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Selon Goldman Sachs, l’intelligence artificielle nous mène droit à un miracle pour la productivité.
Selon Goldman Sachs, l’intelligence artificielle nous mène droit à un miracle pour la productivité.
©PATRICK T. FALLON / AFP

Intelligence artificielle

Si l’intelligence artificielle (IA) menace des emplois, elle devrait aussi dynamiser l’activité économique mondiale.

Michel Ruimy

Michel Ruimy

Michel Ruimy est professeur affilié à l’ESCP, où il enseigne les principes de l’économie monétaire et les caractéristiques fondamentales des marchés de capitaux.

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Selon Goldman Sachs, l’intelligence artificielle nous mène droit à un miracle pour la productivité. À quel gains faut-il s’attendre ? Comment expliquent-ils de tels gains ? 

Michel Ruimy : Si l’intelligence artificielle (IA) menace des emplois, elle devrait aussi dynamiser l’activité économique mondiale car, outre OpenAI avec Chat GPT, Google prépare le lancement de son chat IA Bard et de nombreuses startups développent, elles aussi, en ce moment, ce type de technologies. De quoi imaginer assez facilement que ces IA seront incontournables dans un futur proche. Le génie est sorti de sa boîte… 

Dans ce contexte, le produit intérieur brut annuel pourrait progresser jusqu’à 7% d’autant que, depuis une décennie, l’utilisation de l’intelligence artificielle en entreprise a augmenté de 450%, sans conduire à un déclin massif de l’emploi. 

Toutefois, l’IA a fondamentalement changé les types de travail effectués tout en améliorant la productivité. Elle a libéré les collaborateurs de tâches itératives pour qu’ils se concentrent sur des tâches qui apportent une valeur ajoutée à l’entreprise et utilisent mieux leurs compétences. De plus, son déploiement a influé sur l’organisation du travail. Une fois en place, les outils permettent d’améliorer la gestion des informations, la planification des activités et la coordination des acteurs.

Selon une étude réalisée en 2022 par l’économiste David Autor, citée par Goldman Sachs, « 60% des travailleurs occupent aujourd’hui des emplois qui n’existaient pas en 1940, ce qui implique que plus de 85% de la croissance de l’emploi au cours des 80 dernières années s’explique par la création de nouveaux postes sous l’effet de la technologie ». 

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Faut-il s’attendre au même phénomène dans les années à venir, avec l’IA et ChatGPT ? 

L’IA engendre beaucoup de fantasmes et de craintes car elle permet notamment d’autonomiser certaines tâches de manière accrue, jouant ainsi un rôle majeur dans les mutations du travail.

Mais ce qui est prépondérant n’est pas tant l’existence de l’IA ou ses progrès que la manière dont elle sera déployée dans les organisations et les gains de productivité attendus. En matière de technologie et de travail en général, il n’y a pas de fatalisme, mais des choix et des orientations stratégiques portés par les dirigeants d’organisations, publiques comme privées, dans un contexte spécifique (économique, sociale, technologique, démographique…). 

C’est la combinaison de tous ces facteurs qui déterminera en grande partie les effets et les usages de l’IA sur le travail, que ce soit au niveau des pratiques, du contenu, des conditions ou encore des relations entre collègues, clients ou usagers.

Toute personne perdant 50% ou plus de sa charge de travail quotidienne au profit d'un robot n'aura probablement plus d'emploi, suppose Goldman Sachs. 

Quels seront les changements sur le marché du travail dans les années à venir ? Faut-il s’attendre à un chômage de masse ou à un basculement des emplois ?

Selon l’étude de Goldman Sachs, les systèmes d’intelligence artificielle générative pourraient entraîner des « perturbations importantes » sur le marché du travail et affecter environ 300 millions d’emplois à temps plein à travers le monde. 

Cette étude n’est pas la seule sur le sujet. Une étude menée par OpenAI et l’université de Pennsylvanie a récemment révélé que 80% des employés américains pourraient voir, au moins, 10% de leurs tâches automatisées grâce à l’IA générative et près de 20% d’entre eux pourraient être impactés dans plus de la moitié de leurs tâches.

Dans les deux cas, les chercheurs concluent que certaines professions qualifiées seraient les plus concernées. Près des deux tiers des emplois actuels seraient ainsi exposés à un certain degré d’automatisation par l’IA générative en Europe et aux Etats-Unis. Les professions les plus affectées seraient les métiers juridiques, administratifs, et liés au support clients aux États-Unis tandis qu’en Europe, les cadres, et les métiers administratifs seraient particulièrement menacés.

De quoi piquer l’intérêt d’acteurs du marché pour comprendre comment utiliser l’IA pour automatiser un nombre croissant de tâches dans tous les secteurs, y compris les plus inattendus… Déjà de nouveaux emplois commencent à apparaître, comme le poste « d’ingénieur d’assistance », qui consiste à tester les chatbot IA avec du texte plutôt que du code. 

Il n’en demeure pas moins qu’au stade actuel, il est difficile de savoir à quel rythme ces technologies sont susceptibles de vraiment détruire des emplois et si les nouvelles créations de postes suffiront à compenser les emplois menacés. De surcroît, les compétences permettant d’intégrer l’IA en entreprise ne sont pas encore et/ou en nombre suffisant sur le marché du travail. De même, l’ensemble des entreprises les plus concernées n’ont pas, toutes, encore adopté l’IA générative en interne.

Comment expliquer le succès rapide de l'IA dans l'économie ? Les gains de productivité et la rentabilité sont-ils démontrés ?

Depuis quelques années, l’IA connaît un regain d’intérêt sans précédent en raison de la conjonction de multiples facteurs, dont notamment la digitalisation des processus qui a permis la création d’un volume élevé de données, l’accroissement considérable de la puissance de calcul informatique dans un grand nombre de domaines (traitement du langage, compréhension de la parole, reconnaissance d’images, robotique, etc.) et des capacités de stockage ainsi que les avancées importantes en matière algorithmique dans le domaine de l’apprentissage machine (machine learning).

Malgré les promesses, le « paradoxe de la productivité de l'IA » est apparu : l’'adoption de l’IA ne conduit pas nécessairement à des gains de performance importants dans les entreprises. En effet, certaines études ont montré que les frictions liées à la qualité et aux compléments de l’IA peuvent rapidement limiter l’avantage concurrentiel de l’IA. Mais, l’inverse est aussi vrai, certaines firmes, tous secteurs confondus, sont capables de limiter les goulots d’étranglement organisationnels et exploiter l’IA de manière innovatrice et concurrentielle, menant à des gains matériels de productivité, de l’ordre de 10% par an.

“Les clients de Goldman peuvent lire la note dans son intégralité ici : note.

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