De la COP 28 à la COP 29, les conférences sur le climat sont-elles utiles ?

Le réchauffement climatique est une réalité

Les incendies gigantesques au Canada, en Grèce pendant l’été 2023, les inondations également en Grèce mais dans de nombreux autres pays en témoignent. Personne ne nie que l’augmentation des températures est une réalité et la majorité des scientifiques et en particulier le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat- en anglais IPCC International Panel on Climate Change) attribuent ce changement à l’accroissement des émissions de gaz à effet de serra. Ces gaz diminuent la réflexion des rayons du soleil vers l’espace et contribuent à l’augmentation des températures.

Plusieurs scientifiques, Fourier en 1824, Tyndall en 1860, Arrhenius vers 1900 mettent en évidence l’accroissement des températures lorsque la concentration des gaz à effet de serre augmente. Les principaux gaz à effet de serre sont le gaz carbonique, le méthane et des composés azotés.

C’est vers 1970 que les préoccupations environnementales prennent de l’importance. Le premier sommet de la terre aura lieu à Stockholm en 1972 et donnera naissance au Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Les sommets de la Terre sont des rencontres organisées depuis tous les 10 ans depuis Elles sont dédiées au développement durable.

Les COP (Conférences des Parties)

Lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, un "partenariat mondial" de lutte contre le réchauffement de la planète est engagé.  A partir de 1995, chaque année une Conférence des Parties, réunissant dirigeants politiques et ONG, se tiendra pour accélérer la lutte contre le réchauffement climatique. Le protocole de Kyoto de 1997 (COP 3) est l’illustration de cette orientation vers une stratégie de réduction des gaz à effet de serre (GES).

La COP15 en 2009 à Copenhague, malgré la présence des plus hauts dirigeants, sera un échec, Etats Unis et Chine ne parvenant pas à un accord. Mais cet échec conduira sans doute au succès de la COP21 à Paris en décembre 2015 car l’approche sera différente : chaque pays annonce les efforts qu’il est disposé à faire pour réduire ses émissions. Cet accord, ratifié par 191 pays, juge inévitable une part du changement climatique, en dépit de tous les efforts réalisés pour diminuer les émissions de GES. Il fixe un objectif : maintenir la hausse du réchauffement climatique sous la limite des deux degrés (voire à 1,5 degré au-dessus du niveau préindustriel).

La 28e Conférence des Parties sur le Climat de l'ONU (COP28) s’est déroulée à Dubaï (Émirats arabes unis) du 30 novembre au 12 décembre 2023. Après de laborieuses négociations, un projet d’accord, appelant à une transition hors des énergies fossiles a été approuvé par les pays du monde entier. Ce texte appelle à abandonner les énergies fossiles dans le but d’atteindre la neutralité carbone en 2050. C’est la première fois dans l’histoire des conférences sur le climat des Nations unies que toutes les énergies fossiles sont reconnues comme largement responsables du changement climatique.

Huit ans après la signature de l’Accord de Paris sur le climat, la COP28 a tiré un premier bilan mondial des engagements pris par les États, fixé un nouveau cap dans l’action climatique des pays et tenter de limiter la hausse des températures à 1,5 °C. Des mesures d’aide financière aux pays en développement victimes du changement climatique ont été prises.

Les COP, utiles ou inutiles ? Beaucoup dénoncent des progrès insuffisants ou trop lents dans la lutte contre le changement climatique. Mais la possibilité chaque année de réunir tous les acteurs de l’environnement est une réussite. Près de 100 000 personnes étaient présentes à Dubai.

La transition énergétique

L’appel à une transition énergétique « hors des énergies fossiles » est une étape très importante. Mais le défi est immense.

Nos besoins en énergie sont couverts à 80 % par le charbon, le pétrole et le gaz naturel. En Chine et en Inde plus de 70 % des besoins en électricité sont couverts par le charbon. Le pétrole reste la source principale d’énergie pour le transport : essence et gazole pour les voitures, gazole pour les camions, kérosène pour les avions, fuel pour les navires. En outre les plastiques, autre source majeure de préoccupation environnementale, sont produits à partir de pétrole.

Remplacer ces sources d’énergie ne sera pas simple. Les énergies « décarbonées » n’émettant pas de gaz à effet de serre sont relativement nombreuses (surtout hydraulique, éolien, solaire et nucléaire) mais ne couvrent actuellement que 20 % des besoins.

Certes l’accroissement de la part du vent et du soleil dans le mix énergétique depuis 20 ans est impressionnant. Dans plusieurs pays, près de la moitié de l’électricité est désormais fournie par les énergies renouvelables (hydraulique, vent, soleil).

Mais les éoliennes et les panneaux solaires nécessitent des matières premières dont la disponibilité peut être limitée et l’extraction peut être source de pollution : acier aluminium, silicium, cuivre pour les panneaux solaires, acier, cobalt ou nickel, métaux de terres rares (néodyme, dysprosium, samarium) pour les éoliennes De même la voiture électrique, qui remplace la voiture thermique, consommatrice d’essence ou de gazole est équipée d’une batterie qui nécessite de nombreux métaux, en quantités très supérieures à celles requises par une voiture thermique.

L’éolien et le solaire nécessitent en outre des surfaces considérables. Il faudrait couvrir une partie importante du territoire d’éoliennes ou de panneaux solaires pour obtenir une fraction significative de notre électricité. Une centrale nucléaire nécessite 100 à 1000 fois moins d’espace qu’une ferme éolienne.

Hydraulique, éolien et solaire ne pourront pas couvrir l’ensemble de nos besoins. Le nucléaire peut permettre de faire face à une partie de notre consommation d’électricité. Mais les risques d’accident et le problème de la gestion des déchets heurtent une partie de la population. La relance du nucléaire nécessitera beaucoup de pédagogie et de communication.

En guise de conclusion

Les COP sont utiles. Des experts considèrent que sans les COP, l’augmentation de la température du globe prévue pour les prochaines années aurait été encore supérieure aux anticipations actuelles. La COP 28 a acté un début de sortie des fossiles. Mais leur remplacement par des énergies décarbonées reste un défi immense.