"Le Roitelet" de Jean-François Beauchemin : un récit de "presque rien". Une belle histoire de fraternité, tendre, mélancolique, poétique<!-- --> | Atlantico.fr
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Le livre "Le Roitelet" de Jean-François Beauchemin est publié aux éditions Montréal.
Le livre "Le Roitelet" de Jean-François Beauchemin est publié aux éditions Montréal.
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Le livre "Le Roitelet" de Jean-François Beauchemin est publié aux éditions Montréal.

Elisabeth Autet pour Culture-Tops

Elisabeth Autet pour Culture-Tops

Elisabeth Autet est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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"Le Roitelet" 

De Jean-François Beauchemin

Montréal, Québec Amérique

Parution en France en février 2023

144 pages

16,00 Euros

Notre recommandation : EXCELLENT

THÈME

Le narrateur, écrivain sensible aux mouvements de l’âme, vit tranquillement à la campagne entre sa femme Livia, son chien Pablo et son chat Lennon. A l’aube de sa vieillesse, il veut saisir tous les beaux moments de l’existence. Dans son jardin, dans sa maison, il reçoit régulièrement la visite de son frère. Celui-ci, pépiniériste, est schizophrène. Il souffre de ses relations difficiles avec autrui mais il refuse tout médicament. Les deux frères échangent, se nourrissent l’un de l’autre.

POINTS FORTS

Très beaux passages sur l’accompagnement d’un schizophrène.

Les échanges entre les frères, tous deux lucides en ce qui concerne cette maladie ; et donc les conversations qui complètent les pensées de chaque frère.

La présence des parents dans les souvenirs des frères : ils les guident, les rassurent malgré leur absence.

Enfin “ presque rien” dans ce petit livre mais une beauté tout au long du récit qui nous emplit d’émotions.

QUELQUES RÉSERVES

Aucune réserve car ce livre est tout simplement beau. Tendre et mélancolique, il est à lire tout doucement.

ENCORE UN MOT...

Le roitelet est donc un petit oiseau virevoltant, rapide, difficile à apercevoir.

L’écrivain cherche à comprendre ce frère avec tendresse ; il veut l’aider à trouver son équilibre dans le réel. Ce frère malade dont les moments de lucidité d’une grande finesse éblouissent son aîné.

En 63 chapitres courts, le narrateur nous entraîne dans leur enfance heureuse, la douleur de la maladie mais aussi dans cette indestructible fraternité , marquée cependant par la peine, l’inquiétude.  Au-delà des mots empreints d’une grande poésie, le narrateur s’émerveille de l’amour de sa femme, de la beauté de la nature, des petits quotidiens, des sourires de ce frère, roitelet si fragile. Alors que la vieillesse approche, les doutes ne sont pas occultés, mais l’espoir  règne car tout est amour et joies grâce à la littérature salvatrice. 

Un récit doux, sensible, une écriture fine et poétique.Ajoutez une couverture magnifique d’un vert tout tendre avec cet oiseau tout blanc qui s’envole, et vous aurez envie de lire ce petit livre.

UNE PHRASE

«Oui, c’est çà : mon frère devenait peu à peu un roitelet fragile dont l’or et la lumière de l’esprit s’échappaient par le haut de la tête. Je me souvenais aussi que le mot roitelet désignait aussi un roi au pouvoir très faible, voire nul, régnant sur un pays sans prestige, un pays de songes et de chimères pourrait-on dire » p. 14

« Comme écrivain, me dit alors mon frère, ce ne sont pas visiblement les images elles-mêmes que tu cherches à saisir, mais bien plutôt ce mouvement, ou cette pression exercée sur elles, et qui , dans la mémoire, rend le passé si vivant. Je crois que c’est ce qui explique la présence presque constante dans tes pages d’une sorte de glissement de la réalité, de songe éveillé qui fait contrepoids à l’insuffisante exactitude du monde physique ». p. 26

« C’est ce qui explique il me semble qu’il n’y a presque rien dans ce livre que j’ai terminé d’écrire il y a trois jours, juste une histoire de fond très simple de jardins qu’on soigne et qu’on arrose, de saisons qui passent et de gens quelquefois malheureux, c’est vrai, mais en paix relative avec leurs regrets, sans peur exagérée de l’avenir, et qui s’étonnent ensemble de la brièveté de leur existence. Et puis, entremêlée à celle de gens ordinaires, l’histoire aussi d’un homme à la tête pleine d’ombres et de secrets, mais au sommet de laquelle filtre un mince rai de lumière, un roitelet, qui plus douloureusement que les autres se trouble des transformations qui s’opèrent en lui ». p. 143

L'AUTEUR

Jean-FrançoisBeauchemin est québécois. Il est écrivain, nouvelliste, poète, auteur de littérature jeunesse et romancier ; il publie un livre par an. Son roman le plus connu en France estLe jour des corneilles (Libretto, 2018).

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