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Scandale de la vidéo sexiste : les femmes auront-elles raison de Trump ?
©Reuters

Complications

Il n'aura pas fallu longtemps pour que les conséquences de la vidéo de Donald Trump réalisée en 2005 et dans laquelle il tient des propos particulièrement sexistes et choquants se fassent sentir, aussi bien dans le camp d'Hillary que du côté des Républicains. Une bien mauvaise nouvelle pour le candidat républicain à la Maison Blanche dont les scores s'effondrent déjà de jour en jour dans les sondages. Mais il n'a pas dit son dernier mot...

Jean-Eric Branaa

Jean-Eric Branaa

Jean-Eric Branaa est spécialiste des Etats-Unis et maître de conférences à l’université Assas-Paris II. Il est chercheur au centre Thucydide. Son dernier livre s'intitule Géopolitique des Etats-Unis (Puf, 2022).

Il est également l'auteur de Hillary, une présidente des Etats-Unis (Eyrolles, 2015), Qui veut la peau du Parti républicain ? L’incroyable Donald Trump (Passy, 2016), Trumpland, portrait d'une Amérique divisée (Privat, 2017),  1968: Quand l'Amérique gronde (Privat, 2018), Et s’il gagnait encore ? (VA éditions, 2018), Joe Biden : le 3e mandat de Barack Obama (VA éditions, 2019) et la biographie de Joe Biden (Nouveau Monde, 2020). 

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Un ouragan s’est abattu sur la campagne Trump avec la publication d’une vidéo dans laquelle il tient des propos particulièrement sexistes. C’est une vidéo réalisée en 2005, une conversation enregistrée avec un journaliste pourtant de son bord politique –c’est un parent avec la famille Bush, Billy Bush–, qui a mis le feu aux poudres. Les propos tenus sont crus, sexistes et sans filtre : une vraie conversation digne d’une soirée entre mecs dans l’arrière-fond d’un café un samedi soir.

La déflagration a été immédiate dans le contexte de tension extrême dans laquelle se trouve la campagne actuellement : cela fait dix jours que Donald Trump dévisse dans les sondages et qu’il est attaqué de tous les côtés, que les désistements se multiplient autour de lui, et que les journaux qui prennent position contre lui sont de plus en plus nombreux. Tout cela à deux jours à peine du second débat face à Hillary Clinton et à à peine un mois de l’élection.

Hillary Clinton en a d’ailleurs rajouté une couche par un tweet assassin : "Quelle horreur. On ne peut pas laisser un homme pareil devenir président !"

Paul Ryan, le président de la Chambre des députés américaine, qui devait enfin se montrer aux côtés de Donald Trump ce samedi a aussitôt fait marche arrière, "atterré par ce qu’il a entendu dans la vidéo". A son instar, des dizaines d’élus républicains, à travers tout le pays, ont fait part de leur indignation. L’affaire s’est enflammée tellement vite que personne en France ne connaissait encore la nouvelle alors que l’on ne parlait plus que de cela aux Etats-Unis : avant même que la plupart des Français ne se réveillent ce samedi matin et n’apprennent la nouvelle, Billy Bush avait déjà effacé son compte Twitter, espérant échapper au harcèlement sur les réseau sociaux qui se sont déchainés aux Etats-Unis.

Des excuses !

Quelle affaire ! Mais le plus étonnant était encore à venir : car on n’aurait jamais cru vivre ce moment : Donald Trump a aussitôt publié une vidéo avec ses excuses.

L’homme aux multiples outrances, qui n’a jamais eu peur des mots et du mal qu’il peut commettre à travers eux a reculé ! C’est pourtant bien un pilier de sa communication et de sa réussite qui repose sur sa volonté de fer et sur celle d’assumer chacun de ses actes et chacune de ses paroles : c’est ainsi qu’il a forgé petit à petit l’image de l’homme fort, au caractère bien trempé, de celui qui ne recule pas, qui n’a pas peur d’affronter l’adversité ; en un mot : un homme courageux.

Mais, cette fois-ci, difficile d’esquiver l’attaque : la présentation qu’il fait des femmes dans cette vidéo n’est pas simplement teintée de machisme testostéroné : les propos sont vulgaires et prétendent dépeindre une situation générale : la vénalité des femmes, leur stupidité face au statut social de l’homme dont elles acceptent les faveurs, ou les gestes déplacés puisque c’est en réalité de cela dont il s’agit : "Tu es riche et puissant ? Tu couches sans problème avec qui tu veux," explique Trump dans la vidéo.

L’arrogance et le mépris de l’homme transparaissent trop fortement dans ces propos et dans le ton employé pour que de simples excuses soient suffisantes pour effacer l’effet détestable. Le maigre acquis de Donald Trump auprès des femmes (il avait encore ce matin un soutien de 38% d’entre elles), risque de fondre comme neige au soleil.

Les plus conservateurs sont montés au créneau, tel Ted Cruz qui, après avoir apporté son soutien au milliardaire voici trois semaines a écrit qu’il condamnait ces propos : "Chaque épouse, mère ou fille –chaque personne en réalité– a droit au respect", a-t-il écrit sur Twitter. C’est bien sur cette idée de respect que l’affaire risque de s’étendre : dans cette vidéo, Trump décrit une relation avec une actrice alors que, au moment où la vidéo a été tournée, il était jeune marié avec Mélania. Encore un coup violent dans l’idée de famille, si chère aux Américains !

Des menaces !

Mais Donald Trump, même fortement attaqué et peut-être déstabilisé n’en reste pourtant pas moins une bête politique et médiatique incontrôlable.

N’importe lequel des politiciens américains aurait été définitivement mis hors de nuire avec une telle publication : en 1988, le jeune et prometteur Gary Hart devait quitter la campagne et toutes ses prétentions pour avoir passer la nuit avec un top modèle qui n’était pas sa femme… Les modèles ont-ils tant changé ? La vidéo d’excuses de Donald Trump est certainement apparue come une nécessité à son équipe de campagne, qui a espéré qu’il suffirait alors de faire le dos rond et d’attendre que passe l’orage.

Trump est d’une autre trempe : tel un taureau dans l’arène, Trump cherche l’attaquant et propose l’offensive. La fin de sa vidéo est ainsi stupéfiante : "Bien sûr j’ai fait des choses pas bien… bien sûr, comme d’autres… bien sûr je ne suis pas parfait : mais les mots ne sont rien face aux actes : Bill Clinton a abusé d’une toute jeune fille et Hillary Clinton l’a menacé, elle et les témoins. On en parle dimanche !"

Il n’y avait pas besoin de teasing pour assurer le succès du débat de dimanche soir mais, avec une telle annonce, le record de téléspectateurs risque d’exploser. On n’est plus dans la politique depuis très longtemps !

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