Triche, dopage et exhibition de "tribus sauvages" : plongée dans les Jeux olympiques de Saint-Louis en 1904<!-- --> | Atlantico.fr
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Les Jeux olympiques de 1904 ont été qualifiés de "mascarade" par Pierre de Coubertin.
Les Jeux olympiques de 1904 ont été qualifiés de "mascarade" par Pierre de Coubertin.
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Jeux de la honte

Les JO de Tokyo ont beau être loin des standards habituels, ils n'atteignent pas le niveau de grand n'importe quoi des JO de 1904.

Les Jeux olympiques de Tokyo 2020, perturbés par la pandémie de coronavirus, sont parfois qualifiés de Jeux de l'étrange, entre les compétitions à huis-clos, le fait que des athlètes n'aient pas pu faire le déplacement du fait de l'épidémie, ou de l'interdiction qui leur est faite de s'aventurer hors du village olympique. Sans compter la réticence des Japonais, qui auraient bien souhaité que les jeux soient purement et simplement annulés. Mais sur le podium des jeux les plus bizarres, Tokyo 2020 est détrôné par la troisième olympiade, qui s'est tenue à Saint-Louis en 1904.

Le journal Libération s'est replongé dans les archives de cette époque dans un article qui montre pourquoi ces JO de la honte font tâche dans l'histoire olympique. 

Ces jeux se sont tenus du 1er juillet au 23 novembre 1904 à Saint-Louis, dans le Missouri, au grand dam du comité olympique qui avait désigné la ville de Chicago. Les tensions causées par la guerre russo-japonaise et la difficulté de se rendre à Saint-Louis en 1904 peuvent avoir contribué au fait que très peu d'athlètes de haut niveau en dehors des États-Unis et du Canada ont participé à ces Jeux. Seuls 62 des 651 athlètes qui ont concouru venaient de l'extérieur de l'Amérique du Nord, et seules 12 à 15 nations étaient représentées en tout. Résultat : au tableau des médailles, les Etats-Unis ont décroché la première place avec 242 breloques, loin devant les Allemands, deuxième avec 13 médailles.

Certaines de ces médailles ont été obtenues de manière assez étrange. Libération cite le cas de Georges Eyser, un gymnaste local, qui en a gagné six le même jour une jambe gauche en bois, "dont notamment le saut de cheval où il faut littéralement passer au-dessus d’un équidé sans l’aide du moindre tremplin".  Autres étrangetés : "les épreuves de natation ont eu lieu dans un lac asymétrique et le 400 mètres en athlétisme se court à treize sur une piste sans couloirs. Un champion olympique de boxe est appréhendé pour avoir utilisé un nom d’emprunt", écrit Libération. Le marathon est aussi entré dans les annales : le vainqueur ayant été pris en autostop et déposé devant la ligne d'arrivée, sa médaille a été attribuée au second, qui venait de se doper sur le bord de la route... Autre époque.

La palme de la honte revient aux "Jeux olympiques des sauvages" organisés cette année-là. Une démonstration pseudo-scientifique, appelée de façon grandiose "Journées d'anthropologie", a été organisée. Des Amérindiens et des "membres de tribus ethniques" d'Afrique, d'Asie du Sud-Est, du Moyen-Orient et d'Amérique du Sud ont été envoyés à Saint-Louis et mis en compétition entre eux et avec des athlètes blancs dans des épreuves d'athlétisme, dans le but de démontrer la supériorité biologique des Blancs sur les autres races. "Un Pygmée africain a couru le 100 mètres dans un temps qui pourrait être battu par n’importe quel écolier américain de 12 ans, c’est dire", écrit le rapport de ces jeux. Dans ses mémoires publiées en 1931, Pierre de Coubertin, créateur des Jeux olympiques modernes, écrira : "Cette mascarade se dépouillera naturellement de ses oripeaux lorsque ces Noirs, ces Rouges, ces Jaunes apprendront à courir, sauter, lanceront et laisseront les Blancs derrière eux."

Libération

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