Daumier vu par Baudelaire : presque Goya !<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Daumier vu par Baudelaire : presque Goya !
©FRANCOIS GUILLOT / AFP

Atlantico Litterati

« Charles Baudelaire est l'image même du poète écorché vif. Non reconnu de son vivant, le poète en tira une profonde tristesse. Il sera ensuite acclamé par ses successeurs : "le vrai Dieu" selon Arthur Rimbaud, "le premier surréaliste" pour André Breton ou encore "le plus important des poètes" pour Paul Valéry.

Annick Geille

Annick Geille

Annick GEILLE est écrivain, critique littéraire et journaliste. Auteure de onze romans, dont "Un amour de Sagan" -publié jusqu’en Chine- autofiction qui relate  sa vie entre Françoise Sagan et  Bernard Frank, elle publia un essai sur  les métamorphoses des hommes après  le féminisme : « Le Nouvel Homme » (Lattès). Sélectionnée Goncourt et distinguée par le prix du Premier Roman pour « Portrait d’un amour coupable » (Grasset), elle obtint ensuite le "Prix Alfred Née" de l'Académie française pour « Une femme amoureuse » (Grasset/Le Livre de Poche).

Elle fonda et dirigea  vingt années durant divers hebdomadaires et mensuels pour le groupe « Hachette- Filipacchi- Media » - tels le mensuel Playboy-France, l’hebdomadaire Pariscope  et «  F Magazine, »- mensuel féministe racheté au groupe Servan-Schreiber, qu’Annick Geille reformula et dirigea cinq ans, aux côtés  de Robert Doisneau, qui réalisait toutes les photos. Après avoir travaillé trois ans au Figaro- Littéraire aux côtés d’Angelo Rinaldi, de l’Académie Française, elle dirigea "La Sélection des meilleurs livres de la période" pour le « Magazine des Livres », qui devint  Le Salon Littéraire en ligne-, tout en rédigeant chaque mois une critique littéraire pour le mensuel -papier "Service Littéraire".

Annick Geille  remet  depuis quelques années à Atlantico -premier quotidien en ligne de France-une chronique vouée à  la littérature et à ceux qui la font : «  Litterati ».

Voir la bio »

A l’occasion du bicentenaire de la naissance de l’auteur des Fleurs du Mal et du Spleen de Paris, de très nombreux livres sont publiés et de grandes expositions sont prévues - entre autres à Orsay en novembre 21 (www.musee-orsay.fr) et à la BNF de novembre 2021 à février 2022 ( les épreuves corrigées de Fleurs du Mal, la correspondance etc) . Antoine Compagnon, écrivain,docteur en littérature, qui prend cette année se retraite de professeur de Litterature au Collège de France,  est le grand spécialiste de Proust, Montaigne et… Baudelaire, dont on fête cette année le bicentenaire de la naissance. Dans son essai « Baudelaire l’irréductible » publié en 2014,  et qui sort en collection de Poche ces jours-ci ( Champs/Essais), Antoine Compagnon parvient  à faire sans doute le meilleur portrait  qui soit de l’auteur des Fleurs du Mal et du Spleen de Paris. 

Le portrait d’un homme ambigu, « partagé entre sa passion pour la modernité et son refus de celle-ci » . Charles Baudelaire avait par exemple une passion pour l’image- la photographie, la peinture, le dessin,  entre autres ; il vouait au caricaturiste Daumier une admiration sans bornes .Précisions.

« Daumier est non seulement un grand caricaturiste, mais aussi »un véritable artiste » dessinant comme les grands maîtres.Tous les traits de la louange semblent réunis car Daumier croque de mémoire, et donc avec imagination, comme le fera plus tard Guys, au lieu de copier ou d’imiter :  « il a une mémoire merveilleuse et quasi divine qui lui tient lieu de modèle(II,256). ( les passages soulignés sont de Charles Baudelaire ndlr).D’autre part, « son dessin est naturellement coloré » (….) « il fait deviner la couleur comme la pensée ( II, 557) ». C’est que, dessinant avec l’imagination, il suscite l’exercice de l’imagination chez le spectateur. Toutefois, s’ il s’approche parfois du comique absolu, il n’y atteint pas parce qu’il est sans rancune et sans fiel, et s’arrête avant de traiter des sujets « très beaux et très violents » qui pourraient blesser la conscience du genre humain ». Il ne va donc pas jusqu’au bout de la méchanceté de  l’homme, et « c’est ce fond d’honnêteté  et de bonhommie » qui l’empêche  de s’élever jusqu’à la férocité d’un Goya ».

Il appartient à la lignée moraliste d’un Molière, comparaison équivoque sous la plume de Baudelaire, ou même désobligeante.Certes 

Daumier partage avec Molière un langage direct, ce qui le distingue de Gaverni  et de Marivaux : « Comme lui, il va droit au but. L’idée se dégage d’emblée. On regarde, on a compris.Les légendes qu’on écrit au bas de ses dessins ne servent pas à grand chose.(II,556) »Molière incarne « la meilleure expression du comique significatif » (II, 537)

Copyright Antoine Compagnon/ Baudelaire l’irréductible/ Champs/Essais

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !