"Clemenceau" : texte lu par Eric Herson-Macarel<!-- --> | Atlantico.fr
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Si l’Allemagne avait eu un Clémenceau jamais elle n’aurait perdu la guerre.
Si l’Allemagne avait eu un Clémenceau jamais elle n’aurait perdu la guerre.
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Si l’Allemagne avait eu un Clémenceau jamais elle n’aurait perdu la guerre.

Robert Haehnel pour Culture-Tops

Robert Haehnel pour Culture-Tops

Robert Haehnel, après une carrière dédiée à la communication et aux médias, se consacre désormais à l’écriture. 

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THÈME

Michel Winock est le grand historien de la République en France. Depuis les années soixante, au travers d’une œuvre  vaste et riche, il a étudié dans toute ses aspects ce que fut le phénomène républicain dans notre pays, de ses origines  à ses évolutions, les crises auxquelles ce régime a fait face. Il était  légitime que Michel Winock rappelle  la vie et l’engagement de cet homme hors du commun à qui la République comme la France doivent tant, Clemenceau. Mais une question se posait. Les ouvrages concernant  celui que l’on surnommait « le Tigre » étaient  nombreux et pour la plupart bien documentés et de bonne tenue.  Alors que pouvait  apporter  Michel Winock ?

L’auteur donne sa  réponse. Notre  époque qui remet en cause certains des fondements de la  démocratie, la gauche qui traverse une crise existentielle au même titre que la droite classique, la guerre qui rôde à nouveau en Europe et les classes populaires désespérées, c’est  ce contexte qui fait l’actualité de Clémenceau. 

Au long de sa carrière politique, il dut affronter des crises qui peuvent être rapprochées de la situation actuelle de notre monde. Si son action put  à plusieurs reprises  sauver la République et ne l’oublions pas la France, le parcours qui fut le sien, il le doit à une qualité cardinale de sa personnalité, le courage, l’intransigeance lorsque le droit du peuple ou la patrie étaient en cause. Ses origines expliquent ce trait. Il est  « un vendéen bleu », race rare dans cette région marquée par le royalisme. Il  suivait en cela la tradition de sa famille à laquelle il fut toujours très attaché. C’était aussi une force de la nature, il sortit vainqueur d’une multitude de duels. A plus de 75 ans,  il partait chaque jour visiter les poilus dans leurs tranchées. La lâcheté et la mollesse l’insupportaient. L’homme politique était  aussi un journaliste prolixe et mordant. Son talent oratoire était des plus redoutables. Ses ennemis, il en eut de nombreux,  prétendaient  qu’il était un tueur, « par l’épée, la plume et la langue ».

Il  n’y a plus en France de « Grands Hommes ». Ce n’est pas un hasard si de Gaulle est redevenu la référence d’une classe politique  peu inspirée. Clémenceau fut sans conteste le « Grand Homme » de la IIIème République. Il entra en politique lors  de « l’année terrible » (1870/1871), Conseiller municipal de Paris, il défendit la cause du peuple et fut durant la Commune, du parti  des négociateurs. Républicain radical, il se battit afin que le pays sorte de sa gangue royaliste et devienne une authentique République.  Ce qui se concrétisa par la nouvelle constitution et les lois fondatrices d’une réelle démocratie, dans  les années quatre-vingt. Puis il s’opposa aux républicains  modérés  menés par Jules Ferry.  

Il sut affronter avec succès les grandes crises qui marquèrent l’histoire de la IIIème  République. La menace populiste  qu’ incarna le général Boulanger, l’affaire Dreyfus qui fractura le pays, au même  titre que l’application de la loi de séparation de l'Église et de l'État. En 1906, devenu ministre du Conseil, il fut confronté  à la montée d’une agitation sociale très violente. Les mesures énergiques qu’il prit contre la pègre lui valurent le titre de « Premier flic de France ». A la Chambre, il dut lutter à la fois contre la droite et un nouveau mouvement situé à sa gauche, le socialisme et la CGT. Il fut à nouveau ministre du Conseil en 1917, année où la France du fait de la montée du défaitisme faillit perdre la guerre. Grâce à son volontarisme, à sa popularité, il réussit à conduire la France à la victoire. Il fallut encore gagner la paix. La Conférence du traité de paix en 1919 vit  Clémenceau défendre avec une énergie sans faille les intérêts de la France.  A l’élection présidentielle de 1921, on lui préféra  Paul Deschanel, une forfaiture que cette  revanche des pacifistes menée par Briand . « Le Père la victoire » se retira dans sa « bicoque » vendéenne  jusqu’à sa mort. Quel plus grand hommage que celui d’un général allemand de  la Grande  Guerre, « Si l’Allemagne avait eu un Clémenceau jamais elle n’aurait perdu la guerre » !

POINTS FORTS

La biographie est  un art difficile que maîtrise  parfaitement Michel Winock.  Il allie à la fois la minutieuse relation des faits à une clarté qui ne se dément à aucun  moment. C’est aussi une œuvre qui présente toutes les  facettes du personnage. D’une certaine manière, elle  réhabilite le rôle de Clémenceau. Cet ouvrage, comme le voulait son auteur, constitue au regard des défis auxquels notre société est confrontée, un exemple à prendre en considération.

QUELQUES RÉSERVES

On peut parfois se sentir  un peu perdu par ce qui pourrait  être considéré comme un excès de détails.

ENCORE UN MOT...

Une biographie à la hauteur d'un « Grand homme ».

L'AUTEUR

Michle Winock est un historien français spécialiste de l’histoire de la République française, des mouvements intellectuels, de l'antisémitisme, du nationalisme et des mouvements d'extrême-droite en France. Professeur  à l'Institut d'études politiques de Paris, il mène, parallèlement, une carrière dans l'édition (revues Esprit et Histoire …). Auteur de nombreux ouvrages, Michel Winock est aujourd'hui l'un des historiens français les plus estimés. Il est notamment l’auteur du Siècle des intellectuels (1997), pour lequel il a reçu le prix Médicis 1997 dans la catégorie essai, des Voix de la liberté (2001), salué par l'Académie française, et de Madame de Staël, prix Goncourt de la biographie 2010.

LE LECTEUR
Eric Herson-Macarel  joue régulièrement au théâtre et au cinéma. Également actif dans le doublage, il est entre autres la voix française régulière de Daniel Craig et Robert Carlyle. Il a doublé également Bruce Willis à plusieurs reprises. Par ailleurs, il est narrateur de livres audio et de documentaires pour la télévision.

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