"Akamasoa, Père Pedro, l'humanité par l'action" de Raffaly, Franco Clerc et Etienne Leong : amis fiables et sincères<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Raffaly, Franco Clerc et Etienne Leong ont publié "Akamasoa, Père Pedro, l'humanité par l'action" aux éditions Des Bulles dans l'Océan.
Raffaly, Franco Clerc et Etienne Leong ont publié "Akamasoa, Père Pedro, l'humanité par l'action" aux éditions Des Bulles dans l'Océan.
©

Atlanti Culture

Raffaly, Franco Clerc et Etienne Leong ont publié "Akamasoa, Père Pedro, l'humanité par l'action" aux éditions Des Bulles dans l'Océan.

Nicolas Autier pour Culture-Tops

Nicolas Autier pour Culture-Tops

Nicolas Autier est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
Voir la bio »

"Akamasoa, Père Pedro, l'humanité par l'action" de Raffaly, Franco Clerc et Etienne Leong

Ed. Des Bulles dans l’Océan - 64 pages - 15 €

Recommandation

En prioritéEn priorité

Thème

1989, Océan Indien, Madagascar, Antanarivo. Pedro, père lazariste en poste depuis 1975 dans le sud-est de l’île est nommé dans la capitale pour y diriger un séminaire. Il y découvre la décharge à ciel ouvert d’Andralanitra. Irrémédiablement frappé par les conditions de vie inhumaines de ses habitants, il décide que quelque chose doit être fait et qu’il en sera l’instrument.

Commence alors le combat d’une vie. Première étape : se faire accepter par les habitants de la décharge. Deuxième étape : favoriser le retour à la terre de certains d’entre eux. Troisième étape : donner à ceux qui restent à la décharge les moyens d’une vie digne. Cela commencera par « La Colline », carrière à ciel ouvert qui donnera à Akamasoa et ses habitants la matière première pour construire des maisons en dur sur la décharge, un métier pour ses habitants et une source de financement pour le projet.

Points forts

Akamasoa c’est bien sûr son personnage principal : le Père Pedro. On se sent forcément tout petit devant cette aventure plus grande que la vie et la foi en l’homme, en tous les hommes, de ce prêtre qui met sa vie au service des autres, armé d’une conviction inébranlable : au-delà de la prise en charge d’urgence, rendre leur dignité aux plus démunis passera par l’éducation et le travail. La force du message porté par l’ouvrage résonne d’autant plus que cette histoire est vraie, qu’elle se déroule en ce moment même encore, en 2021, où nous avons eu la chance de passer quelques heures en la présence du Père Pedro un soir de printemps….

Akamasoa, c’est également un dessin qui, s’il peut paraître naïf de prime abord, permet en fait de traiter avec beaucoup de pudeur et d’élégance le sujet de l’extrême pauvreté grâce à la clarté de son trait et à la lumière de sa mise en couleur. Ce faisant, il évite le piège de « l’esthétisation » de la misère et permet de resituer graphiquement le message du Père Pedro : celui d’un monde meilleur assis sur des notions telles que la politesse, l’éducation, le travail.

Akamasoa est aussi une belle opportunité de (re)découvrir Des Bulles Dans l’Océan (DBDO, éditeur-libraire indépendant basé à Saint-Denis de la Réunion), lancé il y a une dizaine d’années par Jean-Luc Schneider avec un double positionnement aussi courageux qu’original : promouvoir de jeunes auteurs en devenir et le patrimoine historique, culturel, religieux, social… de l’Océan Indien.

Akamasoa, c’est enfin un modèle économique à part dans la mesure où tous les fonds tirés de sa vente seront intégralement reversés à l’association des amis du Père Pedro pour financer de nouveaux projets.

Points faibles

Les adeptes du verre à moitié plein et du cynisme railleur pourraient taxer Akamasoa de déborder de bons sentiments et d’une certaine naïveté idéalisante dans la façon de présenter le combat du Père Pedro contre l’extrême pauvreté. Les autres, les enthousiastes, les optimistes, les sentimentaux, les humanistes verront dans Akamasoa, au-delà des convictions religieuses que chacun est libre de partager ou non, une grande bouffée d’oxygène, un formidable appel à croire en un « meilleur » possible et au refus de la fatalité.

En deux mots ...

Ou plutôt, en quelques chiffres : 26 ans de combat, 500 000 malgaches aidés, 3 000 maisons construites, 25 000 personnes habitant dans les villages Akamasoa, 12 162 enfants scolarisés dans les écoles de ces mêmes villages… Dans un pays qui compte parmi les plus pauvres de la planète, où 9 habitants sur 10 vivent avec moins de 1,5$ par jour, où près de la moitié des enfants de moins de 15 ans sont analphabètes alors qu’ils représentent 44% de la population, ces chiffres donnent une première mesure de l’ampleur de l’œuvre du Père Pedro et de ses bons amis.

Quand on y ajoute les centres d’accueil qui fournissent une aide d’urgence aux familles les plus pauvres ; les dispensaires qui donnent accès aux soins à tous ; les programmes de retour à la terre pour favoriser la resocialisation des plus démunis ; les structures d’éducation, de la crèche à l’Université en passant par la formation professionnelle ; les lieux de travail permettant à plus de 3 000 personnes de servir le projet Akamasoa tout en gagnant leur vie grâce à l’exercice d’une vraie profession ; la participation active à des programmes de reforestation de l’île… on reste sans voix devant tout ce qu’a réalisé ce prêtre hors norme qui réunit plus de 7 000 fidèles à la messe tous les dimanches.

Une illustration

L'auteur

Autodidacte, ancien dessinateur textile et décorateur de gâteaux, Rafally est depuis 2003 un des dessinateurs et scénaristes du principal journal satirique de Madagascar, Ngah!? Il dessine également de nombreuses séries BD dont les plus populaires Saka mainty et Itala. En 2017-2018, il réalise la série Ch@peau Noir, aux éditions Des Bulles Dans l’Océan, sur un scenario de Nary.

Malgache, titulaire d’un diplôme d'études supérieures en Tourisme et Hôtellerie, passé par l'École Nationale d'Enseignement Maritime, Damy Franco Clerc décide de se consacrer au cinéma et à la BD, art dans lequel il prend le temps de se perfectionner tout en enchainant des petits boulots. Consultant privé pour la conception et réalisation d'outils de communication visuelle, il enseigne aussi le dessin et les arts plastiques. En 2008, Il fonde avec d’autres dessinateurs de BD l'association Tantsary pour la promotion de la BD et des arts visuels à Madagascar ainsi que pour soutenir et professionnaliser les jeunes talents.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !