Pokemon Go : mais pourquoi la petite bestiole de Nintendo rend-elle (à nouveau) tout le monde dingo ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Pokemon Go : mais pourquoi la petite bestiole de Nintendo rend-elle (à nouveau) tout le monde dingo ?
©Reuters

Attrapez les tous !

La sortie de la dernière version de Pokémon Go, jeu sur portable, aux Etats Unis et en Océanie a provoqué un raz-de-marée de téléchargements. La clé du succès de ce jeu : prendre le meilleur de l'ancien et du nouveau.

Michael Stora

Michael Stora

Michael Stora est l'auteur de "Réseaux (a)sociaux ! Découvrez le côté obscur des algorithmes" (2021) aux éditions Larousse. 

Il est psychologue clinicien pour enfants et adolescents au CMP de Pantin. Il y dirige un atelier jeu vidéo dont il est le créateur et travaille actuellement sur un livre concernant les femmes et le virtuel.

Voir la bio »

Atlantico : Vingt ans après la sortie de la première version du jeu vidéo Pokémon sur la console Gameboy de Nintendo, la firme nippone a profité de son anniversaire pour la sortie de son nouvel opus, sur mobile. Pokémon Go a immédiatement suscité un incroyable engouement. Rien qu'aux Etats-Unis, 5% des possesseurs de mobiles ont téléchargé l'application. Pourquoi ce retour en force, après des années de réussite plus mesurées pour la série des monstres de poche ? Est-ce un phénomène générationnel ?

Michaël Stora : Il me semble que c'est un phénomène qui est nécessairement un minimum générationnel. Le fait que le succès revienne 20 ans après la sortie du premier jeu Pokémon montre qu'il y a bien eu une génération Pokémon qui reste encore attachée à ces jeux d'enfance. Il ne faut pas oublier que le jeu Pokémon, quand il est sorti sur Gameboy en 1996, a été un des premiers grands succès mondiaux du jeu-vidéo "portable". Il ne faut pas déconsidérer les nouveaux joueurs, qui ont des portables à partir de la classe de 6e aujourd'hui, et qui utilisent fortement leurs téléphones pour jouer. Ces joueurs-là bénéficient plutôt de l'"héritage" de la génération Pokémon, par le biais de grands frères, grandes sœurs ou même via les parents. 

L'arrivée de ce jeu sur mobile ouvre-t-il le jeu à un nouveau public ? Quel rôle tient l'interactivité sociale dans ce succès ?

Le jeu sur mobile est devenu la forme la plus démocratique de jeu-vidéo aujourd'hui. L'exemple de Candy Crush, qui permettait déjà d'interagir avec son cercle social, que ce soit en collaboration ou en compétition, avait montré ce qui pouvait faire le succès de ce type de jeux. Avec Pokémon Go, le jeu s'ouvre dès lors à un nouveau type de joueur, celui qui se déplace. C'est la question de la mobilité qui est incluse ici, et qui supplante les consoles simplement connectées par le Wi-fi ou en filaire. Le jeu-mobile permet aussi d'avoir un rapport plus impromptu et adapté à l'emploi du temps. Avec Pokémon Go, on va aussi pouvoir observer le passage de joueurs confirmés de consoles (spécialité de Nintendo) vers le mobile.

Ce jeu vient redéfinir le rapport du joueur à la virtualité, en créant une interface qui mêle réel et virtuel : concrètement, le joueur sillonne l'espace public réel à travers "l'oeil" de son smartphone à la recherche de pokémons virtuels. Dans quelle mesure cela joue-t-il un rôle dans son succès ?

On observe que ce genre de jeu "enrichit" le réel et vice-versa. C'est l'interaction des deux qui provoque le succès. Nintendo avait déjà entamé cette pratique avec la Nintendo DS ; mais avec le téléphone, la pratique devient encore plus massive. On peut se retrouver dans la vraie vie autour de ce jeu. Il devient même possible de jouer avec le réel. Cela peut être évidemment très chronophage ! On se retrouve alors rivé sur l'écran de jeu pour voir apparaître partout des pokémons. Mais cela correspond surtout à une tendance actuelle, qui fait qu'un objet réel peut devenir un objet virtuel, comme avec les Skylanders. 

Cette dynamique générale, c'est celle de la "gamification", qui consiste à faire de n'importe quoi quelque chose de ludique par le biais du virtuel. Cette innovation est propre à Nintendo, qui avait entamé cela sans grand succès avec la WiiU. La firme nippone s'était fait une spécialité du "Pure-Game", puis avec le Wiiboard et autres fonctionnalités, s'était tournée vers le "Serious Game". Ce virage vers le mobile, avec ce jeu qui est le premier téléchargeable sur mobile pour Nintendo, montre qu'ils ont compris qu'ils pouvaient exploiter l'outil portable comme une fonctionnalité ludique de mobilité.

Jouer avec l'univers qui nous entoure, n'est-ce pas au fond le rêve de tous les enfants ? Pour ma part, j'imagine que les passages cloutés surmontent de la lave ! Et au fond, cette capacité à susciter l'imagination dans Pokémon go, c'est le fond poétique de l'enfance. Ce qui fait la valeur de tous les bon jeux-vidéos !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !