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Les frondeurs hérauts d'une majorité brimée par les institutions ? Ils n'ont jamais représenté plus d'un million des 45 millions d'électeurs français
©Reuters

Thierry la fronde

Les frondeurs adorent prendre en otage la majorité parlementaire et tartiner des tonnes de leçons morales à l’adresse de tous les Français. Eux défendent les valeurs de la gauche, eux défendent le bien sur Terre face aux méchants.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Dans la pratique, les choses sont un peu différentes, et l’on peut reprendre ici les interrogations déjà posées sur l’inefficacité des institutions de la Ve République, désormais incapables de dégager des majorités représentatives du pays. Pour en avoir le coeur net, j’ai fait réaliser par Ousmane Diamanka, stagiaire en statistique chez Tripalio, ce tableau synthétisant les voix effectivement recueillies par les frondeurs.

Les frondeurs historiques

Pour dresser cette liste, j’ai choisi de revenir aux premières heures de la fronde, c’est-à-dire les 41 qui avaient refusé, en 2014, de voter le pacte de responsabilité. Ce choix peut être contesté dans la mesure où il ne recouvre pas exactement ceux qui ont tenté de déposer une motion de censure contre la loi Travail. Jean-Marc Germain, par exemple, avait refusé de voter le pacte de responsabilité, mais ne semble pas s’être associé à la motion de censure de cette semaine.

L’inconvénient de la fronde est qu’elle est mouvante. Il faut donc bien un jour faire une photographie de l’existant et se demander quel en est le noyau dur. Pour cette raison, j’ai choisi la photo de 2014, celle qui regroupe les premiers à s’être désolidarisés du gouvernement Valls.

Voici ce que le tableau donne :

On le voit, ces 41 députés représentent à eux seuls un corps électoral de 3,4 millions d’électeurs. Sur ce total, ils ont obtenu 20% des inscrits au premier tour des législatives de 2012 et 27% au second tour. Sur l’ensemble du scrutin, ils n’ont à aucun moment atteint le million d’électeurs.

Les frondeurs et la faillite de la Ve République

C’est quand même un sacré problème ! Désormais, une loi qu’on peut abondamment critiquer, mais qui s’est prétendue essentielle pour la vie économique et sociale, est prisonnière d’un chantage organisé par des députés qui ont obtenu leur majorité et donc leur siège au bénéfice du très fort taux d’abstention aux élections. Si la vie démocratique fonctionnait normalement en France, et donc si les électeurs votaient parce qu’ils auraient la conviction que le vote est utile, ces députés ne seraient probablement pas présents à l’Assemblée nationale.

Prenons l’exemple de Pouria Amirshahi, qui nous saoûle régulièrement avec ses considérations moralisatrices. L’intéressé avait par exemple prétendu lancer l’an dernier un mouvement citoyen.

Il est "indispensable pour notre démocratie d’engager dès maintenant un mouvement national citoyen de type nouveau, qui ne se résume pas à la résistance nécessaire aux graves dangers qui menacent l’humanité et le vivant", écrit ce député.

Bravo ! Mais qui est-il pour lancer des idées pareilles ? Un député élu avec 10 000 voix sur 100 000 inscrits en 2012. Bonjour le candidat citoyen !

Mais le plus beau trophée reste celui d’Arnaud Leroy, député d’Andorre et de Monaco, qui ne manque vraiment pas de sens de l’humour. Cet obscur député s’était abstenu sur le pacte de responsabilité. Mais, en 2016, il réalise le grand écart en rejoignant le mouvement En marche ! d’Emmanuel Macron. Voilà qui s’appelle avoir de la suite dans les idées…

Suis-je devenu partisan du "ni droite ni gauche" auquel on essaie de réduire cette initiative ? Non. Je crois simplement que l’heure est venue d’assumer devant les Français la possibilité de mener de concert des chantiers de long terme pour le pays, ces grands projets qui réclament un large consensus et une stabilité face aux alternances.

Ben voyons ! Après avoir frondé contre le pacte de responsabilité, supprimons les élections pour éviter les alternances.

On relira avec délectation l’oublié Appel des 100 de 2014 où le député Leroy avait apporté sa signature à des mesures dont on sait qu’elles sont aux antipodes des propositions d’Emmanuel Macron. Eh bien oui ! Ce sont eux, ces calculateurs opportunistes à la petite semaine, qui prennent la démocratie en otage.

Tirez-en les conséquences !

Cet article a été publié dans sa version originale sur le site d'Eric Verhaeghe, et est disponible ici

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