La surprenante histoire du baiser (sur la bouche) à travers les âges et les civilisations <!-- --> | Atlantico.fr
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En Europe, 70% de la population pratiqueraient le baiser romantique, contre 73% en Asie, 55% en Amérique du Nord et 13% en Afrique.
En Europe, 70% de la population pratiqueraient le baiser romantique, contre 73% en Asie, 55% en Amérique du Nord et 13% en Afrique.
©Reuters

Smack !

Si des fresques égyptiennes vieilles de 3 800 ans représentaient déjà des couples en train de s'embrasser, le baiser sur la bouche était une pratique culturelle encore ignorée par certaines civilisations il y a près d'un siècle. Sa signification n'a cessé d'évoluer à travers les âges et les régions du globe.

Le baiser sur la bouche est une pratique culturelle observée dans quasiment toutes les civilisations du monde. C'est un langage universel à connotation affective que l'on retrouve chez les humains, comme dans le monde animal et dont l'étude s'appelle la philématologie. Pourtant largement répandu il y a un siècle, le baiser était encore une pratique inconnue de certaines cultures.  L'explorateur britannique William Winwood Reade expliquait dans son ouvrage Savage Africa (L'Afrique sauvage en français) publié en 1864, qu'une princesse africaine dont il s'était épris et qu'il avait tenté d'embrasser, avait cru qu'il voulait la manger.

En 1970, près de 80% des cultures connaissaient et pratiquaient le baiser sur la bouche. Aujourd'hui, la quasi-totalité des civilisations en connaitraient la signification même s'il ne fait pas partie des coutumes ancestrales de certaines tribus qui ont pourtant des gestuelles similaires, comme se frotter, se lécher ou se renifler le visage. Selon Sheril Kirshenbaum, l'une des philématologues les plus connues, rien ne permet de déterminer à quelle époque et dans quelle partie du globe est né le baiser sur la bouche.

"Les humains semblent avoir une envie instinctive de se lier de cette manière, mais le style et la forme dépendent de la culture et de l'expérience, a-t-elle expliqué lors d'une conférence. A la naissance, les premières expériences du bébé en matière d'amour, de réconfort et de sécurité comportent une forme ou une autre de baiser. Aussi, du point de vue de la neuroscience, nous sommes programmés dès le plus jeune âge pour associer ces émotions positives avec le contact labial." Si cela peut paraître éloigné la notre culture occidentale, dans certaines régions du monde, il était tout à fait courant que des parents mâchent la nourriture de leur nourrisson et lui glissent dans la bouche avec leur langue.

Le baiser à travers les millénaires

Selon les philématologues, les premiers baisers sur la bouche remonteraient aux textes védiques indiens, soit y il a plus de 3 500 ans, dans lesquels l'acte de "se renifler avec la bouche" y est clairement évoqué. Certaines fresques égyptiennes antiques, vieilles de plus de 3800 ans, montrent également des couples s'embrasser sur la bouche. Selon Yannick Carré, auteur du livre Le baiser sur la bouche au Moyen-âge, le baiser sur la bouche était une pratique courante entre chevaliers. Une preuve d'amitié incontestable à une période où se prendre par la main et dormir dans le même lit constituaient, pour deux chevaliers, la plus haute marque d'amitié. Il s'agissait également d'un grand honneur adressé par un seigneur à son vassal (son serviteur ou compagnon d'arme).

La place du baiser dans un couple

Une étude menée en 2013 par Rafael Wlodarski et Robin Dunbar, deux spécialistes de psychologie expérimentale et évolutionnaire, a démontré que la fonction du baiser jouait un rôle important dans un couple. Sans que l'on en ait conscience, le baiser sur la bouche sert en effet à évaluer la qualité d'un partenaire potentiel via les substances biologiques qui sont échangées. En effet, des chercheurs ont découvert que près de 80 millions de bactéries étaient échangées au cours d'un baiser et, pour l'anecdote, que l'on y passerait en moyenne 20 000 minutes, soit deux semaines, dans toute une vie. Le baiser sert également à déclencher ou amplifier les sentiments à l'égard d'un individu ou à signifier un état d'excitation sexuel. L'étude de Wlodarski et Dunbar démontre également que les femmes sont les plus sensibles au baiser, celui-ci étant une indication solide à la compatibilité génétique.  

Le baiser romantique

Des chercheurs des Universités du Nevada et de l'Indiana ont découvert que si le baiser sur la bouche est devenu pratique courante dans la majorité des sociétés, moins de la moitié de la population mondiale s'embrasserait de façon romantique. Parmi les 168 cultures étudiées au cours de l'année 2014, 77 d'entres elles (soit 46%) pratiqueraient le baiser romantique, à l'inverse des 91 restantes.

Le baiser romantique serait donc monnaie courante au Moyen-Orient, mais inexistant en Amérique centrale. En Europe, 70% de la population le pratiqueraient, contre 73% en Asie, 55% en Amérique du Nord et 13% en Afrique. Les ethnographes ont tout de même précisé que des régions comme l'Afrique sub-saharienne ou la Nouvelle-Guinée n'avaient pas été étudiées alors que le baiser romantique sexuel ferait partie de la culture. Les chercheurs ont donc défini que le baiser romantique sexuel ne faisait pas parti du langage universel. Il a cependant été observé chez plusieurs espèces animales, notamment chez les singes bonobos qui utilisent leurs lèvres et leur langue pour s'embrasser.

L'interprétation du baiser sur la bouche, du baiser romantique sexuel ou de la simple bise sur la joue peut différer d'une culture à une autre. Alors que le "french kiss" qui consiste à s'embrasser gorge déployée est un culte français, des pays comme la Thaïlande ou le Bungladesh voient ce geste comme un échange intime et privé. Le baiser océanique par exemple, consiste à faire passer sa bouche ouverte sur celle d'un individu, parfois même en l'effleurant. Ceci ne ressemblant pas au baiser romantique sexuel type, parce que ces cultures considèrent que ce n'est tout simplement pas une expression sexuelle mais une façon de découvrir l'autre. 

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