"La course des géants" de Mélodie Mourey : un pizzaïolo sur Apollo<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
La pièce "La course des géants" de Mélodie Mourey est à découvrir au Théâtre des béliers parisiens.
La pièce "La course des géants" de Mélodie Mourey est à découvrir au Théâtre des béliers parisiens.
©

Atlanti Culture

"La course des géants" de Mélodie Mourey est à découvrir au Théâtre des béliers parisiens.

Jean Ruhlmann pour Culture-Tops

Jean Ruhlmann pour Culture-Tops

Jean Ruhlmann d’abord professeur d’histoire en collège, est actuellement enseignant-chercheur en histoire contemporaine à l’université de Lille – Charles de Gaulle. Le théâtre est une passion qui remonte à sa découverte du Festival d’Avignon ; il s’intéresse également aux séries télévisées. Il est, avec Charles Edouard Aubry, co-animateur de la rubrique théâtre et membre du Comité Editorial de Culture-Tops.

Voir la bio »

"La course des géants" de Mélodie Mourey 

Mise en scène : Mélodie Mourey
Avec : Éric Chantelauze, Jordi Le Bolloc’h, Nicolas Lumbreras, Anne-Sophie Picard, Valentine Revel-Mouroz, Arnaud Texier.
Notre recommandation : EXCELLENT. 

INFOS & RÉSERVATION

Théâtre des Béliers parisiens
14bis, rue Sainte Isaure
75018 PARIS
01 42 62 35 00
Depuis le 9 juillet et jusqu’à l’automne, du mardi au samedi 21h00 et le dimanche 15h00.

THÈME

THÈME :

 • Le jeune Jack Mancini est un drôle de pizzaiolo : dealer à ses heures perdues pour les étudiants de la fac où se trouve le restaurant où sert, il a tout lu, et surtout tout assimilé des sciences qui touchent à l’espace.

• Un professeur de l’université voisine découvre par hasard son potentiel et s’efforce de lui ouvrir les portes de la Nasa et du programme Mercury (1958-63), bientôt suivis par Gemini puis Apollo.

• Mais les raisons qui poussent l’universitaire à agir de la sorte sont-elles si désintéressées ? De son côté, Franck est-il capable faire table rase de son passé chaotique pour s’intégrer au programme spatial au point de devenir astronaute pour la mission Apollo 13 ?

POINTS FORTS

• Mélodie Mourey construit son intrigue à partir de la devise de la NASA (cf. plus bas), et nous propose une relecture stimulante du fameux vol d’Apollo 13, notamment sous l’angle d’une guerre froide restée vivace. Cette dimension avait été abordée par l’écrivain Tom Wolfe puis par le cinéaste Philip Kaufman dans L’étoffe des héros (The Right Stuff, 1979/1984), puis largement évacuée dans le pourtant remarquable Apollo 13 de Ron Howard (1994), tiré du récit de la mission éponyme par l’un des astronautes (Jim Lovell).

• L’un des défis majeurs de la pièce était de pouvoir reconstituer de manière probante les différents lieux où se déroule l’intrigue : l’utilisation particulièrement judicieuse de l’arrière-scène permet la projection de décors nous faisant basculer rapidement d’une pizzeria miteuse au poste opérationnel d’une mission spatiale, pour mieux revenir au fond d’un bar glauque...

• L’autre problème consistait à faire interpréter une trentaine de rôles différents par une poignée de comédiens, et ce sans rupture ni chevauchements susceptibles d’égarer le spectateur. La “mission“ est parfaitement réussie, les divers récits et lieux s’agencent bien, les flash back ne sont pas déroutants, la souplesse et la rapidité d’exécution sont au rendez-vous.

• Le public, venu nombreux en plein été, y a été sensible, en applaudissant à tout rompre les acteurs et le spectacle proposé.

QUELQUES RÉSERVES

• Le « rêve américain » a manifestement encore de beaux jours devant lui, avec ce descendant d’immigrés italiens parti de rien et qui accomplit son destin dans un pays de tous les possibles, parvenant même à surmonter ses démons intérieurs. Cet aspect, même abordé de manière un peu critique, peut agacer à la longue.

• Les comédiennes ne donnent pas toujours suffisamment de consistance à leur(s) rôle(s), de sorte qu’elles se font un peu “dévorer“ par leurs homologues masculins, notamment Nicolas Lumbreras, qui focalise souvent l’attention et exploite son potentiel comique.

ENCORE UN MOT...

Per aspera ad astra (« Par les chemins difficiles, jusqu’aux étoiles » / devise de la NASA)

UNE PHRASE

Franck Mancini [citant Newton] : « Si j’ai pu voir plus loin, c’est que je me tenais sur les épaules de géants. »

Le patron de la pizzeria [exaspéré par les lubies astronautiques de son serveur] : « Tiens, va explorer la constellation de l’évier ! »

L'AUTEUR

• Diplômée de Sciences-Po Aix et en psychologie, Mélodie Mourey ne s’en est pas tenue là, puisqu’elle a également suivi un cursus d’art dramatique au conservatoire régional de Toulon puis intégré le Cours Simon.

• Journaliste pour la revue L’Éléphant, elle se montre soucieuse d’inscrire ses pièces dans l’histoire. Dans Les crapauds fous, son premier spectacle, elle fait le récit de deux résistants polonais ayant sauvé des milliers de vies pendant la Seconde Guerre mondiale, et la pièce récolte diverses nominations aux Molière 2019 ainsi qu’un succès public bien réel. La Course des géants est sa deuxième création.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !