Les enfants dépriment de plus en plus, Marianne refuse de changer de sexe; en matière de souveraineté, le CAC40 fait mieux que les politiques ; Macron déjeune copieusement, Sarko met le bazar à droite, Ferrand creuse son souterrain vers Matignon<!-- --> | Atlantico.fr
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Revue de presse des hebdos.
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Marianne - 23L'Obs - 23L'Express - 23Le Point - 23

Revue de presse des hebdos

Dans vos hebdos cette semaine, on attend beaucoup des médecins : soigner les trans, redonner le moral aux enfants, alors que le RN s'oppose à réguler leur installation. L'Express constate le déclin de l'empire russe, mais a trouvé un nouveau leader pour le monde, et c'est une femme.

Alice Maindron

Alice Maindron

Alice Maindron a enseigné la philosophie à vos chères têtes blondes, et a sévi dans le conseil et la formation. 

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Marianne refuse de transitionner

Pourquoi le militantisme trans, qui fait de la transphobie le "nouveau combat progressiste", parvient-il à rendre "le climat social inflammable," se demande Marianne, qui résume la question des trans telle qu'elle se pose aujourd'hui d'un titre lapidaire : "l'offensive identitaire" ? A sa lecture, on se demande surtout si on peut raisonner à partir d'une exception, d'une minorité : Seul 0,3% d'adultes seraient concernés par le phénomène de la transidentité. L'ennui, c'est que la vice-présidente de l'association Trans-santé France, utilise elle aussi cet argument pour rassurer quant à son combat : la polémique autour des hommes enceints du Planning Familial, les cas de dé-transition ultra-minoritaires, "ces cas sont infinitésimaux, et pourtant nous en faisons une généralité." Les coupables de cette situation ? Les journalistes, des militantes féministes qui "nous assimilent à ces chevaux de Troie en expliquant que nous nous introduirions chez les femmes pour imposer le masculinisme et le machisme."

Cette souffrance de ceux qui sont "nés dans le mauvais corps," nous touche en tant que souffrance, mais aussi nous inquiète car "ce n'est pas le genre comme construction sociale qui est remis en cause par ce mouvement, mais bien le sexe biologique permettant de distinguer des individus mâles et femelles." L'hebdo nous invite à lire Zygmunt Bauman, qui explique que "les identités mouvantes entrent en résonance avec la dérégulation économique et les individus sont sommés de s'adapter sans aucune des protections nécessaires pour que cela leur soit supportable." Pour Marianne, "le débat est d'autant plus nécessaire, pourtant, qu'il touche à un des rares éléments de stabilité dans un monde de dérégulation généralisé."

On se retourne vers "la science" pour trancher l'insoluble la question de l'âme et du corps, et on attend aujourd'hui de la Haute Autorité de Santé de nouvelles recommandations médicales pour la prise en charge des transgenres. Mais l'hebdo en dénonce par avance la qualité scientifique : "la plupart des experts sollicités adhèrent majoritairement aux thèses des mouvements transactivistes." Sa crainte est partagée par de nombreux psys : "en tant que médecins, nous ne devons pas nous tromper de souffrance dans la demande de soins. Nous devons faire attention aux dommages irréversibles causés par certains traitements," affirme une psychiatre, dont un confrère souligne que "la particularité de l'adolescence, c'est l'évolutivité." Pas de hâte, donc, pour traiter les mineurs par des bloqueurs hormonaux de puberté qui peuvent pourtant être prescrits dès l'âge de 15 ans. Pas sans risques, car "leur impact est en partie irréversible," disait en septembre 2022 la HAS, à tel point que la Suède a fait marche arrière dans ce domaine, ce que réfute la militante interviewée…

Prudence : 11% des "dysphoriques de genre" sont porteurs de troubles du spectre autistique alors qu'ils représentent moins de 1% de la population, nous apprend l'hebdo. Sans doute par mauvaise compréhension des conventions sociales, et de "forts problèmes sensoriels : la puberté peut être extrêmement mal vécue" par cette population. 

Les enfants dépriment et ne dorment plus

L'Obs s'inquiète de l'explosion des troubles psychiques chez les enfants et les adolescents : la prescription de médicaments psychotropes explose dans leurs classes d'âge. +62% pour les antidépresseurs, +155% pour les hypnotiques et sédatifs depuis 2014. "Nos enfants seraient-ils trop shootés, ou en réalité mieux diagnostiqués ? Faut-il s'inquiéter de ces chiffres ?"  se demande-t-il, alors que les experts sont divisés quant à la mise sous traitement d'une population si jeune. Ils sont unanimes : pas de traitement au détriment d'une psychothérapie, qui reste le traitement de référence. Mais la pédopsychiatrie est aussi sinistrée que la psychiatrie, et les psys se font de plus en plus rares. La pandémie a agi comme un révélateur de cette souffrance, plus que comme une cause en elle-même, que l'hebdo situe plus du côté des réseaux sociaux, du harcèlement scolaire, de la pression trop forte des injonctions à la réussite scolaire, et au contexte climatique et international. "Les politiques peinent à prendre la mesure de ce mal-être générationnel," et l'hebdo dénonce le report des conclusions des Assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant. Il déplore aussi la légèreté des mesures contre le harcèlement scolaire. L'Express souligne quant à lui le retard français en la matière, qui concerne pourtant entre 800 000 et un million d'élèves chaque année, soit 6 à 10% des effectifs. Avec des adultes dans le même état dépressif, on se demande bien comment on va pouvoir s'en sortir…

Il y a encore des génies français

Alors pour se remonter le moral, direction le nouveau palmarès du Point, celui des inventeurs français : l'hebdo nous présente 100 équipes de pointe "dont les découvertes vont changer notre vie."  Biotech, cybersécurité, medtch, IA, les domaines où ces "pépites iconoclastes" ont su innover sont vastes. Quand on sait que les lauréats de l'an dernier ont décroché le Nobel de physique, on n'hésite pas à lui faire confiance. 

Sur le front de l'Est : un empire en déclin, des alliés qui hésitent, une contre-offensive qui inquiète le Point.

Les hebdos tournent en boucle ces dernières semaines, en matière de pronostics : la future guerre à Taïwan, les futures têtes de liste aux Européennes, le futur effondrement de la Russie. Rien de bien nouveau sous le soleil cette semaine, si ce n'est une extrait du dossier de l'Express sur la Russie. Il ouvre les yeux sur la mosaïque de peuples que représente la Russie d'aujourd'hui, même après l'indépendance des républiques du Caucase et d'Asie Centrale : 21 républiques, 2 districts autonomes. On a l'impression de relire l'Hélène Carrère d'Encausse de la fin des années 80, avec un niveau de détail supplémentaire. Ce n'est pas pour rien que le Parlement de Bruxelles a accueilli en début d'année le Forum des peuples libres de Russie : "depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, ce collectif appelle à la dislocation et à la "décolonisation" de l'empire." L'hebdo nous précise que "l'invasion de l'Ukraine a popularisé une relecture de l'histoire russe et soviétique comme celle d'une colonisation par Moscou des territoires de Sibérie, du Caucase et de l'Asie centrale." Pour l'instant, les républiques sont rivées à Moscou grâce à la manne pétrolière, mais selon un historien d'origine russe, "ce pays n'a rien d'une fédération. C'est un empire en déclin, qui finira par s'effondrer." Alors prenons les paris : "premier candidat, le Caucase," mais la Sibérie extrême-orientale, l'ancienne Mandchourie chinoise, on connaît une "colonisation informelle," par l'économie, qui pourrait fort bien faire l'objet d'une récupération par la Chine. L'hebdo souligne à raison que l'invasion de l'Ukraine légitimerait les prétentions chinoises à retrouver une intégrité territoriale… En tout cas, on apprend que l'Europe n'a pas encore joué toutes ses cartes contre Poutine : elle pourrait renoncer à guider les navires russes qui passent par la Baltique pour approvisionner l'Inde en pétrole. Les pilotes danois du détroit de l'Oresund se sont justement proposés de faire très opportunément grève au début de la guerre…

Le Point explique les tâtonnements de l'Union européenne quant à ses rapports avec l'Ukraine : si "les États membres et L'UE ont dépensé 61,7 milliard d'euros en Ukraine depuis le début du conflit," des dissensus parmi les 27 se font jour quant à une possible adhésion de l'Ukraine. Celle-ci met déjà à mal la politique agricole commune : les pays d'Europe centrale luttent contre la concurrence des produits agricoles ukrainiens, "qui compromettent l'hypothèse de l'ouverture de certains pans du marché unique européen aux produits ukrainiens." 

Plus encore, l'hebdo explique que la Hongrie "ne veut plus en entendre parler aujourd'hui." Pas plus que d'une adhésion à l'OTAN, puisque selon Orban, "il n'y aurait aucune victoire pour les Ukrainiens sur le champ de bataille. Il faut regarder la réalité, le fait que l'OTAN ne va pas envoyer de troupes." Il rejoint en ce sens les États-Unis et l'Allemagne. Le mag est aussi pessimiste quant à la contre-offensive ukrainienne, en cours, et en fait un "moment de vérité" aussi sur le plan militaire. Il insiste sur la résistance des forces russes, qui témoignerait d'un changement de tactique russe. Ses drones et avions parviennent mieux à échapper à la défense contre-aérienne ukrainienne, mais des changements se font aussi sentir au sol : "désormais les Russes se battent jusqu'au bout avec une réelle détermination," selon un officier ukrainien. C'est à la fin du bal qu'on paie les musiciens…

Mia Mottley, la femme à suivre

La Première Ministre de la Barbade est la personnalité qui monte : l'Obs comme l'Express en dressent le portrait à l'occasion de l'ouverture prochaine à Paris du Sommet pour un nouveau pacte financier. Elle a séduit nombre de dirigeants internationaux, dont Macron, avec son appel à une réforme internationale pour aider les pays les plus vulnérables face à la crise climatique. L'Obs en résume le but : "faire face au défi du siècle sans choisir entre la lutte contre la pauvreté et celle pour le climat." Selon l'Express, elle veut "moderniser les règles de la Banque mondiale et du FMI en impliquant le secteur privé afin de libérer les capitaux qui donneront de l'oxygène aux pays asphyxiés par le surendettement, la récession post-Covid et l'inflation liée à la guerre en Ukraine." Comme sa compatriote Rihanna, elle fait bouger les lignes, propose d'augmenter les prêts de développement à taux bas, de créer un Fonds mondial d'atténuation des effets du changement climatique. Les deux hebdos témoignent qu'on la verrait bien prendre le poste de secrétaire général de l'ONU en 2026, tant son charisme est fort. Pour l'Express, elle "appartient d'évidence à une espèce rare : celle des leaders naturels."

Au service de la souveraineté : bon point pour des géants du CAC40, mauvais point pour Le Guen

Alors que Macron vient seulement de se convertir à la reconquête de la maîtrise de notre appareil productif, un cabinet d'intelligence économique évalue l'apport des sociétés du CAC 40 à la souveraineté française, nous rapporte l'Express. L'innovation technologique, la puissance économique (le rang mondial de l'entreprise sur une activité, sa capacité d'investissement, ses parts de marché international), la contribution au rayonnement de la France, l'indépendance vis-à-vis de puissances étrangères, mais aussi la vitalité économique des territoires et la solidarité nationale lui ont permis d'élaborer un classement original. Sur le podium, le secteur de la défense, avec Safran et Thalès. Entre les deux, le groupe Bouygues, "un modèle d'indépendance sur le plan de la gouvernance et du capital," selon le cabinet Vélite. Orange est quatrième : comme Bouygues, tous ses dirigeants clés sont français. En revanche, l'hebdo questionne les modalités de mise en œuvre de la stratégie de l'Etat : il s'inquiète pour STMicroelectronics, dont l'aide publique historique de 2,9 milliards d'euros pour la construction d'une usine de semi-conducteurs dans l'Isère ira en majorité à… son partenaire américain dans l'opération : "plus de la moitié de cette manne d'argent public va financer la chaîne de fabrication, et les intérêts, d'un groupe étranger."

La Russie pour Fillon, la Chine pour Jean-Marie Le Guen : l'Obs épingle l'ancien secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement de Hollande, en sa qualité "d'administrateur en France de Huawei, le puissant et très contesté géant chinois des télécoms dans le monde, que plusieurs capitales occidentales suspectent d'espionnage pour le compte de Pékin." Le Guen joue en effet au Monsieur Bonsoffices, facilite l'implantation de la première usine de production de la marque en Europe, ce qui selon l'hebdo préoccupe les services de renseignements européens tant il révèle "la "captation des élites" par des entreprises liées à des régimes autoritaires bafouant les droits de l'homme." 

L'ancien Patron des jeunesses socialistes, pro-Taiwan par le passé, a tout-à-coup présidé le groupe d'amitié parlementaire franco-chinois… Ce qu'une sinologue commente : "ceux qui occupent ce poste sont à minima des courtisans, au pire des personnalités sous influence."

Le Point cherche un nouvel ennemi pour Marine Le Pen 

Le Point s'inquiète pour Marine : selon lui, l'absence de Macron à la présidentielle de 2027 l'affaiblirait. "Ce "champion du mondialisme," avec qui la tête de file nationaliste a ,6 ans durant, entretenu un savant duel comme on danserait un tango. La voilà, non sans mal, contrainte de continuer en solo." Macron lui aura été bien utile, en installant l'opposition entre "mondialistes et nationalistes," à la place du clivage gauche-droite. "Parfait négatif l'un de l'autre, les deux responsables politiques ont pu à de multiples reprises réduire l'échiquier politique à leur parfaite opposition," explique le mag.

En attendant, le mouvement tâche de séduire le monde de l'entreprise, de défricher de nouveaux sujets, mais à la sauce RN, les députés se sont emparés du wokisme et de l'écologie punitive… Pour l'hebdo, "le tournant identitaire et droitier adopté par Jordan Bardella" fonctionne auprès des électeurs de Zemmour et de Pécresse, selon un sondage de l'Ifop, qui néanmoins relativise cette progression : "la structuration politique est en cours. Elle va devoir affronter des adversaires qui ne seront pas lui et qui vont jouer le renouvellement... Cela peut être un point de fragilité."

L'opération séduction est bien en route, pourtant. Marianne nous l'explique à propos du rejet par l'Assemblée nationale de la régulation de l'installation des médecins. Pas d'obligation d'aller peupler les déserts médicaux, et en cela le RN a pris le pli des autres partis : "dès qu'il s'agit des professionnels de santé, en particulier des médecins libéraux, le politique est atteint de frilosité chronique," dénonce l'hebdo. Les quelques députés de la majorité et de LR qui ont soutenu le texte "vivent plutôt dans des endroits sous médicalisés." Et tous les députés RN présents se sont opposés au vote, Ce qu'un député Renaissance analyse comme "une stratégie de notabilisation. Vu qu'ils ont déjà un socle populaire, ceux qu'ils essaient de convaincre, c'est précisément les médecins, les professions libérales, les notables. C'est très malin."

Vis ma vie d'ex

L'Express nous raconte une semaine dans la vie de Nicolas Sarkozy, et entre autres une rencontre avec Emmanuel Macron où il plaide un accord entre LR et la majorité, accord dont on ne sait pas s'il serait de gouvernement… Il aurait vendu Christine Lagarde à Matignon, et quêté un maroquin pour Franck Louvrier, son ancien communicant. Sans doute pas du goût de Pradié, dont l'Obs nous apprend qu'il souhaite un Big Bang de la droite, "ce qui s'est toujours fait dans l'histoire politique contemporaine après des échecs électoraux." Alors quand à propos de l'état du pays Sarko affirme que "ne pas participer aux tentatives de redressement, c'est être acteur du délitement," quand on sait grâce à l'Express que l'ex… confond sa droite et sa gauche (il a épinglé la Légion d'honneur de l'animateur Arthur du mauvais côté), on se demande…

Ça défile à la table de Macron

Dans le Point, on apprend que Macron a déjeuné avec Edouard Philippe, et que le chef de l'Etat aurait émis l'idée de lui proposer Matignon. " ce à quoi l’intéressé, qui prépare la prochaine présidentielle, ne semble pas favorable. Le président est-il allé jusqu’à proposer le Quai d’Orsay, pour mieux éloigner de la scène nationale celui qui aspire à lui succéder ?", commente, perfide, le magazine. 

On apprend dans l'Express que deux jours plus tard, c'est Elisabeth Borne qui lui succédait, et un ministre l'a trouvée particulièrement enjouée à la sortie de l'Elysée : "je me suis dit qu’elle avait reçu des assurances. Mais je me suis renseigné, il semblerait que le sujet de son avenir à Matignon n’ait pas été abordé ce jour-là entre le président et la cheffe du gouvernement." Un pronostic ?

Le même canard qualifie Richard Ferrand de "valeur refuge" pour Macron. Si l'ex-président de l'Assemblée nationale dit ne pas faire campagne pour Matignon, il est pourtant partout, et "d’autres la font pour lui, qu’ils soient députés, ministres, ou anciens de l’Elysée. Certains comptent à tout prix éviter que la droite s’installe à nouveau à la tête de la majorité ; d’autres estiment que l’ancien président de l’Assemblée nationale, expérimenté et respecté, est le plus indiqué pour parler le même langage que les oppositions." Et l'Express de nous rapporter une petite phrase de l'intéressé : "Il faudra vraiment de très bons arguments pour me convaincre, mais ce n’est pas complètement écarté." 

Le chiffre de la semaine on le trouve dans l'Express, qui consacre un article à la quête de sens au travail. "31% des salariés estiment avoir reçu des conseils clairs de leur manager en tête-à-tête, quand ils sont 81% à avoir besoin d'aide pour hiérarchiser leurs tâches quotidiennes" dit une étude mondiale, réalisée par Microsoft. On va peut-être lever le nez de nos tableaux Excel…

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