce deuxième pôle mondial (BRICS, Organisation de la coopération de Shanghai, etc.) émergeant dans l'immense Eurasie. Rien surtout, sur l'immi­nent cataclysme au Moyen-Orient, dont le drame de Gaza n'est peut-être qu'un prélude - qui anéantit en tout cas, sans rémission, dix ans de diplomatie de Was­hington.

L'aveuglement est-il fatal ? Faut-il renoncer à prévoir ? Non : une voie existe vers la prospec­tive stratégique et la re­cherche criminologique y joue un rôle moteur. Bien sûr, tous ses sujets d'étude, criminels, terroristes, vivent cachés, sont clandestins ; pour eux tous, être vu, c'est être prévi­sible ; et là, élimination par d'autres bandits ou arrestation par la police. D'où le be­soin des criminologues d'en savoir plus et plus vite. Nous progressons dans cette voie, en équipe avec des concepteurs d'une intelligence artifi­cielle originale, dont l'ambition n'est pas d'envoyer l'humain à la casse, mais, bien au contraire, de potentialiser ses capacités ; de lui offrir des outils illustrant la devise des Jeux Olympiques "Plus vite, plus haut, plus fort".

Le 30 novembre 2023, au Cnam- Paris, se tiendra sur ce thème une conférence sur le thème

HORIZON 2030 : DÉTECTER, DÉMONTRER, DÉCIDER

Intelligence artificielle, géopolitique, anticipation

Sur inscription, elle est ouverte à tous ceux que ces problématiques intéressent :

https://my.weezevent.com/horizon-2030-detecter

(Nom, prénom, mail - dans un amphithéâtre du CNAM-Paris)

Dans un monde surinformé mais désinformé, penser la sécu­rité, c'est parer aux chocs straté­giques. D'où, le crucial besoin d'un renseignement d'alerte pour voir devant nous sur la route, le réel observable, réduire l'erreur décisionnelle et repérer à temps les menaces (entités, flux, ter­ritoires, situations).Dirigeants (militaires, renseignement, sécurité) stratèges politiques ou d'entre­prises : face aux nouveaux périls, mais aussi aux illu­sions et impasses, ce col­loque ou­vrira une réflexion collective et concrète sur rôle crucial des intelli­gences artificielles en ma­tière de prévision, de décèlement précoce et de pré­vention

Mais en quoi consiste le fait d'anticiper ? Pour Martin Heidegger (Hymnes de Hölderlin, la Ger­manie, le Rhin, Galli­mard, 1988), cela revient à scruter "L'abîme incréé où tremble et est con­tenu tout ce qui s'ap­prête à survenir". Descendons des pics d'une phénoménologie superbe­ment poétique vers les exigences immé­diates - et les craintes - du stratège, du chef d'État ou du patron d'une multinationale. Ici, prolonger les courbes, chercher dans le passé la trame du futur conduit à l'échec garanti ; et quatre mots cachent une infernale complexité : "L'incerti­tude n'est pas mo­délisable". Devant nous sur la route, l'incertitude c'est l'à-venir. Or d'usage, les or­dinateurs et désormais, les intelligences artificielles, modélisent. Ils font "tourner" une ma­quette" du sujet étudié, sidéralement plus vite que l'humain ; tordent ce sujet en tous sens et gagnent beau­coup de TEMPS. Et si cela fonctionne en général (nouveau vaccin... high tech...) l'échec est ab­solu dans la dimension temporelle. Casser la barrière du futur a sou­vent été tenté depuis la 2e guerre mondiale : un échec après l'autre dans cette voie dite du "tout-calcu­lable" - même si la cybernétique résulte de ces premières tentatives.

Anticiper serait-il donc pensable, à partir du théorème géopolitique + intelligence Artificielle ? Réflexions et début de réponse, lors de la conférence du 30 novembre prochain.

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