Premier tour des Législatives : l’étrange soirée …<!-- --> | Atlantico.fr
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Jordan Bardella lors de la soirée de résultats du premier tour des élections législatives à Paris, le 30 juin 2024.
Jordan Bardella lors de la soirée de résultats du premier tour des élections législatives à Paris, le 30 juin 2024.
©JULIEN DE ROSA / AFP

Avis de tempête

Au soir du premier tour des législatives les Français ont vécu une « tempête en direct », qui s’est déroulée sous leurs yeux . Avec une participation de 67%, il fallait s’attendre à ce que cela secoue … La vague a été forte …

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Si forte que quand on la prend dans la figure, on a tendance à suffoquer. C’est ce qui est arrivé au camp de l’ex-majorité ce dimanche soir de premier tour. Sonné, le « commandant » Macron est resté dans sa cabine élyséenne, se contentant d’un appel à un « large rassemblement démocrate et républicain …face au Front National ». Ce sont ses « seconds » qui sont montés au créneau sur les plateaux de télévision pour commenter les dégâts et donner les consignes, pas complètement au diapason…à l’image de l’incertitude sur l’issue de cette élection à deux tours qui laisse planer l’incertitude sur l’avenir. Mais ils ont encore quelques heures pour prendre les décisions qui leur permettront de ramener la flotte, -bien endommagée, au port du Palais Bourbon. Ceux qui ont triomphé de la tempête, les candidats du Front National, sont presque arrivés pour certains (- il y a 40 élus RN au premier tour), mais il reste un obstacle à franchir pour la plupart , le deuxième tour.

Déjà arrivée au port, puisque réélue au premier tour, Marine Le Pen a clamé très tôt dans la soirée : «  Il nous faut une majorité absolue », condition pour que Jordan Bardella  puisse être nommé premier Ministre « de cohabitation, respectueux de la Constitution et de la fonction du président de la République, mais intransigeant » , selon les termes de l’ intéressé. La majorité absolue ? Elle est possible, mais pas évidente, toutes les projections le montrent effectuées dimanche soir à partir des résultats le montrent.

Les vaincus veulent l’empêcher à tout prix ; si l’on veut continuer à filer la métaphore maritime,  il faudra sacrifier des embarcations (- en l’occurrence retirer des candidats arrivés en troisième position qualifiés pour se maintenir en triangulaire) , pour empêcher l’élection d’un député RN, et favoriser l’élection d’un candidat du Nouveau Front Populaire, donc d’un Insoumis dans certains cas … Cette perspective n’est pas du goût de l’ancien premier ministre Edouard Philippe qui, depuis son port du Havre, s’est prononcé pour « ni RN, ni LFI … « Ce sera du cas par cas , » avait également avancé un peu plus tôt François Bayrou . Mais dans la soirée la consigne est venue « d’en haut » : « Pas une voix ne doit aller au RN », a déclaré Gabriel Attal, solennel, depuis l’hôtel  Matignon, « pour empêcher le RN d’avoir une majorité absolue au second tour, et de gouverner le pays avec son projet funeste » … Il faisait écho à Jean-Luc Mélenchon, » candidat à rien » mais qui dirige tout, qui avait déclaré plus tôt « Nous retirerons notre candidature, en toutes circonstances, où que ce soit et dans quelque cas que ce soit. Notre consigne est simple, directe et claire. Pas une voix, pas un siège de plus pour le RN ». Afin de rassurer ces électeurs qui pourraient craindre une inclinaison social-démocrate de la part des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon leur a adressé un message subliminal en ayant à ses côtés la députée européenne Rima Hassan , drapée dans son keffieh palestinien…

Pour permettre l’élection de candidats de l’ex-majorité restés en lice, le premier ministre sortant a suspendu la réformé de l’assurance chômage qui devait entrer en vigueur au 1 er juillet . Mais qu’en sera-t-il dans les faits ? Les candidats qualifiés ont jusqu’à demain soir pour déposer leur candidature pour le second tour. Les électeurs suivront-ils les consignes des états-majors qui veulent à tout prix empêcher le RN d’avoir la majorité absolue » et, vont-ils, comme en 2022, envoyer une majorité relative au Palais Bourbon Ou vont-ils renforcer la vague et donner une majorité absolue au  RN ? Réponse le 7 juillet.

Pour l’heure la seule grande leçon à retenir est la défaite du camp présidentiel, au profit du RN, ainsi que  du Nouveau Front Populaire. Cette défaite atteint même les candidats de gauche sortants contre lesquels la majorité n’avait pas présenté de candidats, et qui se retrouvent en position délicate pour le deuxième tour…L’autre enseignement est la bonne tenue du camp des Insoumis qui domine le Nouveau Front Populaire. Le numéro deux Manuel Bompard, la présidente du groupe parlementaire, Mathilde Panot, la « frondeuse » Clémentine Autain, Aymeric Caron, qui cultive à l’extrême l’ambiguité entre antisionisme et antisémitisme,  sont réélus au premier tour. A Paris, le premier adjoint d’Anne Hidalgo , avec qui il est très en froid et à qui il rêve de succéder , a éliminé l’ancien ministre  Clément Beaune qui nourrit également des ambitions municipales . Mauvais présage pour Rachida Dati. Quant aux Républicains, ils refusent de donner « une consigne nationale » et laissent les Français s’exprimer en conscience ». Déchirés entre pro et anti RN, ils sont condamnés à recueillir des miettes et à devenir une force d’appoint

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