Union européenne : les Français lui donnent 5,7/20 en matière d'efficacité dans ses principaux domaines de compétence

A cinquante jour des élections européennes, les Français ont de moins en moins foi en cette Union. Pour preuve, un sondage réalisé par Harris Interractive, Valeurs actuelles et l’Institut Montaigne, publié ce jeudi dans Valeurs actuelles, avait demandé aux Français de noter sur 20 l’action de l’UE. La note globale est sans appel : 5,7/20 seulement pour l’efficacité du système dans ses principaux domaines de compétences. L’immigration fait le plus mauvais score avec 4,6/20, suivie de l’emploi (5/20), de la croissance (5,6/20), de la politique budgétaire (6,5/20) et enfin de la politique agricole (6,8/20). "C’est un jugement extrêmement violent contre l’Europe, commente Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique-opinion de Harris Interactive. Même les plus jeunes et les catégories les plus aisées sont désormais très majoritairement critiques à l’encontre de l’Europe. On notera d’ailleurs que le domaine le moins mal noté, la politique agricole, est aussi celui qui a le moins d’incidences sur la vie quotidienne de la plupart des Français."

Si les électeurs du FN (3/20) et ceux du Front de Gauche (4,5/20) sont bien sûr les plus mécontents de l’Europe, on remarque que même ceux du PS (7,2/20), de l’UMP (6,5/20) et du Modem (6,1/20) se montre plus eurosceptiques qu’avant. "Cette évolution en profondeur au sein de l’électorat centriste démontre combien l’Europe a déçu, y compris ses plus fidèles supporters, analyse Jean-Daniel Lévy. Même chez eux, il n’y a plus, aujourd’hui, d’idéal européen, en tout cas dans son mode de fonctionnement actuel." Seuls les partisans d’EELV maintiennent une ligne relativement "europiste". Ils sont les plus indulgents dans chaque catégorie avec une note globale de 7,9/20.

A la question, "Qu’est ce que l’Europe doit faire pour améliorer son fonctionnement", tous les partis se rejoignent dans les grandes lignes. A deux exceptions près. La première est la référence aux racines chrétiennes, massivement rejetée par la gauche. 16 % des électeurs PS sont pour, tandis que seulement respectivement 11% et 6% des électeurs du Front de gauche et de EELV l’approuvent. La droite, en revanche, penche majoritairement pour : 60% chez les électeurs UMP et 66% chez ceux du FN.  Seconde exception : la position "d’adopter un système de gouvernance concentré autour du couple franco-allemand”. Là encore, la gauche est contre : 45% d’approbation chez les électeurs du Front de gauche, 48% chez ceux d’ELLV tandis que la note globale tous partis confondus se situe à 67% d’approbation. La droite est largement pour (80% de oui chez les UMPistes).

Pour le reste, tous les électorats confondus sont très majoritairement favorables à l’adoption d’“une politique énergétique commune” (80 %, et jusqu’à 84 % au Front de gauche). Il en va de même pour la mise en place d’“une politique augmentant les taxes sur les produits venant de l’extérieur de l’Union européenne” (75 % et jusqu’à 83 % à l’UMP). Pour Jean-Daniel Lévy, c’est la preuve que, "si l’onde de choc de l’élargissement de 2004 et de la crise grecque, à l’origine de la bascule de l’opinion, fait plus que jamais sentir ses effets, il existe encore un espoir, à droite comme à gauche, pour une Europe moins technocratique et plus politique ; une Europe qui agit".