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Décryptage d’un sondage choc
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Onde Marine

Jérome Fourquet, directeur adjoint du département opinion de l’IFOP analyse les conséquences d’un sondage qui fait beaucoup de perdants à droite et à gauche avec Marine Le Pen en tête du premier tour 2012 pour la première fois (Harris Interactive - Le Parisien)

Quel peut être l’impact politique de ce sondage ?

Avec les marges d’erreur de plus ou moins 2 %, ce qui apparaît surtout, c’est qu’il y a dans le peloton de tête trois candidats dans un mouchoir de poche. Marine Le Pen à 23% devant Nicolas Sarkozy et Martine Aubry au coude à coude à 21%.

Mais c’est un sondage qui peut bouleverser tout l’échiquier politique en plaçant au cœur du débat les logiques de vote utile à droite comme à gauche. L’enseignement majeur à en tirer, c’est finalement que nous sommes de retour dans une logique identique à celle de la fin des années 90 lorsque le FN imposait le ton et le rythme du débat politique.

C’est aussi un sondage qui fait deux grands perdants et deux grands gagnants : Nicolas Sarkozy et Martine Aubry d’une part, Marine Le Pen et Dominique Strauss Kahn d’autre part. Le Président n’a pas connu de rebond suite à la séquence remaniement et le PS ne capitalise pas sur l’anti-sarkozysme ambiant.

Il y a un climat politique délétère dans le pays. La confiance dans le politique est très faible et on peut s’attendre à une très forte abstention pour les cantonales dans deux semaines.

Si les chiffres se confirment dans les enquêtes à venir, la menace d’un 21 avril à l’envers ou à l’endroit se précisera vraiment. Ce qui ne peut que renforcer la candidature de Dominique Strauss Kahn. Mais aussi poser des questions ailleurs qu’au PS, chez les écologistes notamment. Provoquer des tensions à droite aussi chez les centristes ou au sein même de l’UMP.

L’ironie de ce sondage, c’est qu’il paraît le jour de la parution dans le Figaro de l’interview de François Fillon vantant le candidat Nicolas Sarkozy comme le meilleur à droite.

Ce sondage peut-il être considéré comme la conséquence de la mise au cœur du débat public de questions identitaires ?

Il y a des attentes dans le corps électoral relativement à des questions identitaires. Une partie de la société française est très sensible à la visibilité de l’Islam. On ne crée pas un contexte d’opinion ex nihilo.

L’Elysée sentait probablement une forte demande dans le pays et l’UMP a décidé de s’emparer de ce dossier parce que ces questions intéressent un certain nombre de Français. Encore faut-il avoir de véritables propositions à leur faire.

De deux choses l’une, soit cette stratégie se révélera payante comme elle l’a été en 2007, soit l’adage bien connu « on préfère toujours l’original à la copie » l’emportera et c’est plutôt vers ça qu’on semble se diriger.

Poser des questions sans être en mesure d’y répondre est dangereux. C’est l’élément de réponse qu’a apporté la séquence sur le débat sur l’identité nationale. Sans traduction concrète, le débat a été suivi d’une forte poussée du FN aux régionales qui venaient ensuite. Jean-François Copé l’a compris qui avait qualifié le débat sur l’identité nationale de débat de constat.

Pour l’instant, l’UMP et Nicolas Sarkozy ne semblent pas vraiment en mesure d’apporter des réponses aux questions qu’ils soulèvent . L’exécutif connaît un vrai problème de crédibilité. Sur l’insécurité ou l’immigration, les enquêtes d’opinion montrent qu’il y a une insatisfaction importante, notamment au sein de l’électorat de droite. Il y a même une vraie incompréhension dans cet électorat qui ne comprend pas pourquoi on ne remplace pas un fonctionnaire de police sur deux.

Dans ce contexte, on peut se demander si la réforme de l’ISF actuellement discutée est vraiment de nature à re-crédibiliser le discours gouvernemental. C’est prêter le flanc aux critiques de Marine Le Pen qui fustige le capitalisme apatride ou « les gros » qui écrasent « les petits ».

C’est aussi, du reste, donner du grain à moudre aux critiques de gauche sur le terrain de la politique de classe ne servant qu’à enrichir ceux qui sont déjà les plus favorisés.

A lire aussi "Marine le Pen surfe sur la peur du déclassement qui gagne l'Occident" par Gaël Brustier

Propos recueillis par Jean-Sébastien Ferjou

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