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Hugues Souparis - CroissancePlus : "L’intelligence économique est aussi importante que le marketing"
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L'interview Atlantico Business

Comment rendre l’intelligence économique accessible à tout chef d’entreprise ? En septembre 2013, BMW a été mis en cause dans une affaire d’espionnage de bornes Autolib’ appartenant à Bolloré. Contrairement à ce fait d’actualité, l’autre facette de l’intelligence économique est tout à fait légale. Hugues Souparis en est responsable à CroissancePlus et est président d’Hologram Industries. Il nous livre ses bons conseils pour récolter, maîtriser et diffuser les informations sur la concurrence pour mieux positionner son entreprise.

Atlantico Business : A quoi sert ce mode de recherche d'information pour la stratégie de l'entreprise ?

Hugues Souparis : L’intelligence économique, c’est se renseigner sur tous les aspects de la concurrence. Notamment, les informations sur les marchés,  les appels d’offres, qui les gagnent, et quelles technologies existent, à quels prix, etc. Toute cette information sur la concurrence est très importante pour à la fois positionner ses produits et ses prix et définir sa stratégie en fonction de celle des autres. On récolte de l’information, on la classe, puis on la diffuse dans l’entreprise. Il faut bien connaître son marché, les concurrents, leurs produits, leur marketing, leur organisation, leurs brevets, etc. Toutes ces informations se trouvent relativement facilement pour peu qu’on soit organisé pour les chercher, et surtout par la suite les traiter. Une fois l’information récupérée, l’important est de l’adresser à ceux dans l’entreprise qui en ont besoin.

Quelles sont les trois bonnes pratiques de l'intelligence économique ?

Il y a déjà deux bonnes pratiques qui portent sur l’organisation de la récolte de l’information. Ça passe par la motivation de l’ensemble des gens qui sortent, essentiellement les commerciaux et les ingénieurs. Et puis, il faut avoir un point central, une personne qui sera chargée de récupérer cette information, la classer informatiquement. La deuxième, c’est de s’intéresser aux brevets. Ce n’est pas très compliqué, les brevets sont publics, et il faut être à l’écoute de l’activité de ses principaux concurrents. La troisième, c’est la diffusion à l’intérieur de l’entreprise. C’est-à-dire bien classer les informations récupérées et les diffuser de façon ciblée dans l’entreprise. Le point de récolte central sera chargé alors d’organiser la diffusion interne.

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Il y a certes Internet, mais sur le terrain, qu’est-ce qu’on récupère et qui doit s’en occuper ?

En effet il faut aller sur les salons récupérer des brochures, récupérer des échantillons. Et motiver aussi tous les gens qui sont amenés à sortir : les commerciaux, les chefs de projets. Ils font des rapports d’étonnement quand ils visitent une usine, un salon, etc. Ça peut prendre un quart d’heure dans l’avion ou dans le train de retour, pour détailler telle machine, tel procédé de tel type qu’on a pu remarquer. Ce sont des petits détails qui parfois peuvent amener à trouver des solutions auxquelles on n’aurait pas pensé autrement.

De façon pratique, est-ce que ça demande beaucoup d’investissement ?

Quand on est petit, quelqu’un y consacrera une demi-journée par semaine. Au fur et à mesure du développement de l’entreprise, on peut y consacrer plus de moyens. Par exemple, nous avons commencé à s’organiser sur l’intelligence économique lorsque la boite comptait une centaine de personnes : c’était une petite PME encore ! Une personne a été désignée à temps partiel sur le sujet pour l’organiser. C’est comme le marketing : avec 10 personnes dans l’entreprise, il n’y a pas besoin de directeur marketing, mais quelqu’un dans la boite va quand même être responsable des aspects marketing. Il faut considérer que l’intelligence économique est aussi importante que le sont le marketing ou le commercial.

En 2011, Renault déposait une plainte contre une entreprise chinoise qui lui aurait voler des informations. Comment une entreprise peut se protéger et doit réagir face aux menaces intrusives ?

C’est l’aspect miroir de l’intelligence économique. Il est évident qu’à partir du moment où on est sensibilisé sur le fait que l’information des autres a de la valeur, puisqu’on passe du temps à la traiter, la récupérer, la diffuser, cela veut dire que l’information sur sa propre entreprise a de la valeur aussi. Il faut donc faire très attention à l’information qu’on possède, et faire en sorte que les gens aient des difficultés à venir la chercher chez vous. Il faut notamment protéger ses ordinateurs en les cryptant. Il faut également que tous les collaborateurs mettent au moins un code sur leur portable, et ne pas faire juste "zéro zéro zéro zéro" pour avoir accès à tous les emails des trois derniers mois !  

Il est très difficile de vraiment se protéger si l’entreprise est la cible de l’espionnage organisé par un Etat. Quand on parle d’intelligence économique et de fuites d’informations, c’est souvent par choses simples comme des bruits de cuisine, des indiscrétions. Il faut être vigilant de son coté à faire bien attention à ce qu’on met nous-mêmes dans nos brochures. Par exemple, en récupérant sur Internet un petit film promotionnel d’un concurrent, on peut voir, dans une image relativement furtive d’une machine, exactement quel procédé de production la concurrence utilise. Il faut protéger l’information qu’on donne à l’extérieur en la triant de façon à ce qu’on ne prenne pas le risque de donner trop d’informations à la concurrence.

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