De la science à la fiction : ces médecins qui croient à l'existence des zombies<!-- --> | Atlantico.fr
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Extrait de "Zombis - Enquête sur les morts-vivants", de Philippe Charlier, publié chez Tallandier éditions.
Extrait de "Zombis - Enquête sur les morts-vivants", de Philippe Charlier, publié chez Tallandier éditions.
©Reuters

Bonnes feuilles

Visages et corps décharnés, titubant à travers les villes, marchant comme des somnambules : dans l’imaginaire occidental, les zombis suscitent l’effroi et servent d’exutoire aux angoisses et aux fantasmes les plus crus et parfois les plus farfelus.Ces morts-vivants, qui ont pour patrie d’origine Haïti, nous fascinent, nous inquiètent, tout en excitant notre curiosité. Qui sont-ils au juste ? D’où viennent-ils ? Existent-ils seulement ? Avec son double regard de médecin légiste et d’anthropologue, Philippe Charlier a enquêté en Haïti, interrogeant des prêtres vaudou, assistant à des funérailles, observant des rituels, inspectant des cimetières, et examinant avec ses collègues des patients considérés comme zombis. Extrait de "Zombis - Enquête sur les morts-vivants", de Philippe Charlier, publié chez Tallandier éditions (2/2).

Philippe Charlier

Philippe Charlier

Philippe Charlier est maître de conférences des universités (UVSQ), chercheur au Laboratoire d’Éthique Médicale et de Médecine Légale (EA 4569, Paris-Descartes) et praticien hospitalier (AP-HP, CASH de Nanterre). Il est spécialisé en médecine légale et en anthropologie.

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Il a aussi cumulé des anomalies au niveau du foie et même du pancréas qui l’ont rendu diabétique. Récemment, il a passé un électrocardiogramme qui a montré l’existence d’un infarctus récent… mais à nouveau, Jacques Ravix n’a rien senti. Est-ce lié à la désensibilisation neurologique due à la tétrodotoxine ou aux effets secondaires de la neuropathie diabétique ? Difficile à dire…

Sur le plan intellectuel, il a perdu la capacité de se concentrer pendant un long temps ; quarante consultations par jour sont dorénavant impossibles : il ne peut pas pratiquer plus de cinq à sept actes d’affilée. S’il conserve encore une certaine logique, il n’a plus en revanche son libre arbitre et adopte quelquefois des comportements totalement aberrants. Hormis dans son cadre professionnel où il fonctionne « par habitude », il ne fait que ce qu’on lui dit de faire. Il lui est impossible de dire non.

Si la drogue avait agi – autrement dit, si la dose convenable lui avait été administrée ou si le houngan ne lui avait pas fourni l’antidote – Jacques Ravix est persuadé qu’il aurait été enterré vivant, et que lebokorà la charge de sa belle-mère serait venu le chercher et le sortir de son tombeau peu après pour en faire un zombi, avec d’autres formules et l’aide d’intermédiaires, des forces occultes.

En tant que médecin – donc scientifique et cartésien par nature –, Jacques Ravix défend une position  très particulière vis-à- vis de cette drogue qui change le cours de la vie (et de la mort) des hommes : « Réveiller quelqu’un au bout de trois jours passés dans un cercueil sans ouverture, ce n’est pas possible», dit-il. « Il faut l’aide d’intermédiaire, d’entités qui peuvent travailler pour le bokor. »

Sa zombification avortée a rendu Jacques mystique : « Au cours de la rébellion de Lucifer (qui est devenu l’ange déchu), certains l’ont accompagné tandis que d’autres sont restés fidèles au Père. Ceux qui ont suivi Lucifer – les suppôts de Satan – ont pu se répandre parmi les hommes et faire quantité de choses malsaines qui n’ont disparu qu’avec l’arrivée du Christ sur Terre et son sacrifice. »

Pour Jacques, les vaudouisants qui font des zombis sont des descendants de ces êtres maudits, et il les considère comme satanistes (une tradition dans la droite lignée des églises protestantes, principalement pentecôtistes, auxquelles Jacques Ravix n’appartient pourtant pas).

Extrait de "Zombis-Enquête sur les morts-vivants", de Philippe Charlier, publié chez Tallandier éditions, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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