"Nouvelle histoire de l'infamie", Collectif sous la direction de Franck Favier et Vincent Haegele : Quinze traîtres historiques du XVe au XXe siècle<!-- --> | Atlantico.fr
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"Nouvelle histoire de l'infamie", Collectif sous la direction de Franck Favier et Vincent Haegele
"Nouvelle histoire de l'infamie", Collectif sous la direction de Franck Favier et Vincent Haegele
©Culture Tops

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Le livre "Nouvelle histoire de l'infamie" du collectif sous la direction de Franck Favier et Vincent Haegele est disponible aux éditions Passés composés.

Jean-Pierre Tirouflet pour Culture-Tops

Jean-Pierre Tirouflet pour Culture-Tops

Jean-Pierre Tirouflet est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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TRAÎTRES, NOUVELLE HISTOIRE DE L'INFAMIE

De Ouvrage collectif sous la direction de Franck Favier et Vincent Haegele
Passés composés
Parution le 15 février 2023
272 pages
22 €
Notre recommandation : BON

THÈME

A travers une série de monographies, rédigées par des historiens, l’ouvrage s’efforce de cerner la notion de traîtrise. A quelques exceptions près, il ne s’attache pas à décrire des traîtres estampillés, comme le seraient Ganelon ou Iago; il analyse plutôt des personnages que, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, l’Histoire a finalement rangés dans la catégorie en question, bien que leur comportement puisse légitimement susciter la controverse. Il est vrai que, dans la plupart des cas, l’attention portée au contexte conduit à relativiser leur “traîtrise“. 

L’échantillon retenu est large; le lecteur saute de la Suède de la Renaissance, au colonel Redl qui vendit les plans de bataille de l’armée autrichienne aux Russes avant la guerre de 1914, en passant par Dumouriez, Lafayette et les généraux de la Révolution.

POINTS FORTS

Parmi les diverses monographies, le lecteur aborde des objets historiques moins connus, comme les aventures mythiques du Guerrero en Amérique latine ou celles de Sprengtporten dans la Suède du XVIIIème siècle. En revanche les réflexions de Gueniffey sur la Révolution ou celles de Florence de Baudus sur l’émigration, saisie à travers le cas de son ancêtre, renvoient à des éléments plus connus, mais finement analysés.

Enfin le kaléidoscope des traîtres sous revue est si large que le lecteur peut apprécier les circonstances et en tirer ses propres conclusions: certains trahissent pour l’argent (Redl), d’autres pour l’honneur (Ney), d’autres encore pour se venger d’un pouvoir qui les a maltraités (connétable de Bourbon), d’autres enfin pour des raisons que l’on peine à saisir.

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Certaines contributions portent sur des époques ou des situations propices à la trahison, dans lesquelles les conflits de fidélité sont aigus et dépourvus de solutions simples, comme la Révolution, la Fronde ou encore la Restauration.

QUELQUES RÉSERVES

A trop vouloir embrasser de situations différentes, l’entreprise manque son but: qu’y-a-t-il de commun entre la “trahison“ du grand Condé, qui ne fait que refléter les moeurs aristocratiques de son temps, ou celle de Lafayette, lui-même trahi par une Révolution se noyant progressivement dans le sang, et celle de Redl ou de Benedict Arnold? Quel rapport entre trahir en toute conscience son pays en temps de paix et émigrer pour échapper au couteau de la guillotine?

Que la notion de trahison soit ambiguë, que le qualificatif de traître soit souvent attribué a posteriori lorsque la trahison a échoué, cela n’échappe pas à l’observateur; mais comparer implicitement Quisling, le bourreau de la Norvège pendant la guerre, avec le maréchal Ney ou le chevalier de Rohan ne contribue pas à clarifier le concept de trahison qui est bien plus étroit que ce que nos auteurs essayent de montrer.

Certaines monographies exposent des phases d’Histoire tellement complexes, que l’auteur résume en quelques pages : il est difficile d’en saisir toute la portée, sans connaître le contexte; ainsi des querelles monarchiques dans la Suède du XVI ème siècle.

Enfin le style n’est pas toujours facile à lire.

ENCORE UN MOT...

Une tentative intéressante pour approcher et définir la notion de trahison. Mais l’entreprise est trop ambitieuse, les évènements évoqués trop disparates pour atteindre le but avoué. Il reste quelques épisodes mal connus qui viennent compléter utilement la culture historique du lecteur.

UNE PHRASE

« La hantise des trahisons est un trait caractéristique de la mentalité révolutionnaire. Le complot se présente comme une réponse rationnelle à un esprit révolutionnaire persuadé de la bonté de sa cause et convaincu de l’efficacité de la volonté.(…) La croyance au complot qui impute la violence à une volonté étrangère et extérieure, possède les vertus d’un vaccin. Elle immunise le révolutionnaire contre le massacre de ses illusions par l’expérience et, le cas échéant, elle lui permet de tuer avec innocence .» Page 108

L'AUTEUR

Ils sont douze, historiens, archivistes, très ou moins connus, sous la houlette de Franck Favier, historien, spécialiste de la période napoléonienne, et de Vincent Haegele, archiviste et, conservateur des bibliothèques de Versailles, également spécialiste de la période napoléonienne.

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